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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 11 décembre 2017

Editorial – PES n° 39


UE fracturée, son  pilier allemand fissuré

Au-delà du bruit médiatique agitant le landernau français autour des figures de d’Ormesson et de Johny, illustrations, certes différentes, d’une génération qui s’éteint, celle de l’après-guerre et du baby-boom desdites 30 Glorieuses, le monde d’aujourd’hui craque, tout particulièrement en Europe. L’improbable consensus autour de l’Europe néolibérale austéritaire connaît, dans ses fondations, des fractures que l’on peut penser irréparables : son pilier allemand désormais se fissure.

Les élections d’octobre ont permis l’entrée inattendue de l’extrême droite au Bundestag (94 députés sur 709) et l’effondrement relatif de la grande coalition SPD/conservateurs. Le SPD avait fait le choix de s’opposer à Merkel pour tenter de reconquérir un électorat populaire désabusé. Mal lui en prit. Quant à Mutty Merkel, affaiblie, elle qui croyait encore se maintenir dans une nouvelle coalition avec les Verts et les Libéraux eurosceptiques, a depuis, déchanté. Alors, gouvernement minoritaire ou de nouveau avec le SPD en perdition ? Toutes les tractations en cours révèlent les divisions des castes régnantes, leur désarroi idéologique, leur incapacité à rétablir un nouveau consensus : la CSU bavaroise entonne les propos xénophobes de l’AFD, les Verts, effondrés, sont effarés par le choix du charbon d’abord et Schulz se renierait (prêt à se rallier ?), tout en entonnant le chant fédéraliste macronien. Rien ne va plus ! Le score belge d’un pays sans gouvernement sera-t-il battu ? De nouvelles élections, au risque d’une possible aggravation de la crise politique avec la montée des extrêmes libéraux et des xénophobes ?

Cette fin de l’ère Merkel exprime, dans la confusion idéologique, le rejet des politiques d’austérité, de paupérisation, de déshérence des services publics sur fond de montée de xénophobie. Mais il y a peut-être pire, la possible absorption des banques allemandes (Commerz Bank et Deutsche Bank), ces 2 éclopées de la crise de 2007-2008. Quant à la BCE, désolée, face à l’impuissance de sa politique de stimulation par le crédit, sans effet sur l’économie réelle, elle s’inquiète. L’abondance du capital fictif (les fameuses « liquidités ») pourrait bien provoquer une nouvelle crise financière.

Faute de leadership, l’UE est aux abois, enferrée qu’elle est dans le Brexit, la fragilité du gouvernement anglais confronté aux velléités de l’Ecosse, voire de la City de Londres, de rester dans le marché européen. Et c’est sans compter avec les rebondissements en Catalogne, en Autriche où le nouveau chancelier s’apprête à gouverner avec l’extrême-droite raciste.

A l’Est, que ce soit avec la Hongrie nationaliste et anti-immigrés, la Pologne réactionnaire et liberticide… les contradictions s’accumulent. Et comme si de rien n’était,  l’Euro-groupe, cette caste des ministres des finances, s’apprête à désigner son nouveau président. Lui qui a étranglé la Grèce dans la plus grande opacité, lui qui n’a de comptes à rendre à personne, lui qui prône avec la Commission la poursuite de la fuite en avant (accords de libre-échange tous azimuts, Canada, Mercosur, Vietnam…) et les coupes sombres dans le budget étriqué de l’UE : 10 à 20% de moins pour le fonds de cohésion et pour la Politique Agricole Commune.

Bref, la maison européenne, tant vantée, est mal en point. Et ce n’est pas l’énergumène Trump, le durcissement possible des conflits en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique qui vont la consolider. Pour le malheur des peuples, inconscients ou sidérés, les politiques guerrières semblent avoir de l’avenir.


GD le 6.12.2017