Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 16 décembre 2017


Ce 16 décembre 2018, rassemblement en soutien des exilés et migrants
face à la politique de rejet du gouvernement Macron, et au-delà, de l'Europe forteresse prête à tout arrangement inacceptable pour "contenir" celles et ceux qui cherchent refuge, 
au mépris des Droits de l'Homme.
Ce rassemblement a eu lieu à Champagney (Haute-Saône), devant la maison de la Négritude.
 Gérard Deneux est intervenu au nom des Amis de l'Emancipation Sociale, 


  
Nous sommes aujourd'hui, ici, pour que l’on ne puisse pas dire demain
que l’on ne savait pas
ce qui se passait hier et aujourd’hui, ici et ailleurs

La Maison de la Négritude de Champagney témoigne de l’irréparable,
de cette tache indélébile de la mise en esclavage.
Elle est aussi le symbole que la liberté défie toujours les pires oppressions.
Ces nègres que l’on disait marrons, se révoltaient, fuyaient la répression
pour constituer des communautés précaires de liberté.
Pourchassés, repris, enchaînés, par leurs complaintes, encore, ils résistaient.
Ce passé qui ne passe pas, plus jamais cela, disait-on,
et pourtant il revient
et sous d’autres formes, le marronnage est de retour en ces temps. 

Nous sommes aujourd’hui, ici, pour que l’on ne puisse pas dire demain
que l’on ne savait pas
ce qui se passait hier et aujourd’hui, ici et ailleurs

En ces temps de guerres, de misères, d’inégalités galopantes,
de politiques de ventes d’armes, d’accaparement de terres,
Des hommes, des femmes, des enfants sont des errants,
à la recherche d’un refuge qu’on leur refuse.
Ils sont frappés, torturés, mis en esclavage en Libye
Mais, jamais, leur énergie ne s’use
Parvenus à Calais, aujourd’hui, lorsqu’ils dorment à terre,
on les chasse à coups de gaz lacrymogènes,
leurs piètres biens conduits à la décharge.
D’autres, cloîtrés dans des hébergements où leur avenir est limité
persistent à espérer, confortés par la solidarité d’une trop étroite minorité.

Nous sommes aujourd’hui, ici, pour que l’on ne puisse pas dire demain
que l’on ne savait pas
ce qui se passait hier et aujourd’hui, ici et ailleurs

Ceux de Navenne et d’Echenoz, venus d’ailleurs,
du Tchad, du Soudan, de l’Erythrée, de Guinée et d’ailleurs,
sont comme leurs ancêtres,
des nègres marrons à la recherche d’une communauté de liberté.
Et l’on voudrait que l’on ne sache pas le pourquoi du comment.
Pourquoi ces guerres d’invasion, d’interventions en Irak, en Libye ?
Pourquoi hier Saddam Hussein, ami de la France ?
Pourquoi hier Ben Ali encensé, Kadhafi reçu en grandes pompes à l’Elysée ?
Et demain peut-être, Bachar Al Assad, le boucher, réhabilité ?
Comment l’accaparement des matières premières, des terres en Afrique
par les multinationales, les Villegrain, Bolloré… réduisent les paysans à la misère ?
Et l’on voudrait que l’on ne sache rien
des pires liaisons troubles, corruptrices, des chefs d’Etats occidentaux
avec ces tristes sires, ces dictateurs corrompus, instrumentalisés
du Tchad, du Mali et d’ailleurs.

Nous sommes aujourd’hui, ici, pour que l’on ne puisse pas dire demain
que l’on ne savait pas
ce qui se passait hier et aujourd’hui, ici et ailleurs

Ceux qui nous gouvernent voudraient que l’on reste indifférent,
Mais, peut-on l’être vis-à-vis des « dublinés »,
menacés d’être renvoyés en Italie, pour être expulsés ?
Peut-on ignorer, rester indifférent face à la circulaire Collomb/Macron ?
Cette volonté, venue d’en haut, cette volonté d’intrusion
dans les centres d’hébergement,
qui veut obliger les ONG, du Secours Catholique, d’Emmaüs, de la Cimade…
les obliger à la délation
et, ainsi, mieux expulser ceux qu’ils jugent indésirables,
les contraignant ainsi à la rue, aux squats, à l’errance

Aujourd’hui, ici, nous devons refuser le retour de l’irréparable,
Le retour des nègres marrons.
Ces étrangers, ces Africains venus d’ailleurs
pour trouver refuge, ici,
qui veulent vivre, ici
Il est de notre devoir d’être avec eux activement solidaires
face aux menaces réelles qui pèsent sur eux.



Gérard Deneux, AES, le 16 décembre 2017 à Champagney