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Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 5 novembre 2017

Dans l’attente de(s) la prochaine(s) crise(s) ?

La crise financière de 2007-2008 s’est muée en crise d’endettement des Etats qui, elle-même, porte désormais atteinte à l’homogénéité des castes régnantes dans différents pays. L’Union européenne, avec le Brexit et la montée des mouvements nationalistes et d’extrême droite, en est affectée. Au-delà de la concurrence fiscale et sociale qui dresse les Etats les uns contre les autres, force est de constater que peu de leçons ont été tirées de « l’exubérante » domination de la finance. Pire, les quelques règles émises pour la contenir sont en passe d’être démantelées. Revenir sur ce qui s’est passé pendant cette période critique permet de pointer, qu’aujourd’hui, c’est pire qu’hier. Des bulles financières sont prêtes à éclater dans un contexte où les marges des différents gouvernements sont de plus en plus restreintes. En outre, nombre d’entre eux mettent en place des politiques qui renforcent encore les risques potentiels, tout en développant, comme en France, des illusions propagandistes qui sont autant d’impostures idéologiques.

Peu de leçons, pour ne pas dire aucune, n’ont été tirées de la crise

Un rappel tout d’abord. C’est l’excès de titrisation, autrement dit de camouflage de la spéculation financière immobilière aux USA avec la complicité des banques privées du monde entier ou presque, qui est à l’origine de cette crise. Les banques ont en effet formé des paquets de crédits en mixant des subprimes avec des crédits de meilleure qualité, puis en les découpant selon le pari de rendements plus élevés. Les établissements financiers s’en sont gavés. Les agences de notation, engoncées dans des conflits d’intérêts juteux, n’ont pas hésité à tromper les gogos en attribuant des « triple A » à des crédits à risques. Quand la fête à l’arnaque prit fin, lorsque les ménages étatsuniens, achetant leur résidence à crédit alors qu’ils n’étaient guère solvables, furent expulsés de leurs logements, et que les banques rachetant leurs biens pour les revendre ne trouvèrent plus de clients, la bulle immobilière éclata et se propagea à l’ensemble des pays capitalistes centraux. Et Sarko d’avouer (1) : « certains patrons de la finance se croyaient à la tête d’entreprises plus puissantes que les Etats mais c’est aux Etats qu’ils ont demandé de l’argent pour éviter l’effondrement du système bancaire et avec lui de l’économie mondiale ». La solution trouvée fut d’injecter du capital fictif (2) pour renflouer celui devenu fictif ! En effet, les banques ne disposaient pas de capitaux propres en face des crédits distribués, elles n’osaient plus se prêter entre elles (crise dite interbancaire) quand d’autres s‘effondraient ou étaient nationalisées ou encore étaient rachetées à vil prix.. Ce fut le cas, notamment, de nombreuses banques britanniques et de Dexia (sauvetage pour 6,4 milliards d’euros supportés par la France et la Belgique). Au total, l’Etat fédéral US a injecté 245 000 milliards de dollars pour consolider les banques. Quant aux amendes versées pour filouterie, elles se chiffrent à 200 milliards. En 2016, leurs profits, après suppression d’emplois et sortie d’actifs douteux dans des banques dites de défaisance (banques pourries qui les accumulent dans l’attente de les revendre…), se portent à merveille : 91 milliards. Les Etats de l’Union Européenne ont soutenu le secteur financier de 2008 à 2011 à hauteur de 1 600 milliards d’euros.

La dette des Etats s’est donc envolée. Et les banques centrales sont venues à leur secours en … rachetant leurs dettes, du moins celles des Etats les plus riches (pas la Grèce, ni l’Espagne...), en espérant les revendre sur le marché de l’occasion, dit marché secondaire (voir plus loin). Ce capital fictif circulant, il faudra bien qu’il se réalise. La solution trouvée fut bien évidemment l’austérité, la baisse des salaires directs et indirects (retraites, prestations sociales), la vente d’actifs (privatisations). En outre, l’injection de liquidités (toujours du capital fictif), par les banques centrales, a mécaniquement baissé le loyer de l’argent (les intérêts) qui ne trouvaient pas à s’investir réellement. Les Etats en furent quelque peu soulagés (taux d’intérêts plus faibles) d’autant que la BCE notamment s’acharnait à interdire aux banques privées de déposer leurs excès de liquidités dans sa caisse, en leur imposant des taux négatifs dans l’espoir que lesdites banques investissent dans l’économie réelle. Ce ne fut guère le cas… Et donc, de se retourner vers les Etats et de glapir comme Jean-Claude Trichet(3) : « Le risque est que les gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités notamment en soutien de l’investissement et de lutte contre les inégalités ». Que n’avait-il dit, lui, le maître de l’orthodoxie libérale, du marché roi s’autorégulant,  en promouvant un interventionnisme dirigiste à des Etats qui s’acharnent à rembourser leurs créanciers privés (France : stock de 2 100 milliards de dettes) tout en soulignant les risques politiques de l’austérité…

Certes, quelques freins à l’exubérance de la finance ont été installés. Ainsi, aux USA, depuis 2011, les courtiers de prêts résidentiels ne peuvent plus être rémunérés en fonction des taux pratiqués (usure). Certes, les banques ont été mises dans l’obligation (insuffisante) de disposer de fonds propres. Certes des stress-tests (bien timides) ont été mis en œuvre pour évaluer la résistance des banques en cas de « choc de grande ampleur », prétextant que la prochaine fois ce ne devrait plus être le contribuable ou le salarié qui paie la facture… Mais il n’y a pas eu de véritable séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires. L’argent des ménages est toujours utilisé principalement à des fins spéculatives… Bref, la finance rentière n’a pas été « euthanasiée » (pour citer Keynes) et le FMI, qui n’a rien vu venir, de faire son mea culpa tardivement : il plaide désormais pour une « croissance inclusive », remet en cause les effets prétendument bénéfiques de la libéralisation financière et la capacité des marchés à s’autoréguler, voire la priorité de la réduction des déficits budgétaires, après avoir étranglé la Grèce avec la BCE et les ministres des finances de l’UE (la fameuse Troïka mortifère). Et pourtant, ce ne furent pas les alertes qui manquèrent dans le concert soporifique des économistes libéraux : Maurice Allais (1999) « L’économie mondiale repose sur une pyramide de dettes ». C’est une « menace d’effondrement général ». En 2000, Robert Shciller dénonce « l’exubérance irrationnelle de la finance ». En 2006, Paul Jorion publie « Vers la crise du capitalisme américain » (ed. la Découverte) et la même année Nouriel Roubini (docteur en économie), en pleine conférence du FMI, déclare « la bulle immobilière va éclater ». On lui rit au nez, on le surnomme Dr Déprime ou Dr Catastrophe… Bref, nombre d’économistes dits hétérodoxes ne furent pas entendus.

Et maintenant, c’est pire qu’avant

Les banques privées dans leur ensemble, après fusion et absorption, sont toujours plus grosses, la finance toujours plus insatiable. Les Etats sont toujours au chevet de celles qui sont avariées, pour les sauver, et nombre de banquiers se sont reconvertis dans la finance de l’ombre, opaque et non réglementée. Les inégalités deviennent « abyssales » : 8 personnes disposent d’un patrimoine équivalent à la « richesse » de la moitié de l’humanité la moins riche. Telle est la conséquence des politiques d’austérité, de privatisations, d’uberisation et de la logique dite de compétitivité, du moins disant social, fiscal et environnemental.

Malgré les révélations fournies par des journalistes d’investigation (Panama Papers), les paradis fiscaux disposent toujours de filiales des banques privées, des grandes entreprises et de fonds financiers. Seuls les particuliers semblent poursuivis pour rapatrier leurs fonds qui échappaient à l’impôt. La baisse du pouvoir d’achat provoque le recours encore plus intense au crédit. L’endettement des ménages dans nombre de pays devient problématique. Enfin, les quelques freins à la spéculation sont en train de sauter, «la prochaine crise peut intervenir n’importe quand et n’importe où » « tant les facteurs de fragilité sont nombreux » (Paul Jorion) et notamment :

o   Les faibles digues mises en place vont sauter : Trump veut revenir sur la loi Dodd-Frank votée en 2010 qui restreint, en partie, l’octroi inconsidéré de crédits aux banques. Il entend également supprimer la règle Volcker qui interdit aux banques de spéculer pour leur propre compte et ne plus les soumettre aux stress-tests. La Commission européenne et le Parlement cherchent à relancer la titrisation dite « simple, transparente et standard ». L’oligarchie financière organise un intense lobbying à cet effet. Elle est insatiable, toujours animée par la croyance dans le dieu Marché dont l’oracle se résume à cette équation : politique anti-inflationniste pour ne pas rogner la rente (les dividendes) + marché du travail flexible (exploitation du travail renforcée) + ouverture des marchés (disparition des normes et des droits de douanes =  équilibre des prix + taux de chômage nécessaire – NAIRU - (7%).
o   La finance de l’ombre : « En 10 ans, les pratiques des banques ont changé, des pans entiers de leurs activités ont basculé dans les fonds spéculatifs » (Aurélien Borde, cabinet Conseil SA Partners-New York). Le Shadow Banking est peut-être le candidat le plus « sérieux » à la prochaine crise : ce sont d’anciens banquiers, pour la plupart, qui ont ouvert des fonds dits d’investissement et autres start-up de la finance. Les milliardaires aux rémunérations stratosphériques ne sont soumis à aucune régulation. Le poids des sommes dont ils disposent est considérable (92 000 milliards de dollars), elles représentent les 2/3 de la gestion dite d’actifs (assurance, fonds de pension) soit 150 % du PIB mondial !
o   L’effet levier ou le rachat par endettement. Il permet de mettre la main sur les entreprises en difficulté. Après les avoir renflouées artificiellement (compression d’effectifs), elles sont démantelées et revendues. Il en va de même pour la valorisation artificielle des actions.
o   Les algorithmes. Les traders sont de plus en plus remplacés par des modes de calcul informatiques qui procèdent automatiquement, à des fins spéculatives, à des ordres d’achat et de vente. Ce courtage à haute fréquence à la microseconde est porteur de « flash crash » soudains et incontrôlables.
o   Le spectre du krach boursier hante Wall Street (4). Les promesses de Trump ont fait souffler un vent d’euphorie à la Bourse. Dopée déjà par un dollar faible, la spéculation bat son plein. L’indice Dow Jones (équivalent du CAC 40 en France), après une baisse relative en 2008, connaît une hausse vertigineuse. La crise, connais pas. De 2596 points en 1987, il a été multiplié par presque 9 (29 157 points en novembre 2017).

« Tant que je gagne je joue » et si je perds on me renfloue, telle semble être la devise des flibustiers de la finance, d’autant que l’ère de l’argent facile pourrait connaître une fin. La FED a réduit ses rachats de dettes publiques et… privées et s’apprête à tenter de revendre les titres pourris qu’elle a accumulés pendant la crise. La BCE s’apprête à suivre le même chemin.

Les maillons faibles qui peuvent céder

Il ne s’agit pas ci-après d’une analyse des différents pays pouvant être les premiers affectés par la crise mais plutôt d’une illustration de la gravité de la situation qui caractérise certains d’entre eux et non des moindres.

Aux USA, la dette des ménages est de 12 730 milliards de dollars, soit 50 milliards de plus qu’en 2008, lors de la faillite de Lehmann Brother. Plus de 17% des consommateurs sont susceptibles de faire défaut, face à leurs dettes. Il ne s’agit plus seulement de crédits immobiliers mais surtout de cartes de crédit multiples, de prêts automobiles et de prêts étudiants ; ces derniers ont doublé en 10 ans (1 300 milliards de dollars). Précisons que les frais universitaires ont augmenté de plus de 106 % de 1987 à 2010 et depuis… ça continue.

L’Italie tente toujours de sauver Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca. Elle vient d’injecter à cet effet 17 milliards d’euros, le 25 juin ; quelques mois plus tôt, c’est la plus vieille banque du monde gangrenée par des créances douteuses (Montei dei Paschi di Siena) qui a été renflouée. La dette de l’Etat équivaut à 130 % du PIB. L’Italie c’est 10 fois la Grèce, c’est un pays divisé entre le Nord industriel et le Sud rural beaucoup plus pauvre,  qui « absorbe » dans des conditions lamentables une part considérable (avec la Grèce) des migrants et ce, en l’absence de véritable solidarité européenne. Alors, maillon faible de l'Europe ?

La Chine. Elle est dopée à l’hyper-endettement (257% du PIB). Des pans entiers de l’économie connaissent une surcapacité de production mais elle dispose d’un épais surplus d’épargne. Toutefois, comme le Japon, elle ne dépend pas de créanciers étrangers. La classe régnante qui se confond avec la classe dominante (PCC – parti du Capitalisme d’Etat chinois !) veille au grain : lutte contre l’évasion des capitaux chinois, contre la corruption, et en définitive, pour l’essentiel, c’est l’Etat qui prête à l’Etat, ce qui minimise les risques ; toutefois, à terme, la stagnation guette, d’où la volonté d’actionner l’impérialisme économique et de damer le pion aux Etats-Unis. Les conflits à venir pourraient bien être d’ordre politique, voire guerrier (Corée du nord/domination asiatique voire mondiale). En fait le risque de crise est partout, y compris dans des pays fragiles (Chypre, Irlande) ou dans les pays du sud, comme l’Argentine, dont l’Etat paie des intérêts d’emprunts au taux moyen de 7,9%.

Et Macron dans tout ça ? (5)

L’ancien banquier d’affaires, cette créature issue du hollandisme, est aujourd’hui, le président de l’oligarchie. Il est le produit de l’avortement de l’alternance gauche-droite. Donc, ni de droite, ni de gauche. Sous les oripeaux de l’efficacité et de la modernité, il se propose d’intensifier les politiques qui ont échoué depuis 30 ans, soit la « défiscalisation déboutonnée du capital, combinée à la démolition des protections juridiques du travail ». Il est l’homme de la crise économique qui s’annonce, il se veut le meilleur élève de l’aveuglement général de la classe régnante.

La défiscalisation du capital s’accélère : les actions, obligations des grandes fortunes (ISF) ne seront plus ponctionnées. L’impôt sur les revenus du capital, sera désormais forfaitaire (flat tax) ce qui génèrera un manque à gagner de 4,5 milliards d’euros pour l’Etat. Raison invoquée : « On n’a pas suffisamment de capitaux pour financer la croissance de nos entreprises ». Ainsi, les plus de 3 milliards, au titre de l’ISF, seraient libérés pour l’investissement ! Vaste blague : l’écrasante majorité de ces actions et obligations qui étaient ponctionnées, est issue du marché secondaire. Ce sont donc des actions qui ont déjà été émises et ont été rachetées à des fins spéculatives. La défiscalisation constitue par conséquent une pure aubaine. Au mieux, analyse Frédéric Lordon, sur les plus de 3 milliards « libérés » de l’ISF, 9 millions iront vers les entreprises font les rendements sont les plus lucratifs ; elles sont d’ailleurs de moins en moins nombreuses. Il s’agit, de fait, d’un mouvement général : en 2014, 12,5 milliards ont été injectés dans la production, on en est à 10 milliards en 2015. Quant à la vente et à l’achat d’actions entre financiers, sans rien produire, elles représentent 3 300 milliards ( !).

Autres boniments propagandistes : pourquoi y a-t-il du chômage ? Parce que « les salariés sont trop protégés », ce sont des « fainéants », des « tricheurs », des « égoïstes » qui protègent leur statut. Ainsi, les incrustés dans l’emploi, les chômeurs non « flexibles », de victimes deviennent coupables. Les solutions : précariser davantage les salariés, recourir aux temps partiels contraints, aux jobs à 2€ de l’heure et contrôler les chômeurs, tout en baissant leurs indemnités ou en raccourcissant le temps d’indemnisation. Efficace ? La baisse du salaire direct et indirect, ce fameux « coût du travail », va-t-elle relancer la croissance ? L’OCDE reconnaît que ça n’a aucun effet sur la baisse du chômage. Et les macroniens et autres néo-libéraux de prétendre que « faciliter les licenciements, faciliterait les embauches ». Et le conseil d’analyse économique de rétorquer qu’ «il n’y a pas de corrélations démontrées entre le niveau de protection de l’emploi et le chômage ». Alors ? Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée, chien de garde du macronisme, a vendu la mèche pédagogique de la pensée dite complexe de son maître : l’essentiel est de « savoir si les Français sont effectivement convaincus que mieux vaut des travailleurs pauvres que des chômeurs bien indemnisés ». Autrement dit, l’exploitation renforcée des travailleurs ne peut que renforcer le capitalisme actionnarial, rien ne compte que les dividendes ! Le hic c’est que la compression des salaires censure les projets d’investissement non rentables à court terme et réduit dans le même temps les carnets de commande. Bref, la « pensée complexe » n’est qu’une « colossale imposture idéologique ». Le pari pour le coup irrationnel de Macron est cette fuite en avant verbale dans l’Europe fédérale qui protégerait, alors même que son moteur est la concurrence tous azimuts y compris dans le moins-disant fiscal et social. En jouant dans la cour des grands, il pourrait reprendre à son compte ce rêve ubuesque de Sarko : « C’est le G 20 qui devrait être chargé de la politique économique et financière mondiale… et en décidant à la majorité et non à l’unanimité ». Vieux rêve de gouvernance mondiale des classes régnantes tout aussi divisées que les classes dominantes qu’elles servent, où l’orgie libérale se conjugue avec l’anorexie démocratique. Au-delà des contradictions qui minent le système, entre capitaux concurrents, entre capitalisme financier et capitalisme industriel et commercial, et au-delà de l’impossible synthèse que tentent les classes régnantes vis-à-vis des classes dominantes, surgissent les conséquences délétères des politiques menées. Outre la surexploitation programmée par la finance débridée, il y a comme son apparent contraire, la montée des nationalismes xénophobes, les guerres, les migrations et le délabrement de l’écosystème.

« Au 19ème siècle, se débarrasser du capitalisme était une question de justice sociale, c’est aujourd’hui une question de survie » (Paul Jorion). Malgré la réalité qu’ils vivent, la prise de conscience des salariés, et d’abord de ceux qui n’ont rien à perdre que leurs chaînes, retarde sur les défis qu’il faut affronter.

Gérard Deneux le 24.10.2017        

(1)   Interview de Sarkozy, le Monde du 5 juillet 2017
(2)   Le capital est dit fictif lorsqu’il ne se réalise pas dans les cycles de production. De fait, il ponctionne indirectement du capital industriel et commercial dans la répartition de la plus-value (profit) afin de se réaliser dans la vente des produits.
(3)   Président de la BCE de 2003 à 2011
(4)   Le Monde du 20 octobre 2017
(5)   Les arguments qui suivent sont empruntés à l’article de Frédéric Lordon « Le service de la classe » du 3.10.2017 - blog du Monde Diplomatique

Sources : le Monde (série du 4 au 8 juillet sur la crise 2007-2017), blog du Monde Diplomatique, la pompe à phynance
Pour en savoir plus, lire  Se débarrasser du capitalisme est une question de survie de Paul Jorion –ed. Fayard



Sauf une exception, les rapaces de la crise de 2008 vivent des jours tranquilles

Dick FULD. PDG de Lehmann Brother, « l’homme le plus haï d’Amérique ». Après la faillite de la banque, il a empoché 500 millions de dollars. Il a fondé, en 2016, la société de gestion de fortune Matrix Partners

Angelo MOZILO. PDG de sociétés de prêts hypothécaires, pionnier des subprimes, il évite la prison contre une amende de 67,5 millions de dollars. A 79 ans, père peinard, il vit dans sa luxueuse résidence à Santa Barbara (Californie)

Kathleen CORBET. PDG de l’agence de notation Standard and Poor’s, de 2004 à 2007. Elle accorde des « triple A » aux produits toxiques. Accusée d’avoir trompé les « investisseurs », son agence est condamnée à une amende de 1,5 milliards de dollars. Reconvertie, à 57 ans, dans différents CA, elle a créé son propre fonds spéculatif.

Jimmy CAYNE. PDG de Bear Stearns, banque d’affaires gangrenée par les subprimes. Faillite. Rachetée par la Banque JP Morgan pour 2 dollars l’action, qui en valait 130 en octobre 2007. Cayne, surnommé « le pire PDG de tous les temps » bénéficie d’une retraite paisible ; à 83 ans, il s’adonne à son passe-temps favori, le golf.

John PAULSON fonde un fonds spéculatif en 1994 (Paulson et Cie), parie sur l’effondrement des subprimes, empoche 3,7 milliards de dollars. Soutient Trump dont il est l’un des plus proches conseillers.

Fred GOLDWIN. Ancien patron de la Royal Bank of Scotland, 1er établissement bancaire au monde au cœur de la faillite, nationalisé à 72%. A 56 ans, coule des jours paisibles, entouré de ses luxueuses voitures de collection   

Adam APPLEGARTH.  PDG de Northern Rock, banque britannique au Coeur de la faillite bancaire. Faillite. Aujourd’hui, conseiller du fonds spéculatif US Pine Brook

Andy HORNBY. Dirigeant de Halifax Bank of Scotland, sauvée par l’Etat en 2008. Aujourd’hui, dirige une société de paris, britannique

Sean FITZPATRICK. 69 ans. Ancien patron d’Anglo Irish Bank. Faillite. A raflé dans la caisse des dizaines de millions d’euros. Lors de son procès a été blanchi… faute de preuves…

Bernie MADOFF. Ancien patron du Nasdaq (équivalent du CAC 40). Dirigeant un fonds spéculatif de 6,5 milliards de dollars, proposait des rendements mirobolants (pyramide de Ponzi) à de très riches milliardaires qui ne lui pardonnèrent pas d’être un escroc de haut vol. Seul condamné à … 150 ans de prison. A 79 ans, derrière les barreaux, il distille des conseils lucratifs à ses codétenus ( !)