Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 5 novembre 2017



Ci-dessous l'édito du n° 38 de PES

Le « sang impur », la gangrène et la colère

Le 23 octobre dernier, Al Sissi, le Pinochet égyptien, était reçu en grande pompe à l’Elysée avec toute sa cohorte de ministres affairistes. Vis-à-vis de ce despote en treillis qui a transformé le printemps arabe de ce pays en tombeau des droits de l’Homme, il n’était pas question pour le petit Jupiter de lui « donner des leçons, hors contexte ».

Sûr que la répression sanglante des Frères Musulmans, soutenus par les princes du Qatar mais honnis par les amis d’Al Sissi pétro-monarques d’Arabie Saoudite, a provoqué l’émergence de djihadistes-terroristes, confortant ainsi l’idée consensuelle qu’il faut abreuver les sables du Sinaï et du désert libyen du « sang impur ». Pas si sûr qu’il faille armer ce dictateur pour qu’il intervienne dans le chaos libyen, provoqué notamment par Sarko. Aider l’ex-kadhafiste, le colonel Haftar, contre son adversaire imposé par ladite communauté internationale, c’est ajouter la guerre à la guerre. Ce qui est certain, en revanche, pour l’industrie de la mort, c’est que plus il y a de guerres et de répressions, plus elle est prospère.

Et qu’importe ce « hors contexte », ces 14 000 tués lors des manifestations, ces 60 000 prisonniers politiques, syndicalistes, associatifs, journalistes, homosexuels. Qu’importe qu’ils soient torturés avant d’être condamnés à mort (500 peines prononcées, 81 exécutées). Ce n’est que du « sang impur » pour les gradés et les juges égyptiens ! Macron s’est réjoui de serrer les mains ensanglantées d’Al Sissi, lui assurant les moyens de massacrer et de tuer encore plus. C’est qu’il en va du rang de la France, 4ème exportateur d’armes dans le monde. Les promesses de livraisons doivent être tenues : 6 milliards d’euros de porte-hélicoptères, d’avions Rafale, de missiles et autres munitions, ça fait le bonheur de Dassault, Safran, Thales, Nexter… et des emplois : 200 000 salariés, plus que dans l’industrie automobile ! Jean-Yves Le Drian, l’excellent VRP socialo, est le symbole de la continuité assurée. De Balladur en passant par Chirac, Sarko, Hollande, avec Macron, la gangrène peut prospérer : commissions, rétro-commissions occultes et autres corruptions riment toujours avec le sang versé. Et qu’importe les alliés et ennemis d’hier et d’aujourd’hui. Des Exocet pour couler des navires anglais aux Malouines, livrés au dictateur argentin, les mêmes aux mains de Saddam Hussein contre les mollahs iraniens, toute l’armada guerrière pour l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, pour bombarder au Yémen civils, écoles et hôpitaux…

Qu’importe la colère des ONG des droits de l’Homme. Pour les cyniques qui nous gouvernent, ce ne sont là que glapissements « hors contexte ». Qu’importe ceux qui souffrent et croient encore aux promesses hollandaises puis macroniennes comme en Guyane (plan d’urgence de 1 milliard et assurance de 2 milliards supplémentaires  pour que la Guyane décolle), puisqu’ils ne comprennent rien à la « pensée complexe » : Macron ne peut pas être, « en même temps » le « père Noël » des soudards et celui des gueux.

Assurément, ces derniers doivent se « sortir d’une relation perverse » (sic) avec les sommets élyséens pour faire surgir par le bas des mouvements anti-guerre et de transformation sociale qui balaieront toutes ces putrides relations.    

GD  le 27.10.2017

Les expressions en italique et entre guillemets sont extraites des propos récents de Macron lors de la visite d’Al Sissi et en Guyane