Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 27 juin 2017


Le PES n° 35 - juin -
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 L’éphémère Macromania

Que restera-t-il, d’ici quelques mois, de ce pouvoir disposant d’une « majorité parlementaire boursoufflée », couplée à une défiance abstentionniste ? La surprise fut, en effet, ce score record des abstentions, des votes blancs et nuls : 67.22% au total, et dans ladite Outre-Mer, 71%. Encore faut-il y ajouter les non et mal inscrits (1). Certes, les classes dominantes se réjouissent : Macron, c’est le dynamisme renouvelé du néolibéralisme, débarrassé pour l’heure des coteries politiciennes usées dont les plus finauds ont su être saisis à temps par le « girouettisme » intéressé. Les « constructivistes » et autres macronpatibles se recyclent aisément, laissant à leurs déchirements ceux qui veulent garder les « vieilles maisons » en voie d’effondrement. Même l’épouvantail Le Pen, qui a tant servi à maintenir l’alternance libérale PS/droite, semble dévalué après la percée des Insoumis dans ses « bastions » populaires.

Sur fond de Hollandie déliquescente, d’un Fillon fripon, du ralliement d’un Bayrou subjugué, il a suffi d’un énarque roublard et ambitieux pour que les édifices partidaires fracturés se pulvérisent. Sur ce champ de ruines, le proclamé, par soi-même, Jupiter, a mis en scène sa majesté élyséenne, affirmant la nécessité de la verticale du pouvoir qu’il est censé incarner. Las, à peine avait-il investi un gouvernement à sa main que déjà il dut, dans l’ombre, descendre de son Olympe : régler l’exfiltration de Ferrand, Bayrou, Goulard, De Sarnez, écorner dès à présent l’image vertueuse qu’il voulait donner de lui-même : taches indélébiles, celles consistant, en effet, à faire confiance à ce Ferrand d’argent accumulé sur le dos d’une mutuelle, à donner la responsabilité au ministre de la justice pour découvrir ensuite qu’il n’était qu’un faquin détournant les deniers de l’UE pour son parti désargenté.

Malgré ces avatars, la Macromania médiatiquement diffusée peut faire illusion ; le masque « progressiste » affublé de con-certations avant l’imposition d’ordonnances d’agressions sociales et de lois liberticides peut troubler l’opinion. Reste que le marketing d’enfumage et les belles images diffusées ne résisteront pas longtemps à la grisaille des vies quotidiennes amputées. Sa douteuse légitimité, assise sur une assemblée croupion peuplée de novices godillots, encadrés de quelques vieux chevaux de retour, ne peut anesthésier bien longtemps les classes populaires. Le miel saumâtre de propos rassurants ou la mise en scène de sa Brigitte sur papier glacé ne convaincront que ceux qui ne sont pas (encore) affectés par les affres du  néolibéralisme.

Toutefois, à la foudre de Jupiter pourrait répondre une bourrasque sociale, le faisant chuter de son Olympe, l’amenant à gérer la conflictualité sociale en s’acharnant à la réprimer, voire à lui céder. Et si tel est le cas, à n’en pas douter, ces luttes pourraient vivifier le débat démocratique par en bas, ainsi que les organisations se réclamant de l’insoumission et de la transformation sociale. Mais ne nous leurrons pas. Les « aquoibonistes » et tous ceux qui réprouvent une rupture franche avec le capitalisme financiarisé sont encore nombreux. La proclamation de la révolution sans révolutionnaires enracinés, sans « Rousseau des ruisseaux », sans la transformation des classes populaires en classes pour soi, n’est que nostalgique incantation.

L’heure est plutôt à délégitimer cette macronie éphémère afin de faire venir le temps de sa destitution. A évoquer Podemos en Espagne, Corbyn au Royaume (dés)Uni, Sanders aux Etats-Unis ainsi que toutes ces déflagrations sociales et politiques en germe de par le monde, il se pourrait bien que la « roue de l’Histoire » se remette à tourner dans le bons sens.

Le 25.06.2017

(1)  soulignés par les sociologues Braconnier et Dormagen dans La démocratie de l’abstention, folio actuel,  2007