Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 14 avril 2017

  Les   Amis   de   l’Emancipation  Sociale 

Voter, est-ce utile ?
Faire «turbuler» le système corrompu, c’est possible !

Au-delà du rejet des partis d’alternance qui mènent des projets politiques similaires,
-        favorisant les délocalisations, la destruction des droits sociaux et des services publics,
-        augmentant le chômage, la précarité et le déclassement social,
on a assisté à leur vaine tentative, par les primaires, de reconquête des électorats de plus en plus réticents à promouvoir les mêmes profiteurs.
Si les primaires - qui dépossèdent les militants des partis de la démocratie de plus en plus inexistante dans ces appareils oligarchiques - ont eu des effets positifs, ce sont ceux, inattendus
-         de sortir les sortants : Hollande, Sarko, Valls…
-         de révéler la crise de ces partis assujettis à l’ultralibéralisme, porté, principalement, par l’Union européenne et ses mesures d’austérité.
Ils utilisent les peurs et agitent l’épouvantail du FN pour garder le pouvoir.

Alors, vote utile ou vote inutile, avec les mêmes ?

La droite avec Fillon : figure prétendument vertueuse, dévalorisée par ses turpitudes, prétend nous imposer une purge austéritaire : casser la Sécurité Sociale en la privatisant, baisser encore les dépenses sociales, asphyxier les collectivités locales… Avec 24 350€ par mois, sans compter les revenus de Pénélope et des enfants, ses 17 comptes en banques… il tire la langue… ses caisses sont vides !!! Parjure, tartuffe, arrogant, il a tout pour plaire… Il se présente comme le toujours favori. C’est vrai qu’en matière de favoritisme, il s’y connaît aussi…

Hamon, sorti du chapeau des primaires, l’électorat « socialiste » s’étant rebiffé contre Valls, s’affiche de gauche pour reconquérir le parti à gauche de la droite. Il agite son revenu universel revu à la baisse : de 750€ pour tous, il est passé à un RSA sous conditions de ressources. Ses petits camarades lui savonnent la planche et les plus traitres passent, avec armes et bagages, chez Macron.

Macron, l’ex-banquier de chez Rothschild a senti le vent : former un parti attrape-tout, pour tous ceux de droite et de gauche qui prétendent bénéficier de la mondialisation ainsi que les effrayés qui voient en lui celui qui fera barrage à le Pen. Affligeant ! Le bébé de Hollande qui a tué le père, s’apprête à nous faire avaler une purge d’austérité pas très éloignée de celle de Fillon. Sa recomposition du paysage politique n’est que la marque d’une décomposition à venir : l’ingouvernabilité qui sortira  des législatives … d’’autant qu’il va faire énormément de mécontents : à ces 13 500 élus de droite et de gauche à caser, il ne peut offrir que 577 circonscriptions… Bref, seriez-vous assez naïfs pour voter pour votre banquier ?

Nous sonder pour mieux nous manipuler

Macron tirera-t-il les marrons du feu ? La coqueluche des médias dominants le croit. Au 1er tour, en tête des sondages avec Le Pen, il apparaît comme l’ordonnateur du maintien du système…  
Quoique ! Les électeurs en ont soupé des promesses non tenues, 1/3 d’entre eux ne sont pas sûrs d’aller voter. Les autres sont tentés par un vote dit utile pour faire barrage à l’extrême droite… et nous refaire le coup de Chirac pour que rien ne change, si ce n’est en pire ?
Tous, plus ou moins ne votent pas pour un candidat mais contre un autre… sans convictions. Ils en ont soupé, sauf peut-être les quelques classes moyennes enrichies. Certains sont prêts à jouer à la roulette russe avec le parti national xénophobe (avec à sa tête une châtelaine milliardaire qui détourne les fonds publics), qui, partout où il est aux commandes mène des politiques régressives et socialement désastreuses                                                        …/…
Trop, c’est trop !

La caste politicienne, ces professionnels de la politique enragent : nous serions des voyeurs de connaître désormais leur patrimoine, leurs châteaux, leurs vols en classe affaire, leur possibilité de convertir leurs déplacements en voyages familialistes, leur indemnité représentative de frais de mandat (de l’argent de poche au black !) (5 840€ brut/mois pour un député et 6 110€ pour un sénateur) qui, non dépensés, servent pour certains à acquérir des biens immobiliers, tout comme le surplus de crédits non utilisés pour leurs assistants parlementaires (9 618€ brut/mois). Tout ça en plus des 7 185€ brut/mois (pour un député de base). Et ces petits barons parlementaires disposant d’un régime spécial de retraite (3000 à 4 400€ en moyenne) de vouloir nous serrer la vis… avec pour seul objectif de rembourser la dette publique ! Alors même qu’ils ont baissé les impôts des plus riches, renfloué les banques lors de la crise de 2007-2008 et multiplié les cadeaux aux actionnaires des grandes entreprises.
Ça suffit !
Certes, on peut voter pour Mélenchon… ou pour d’autres candidats à la gauche du PS. Plus ils réaliseront un bon score, plus les possibilités de turbuler le système sera possible.

Mais, c’est bien sûr, voter ne suffit pas !
Déléguer, dans la confusion, notre pouvoir ne suffit pas !
Alors, que faire ?

Agir, s’organiser par en bas, c’est impératif !
Car si les puissants nous dominent,
c’est que nous sommes trop souvent à genoux

Les congés payés ont été obtenus, notamment en 36, par la grève générale,
Le 13ème mois, à Peugeot, a été obtenu par les grèves de 1989, etc.
A nous de nous saisir de cette opportunité pour la levée en masse à venir
afin de tracer le chemin de l’émancipation sociale collective.

C’est la République sociale qu’il nous faut !

C’est nous qui devons décider
 de ce que l’on produit, comment on  produit (conditions de travail, salaires…)
et les besoins à satisfaire pour le bien-vivre de tous
 et non pour les 1% d’affairistes et la caste politicienne qui les sert !


le 10 avril 2017                                                                                                                                                ne pas jeter sur la voie publique

Les Amis de l’Emancipation Sociale,  c’est

Informer pour se libérer                  Se libérer pour agir
Agir en s’auto-organisant                    s’auto-organiser dans l’égalité

Prochains rendez-vous :
28 avril à Lure (20h30 cinéma Méliès) débat sur l’engagement avec la diffusion du film «Une jeunesse parisienne en résistance »
13 mai 2017 – 20h30 au Bar Atteint à Belfort – conférence gesticulée « le salaire à vie » en présence de Bernard Friot 


Contact : aesfc@orange.fr                                                                                       http://les-amis-emancipation-sociale.blogsppot.fr/
Les Amis de l’Emancipation Sociale, les Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté, la CGT 70,
vous invitent à la diffusion du documentaire

Une jeunesse parisienne en résistance
de    Laurence Karsznia et Mourad Laffitte
Ils  seront présents pour un échange sur l’engagement hier et aujourd’hui

Vendredi 28 avril 2017 20h30
Cinéma Méliès à LURE (5.50€)

Ce documentaire est le premier à aborder la jeunesse d’Henri Krasucki et de ses camarades. Il nous invite à connaître ou à revoir l’histoire « héroïque » de tous ces jeunes, souvent étrangers, issus de l’immigration, entrés en résistance dans les FTP-MOI (groupe Manouchian) dont beaucoup connurent les arrestations, la torture, les exécutions ou la déportation. Souvent issus du monde ouvrier, portés par la volonté d’un monde meilleur, ils ont dit non à la barbarie nazie et à la collaboration du gouvernement de Vichy. Ce documentaire s’inscrit dans la volonté de compréhension et de transmission. Faire vivre la mémoire des luttes des militants d’hier n’est pas signe de nostalgie historique mais de notre capacité à mener celles qui sont nécessaires dans l’actualité sociale, politique, nationale et internationale d’aujourd’hui. L’esprit de résistance c’est déjà le combat contre les idées de renoncement et de fatalisme.                                                                                            Contact : aesfc@orange.fr     03.84.30.35.73

                                                                                                   








mardi 4 avril 2017

Les Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté, les Amis de l’Emancipation Sociale dans le cadre du festival « Diversité » vous invitent à la diffusion du film 
La cigale, le corbeau et les poulets
de Olivier Azam
au cinéma Méliès à LURE
samedi 8 avril 2017 à 16h30 (5.50€)

Film suivi d’un débat avec Brice Gravelle,  coproducteur, Les mutins de Pangée

3 septembre 2009, 150 poulets débarquent dans un petit village de l’Hérault pour embarquer  le patron du bar la Cigale. Pourquoi ? Il serait le corbeau qui envoie des menaces de mort accompagnées de douilles à Sarkozy. Une vingtaine de perquisitions, une dizaine de gardes à vue… Mais les vieux rebelles qui se rassemblent à la Cigale et publient une gazette, la Commune, ne sont pas pour autant des terroristes.  Histoire invraisemblable  qui aura inquiété jusqu’à l’Elysée, mobilisant l’élite de la police antiterroriste. Cette farce rocambolesque  vire au grotesque : les « faux corbeaux » n’ont rien à avouer ! On en rit… Mais pourquoi un tel déploiement de forces,  une médiatisation outrancière… pour aboutir à un flop retentissant ?
Contact : aesfc@orange.fr






Les Amis de l’Emancipation Sociale, les Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté vous invitent à la soirée-débat

Liberté d’information et d’expression
Radios libres et radios associatives
Ce thème sera développé à l’issue de la diffusion du documentaire

Lorraine Cœur d’Acier

En présence de    Marcel Trillat
Journaliste, animateur de la radio Lorraine Cœur d’Acier
Vendredi 14 avril 2017 
à 20h30  au Bar Atteint, 25 rue de la Savoureuse à BELFORT (entrée gratuite) 
                                                                                                                                                   
Les radios pirates émettaient clandestinement dans les années 1960/1970, subissant moult répressions allant du brouillage des ondes aux amendes jusqu’à des peines de prison. Tous ces empêcheurs d’émettre en rond, contestant le monopole d’Etat sur les radios, après une longue lutte emportèrent la bataille de la légalisation des radios libres en 1981. Lorraine Cœur d’Acier, la radio des sidérurgistes en lutte à Longwy en 1979/1980 en est une illustration. Marcel Trillat sera présent pour évoquer cette bataille de la liberté d’information hier et aujourd’hui. En effet, qu’en est-il de la liberté d’information dans un monde où les finances, la technique, le numérique, contraignent les associations à s’adapter, à trouver des financements pour survivre et pouvoir émettre librement ? Autant d’interrogations sur la liberté d’information et d’expression qui sont les nôtres et celles des radios associatives invitées, et plus particulièrement la REBM (radio Etudiants Belfort/Montbéliard), la radio RABe-MNE(Belfort/Mulhouse), Radio-Amitié (Montbéliard).                             Il est possible de manger sur place à partir de 19h30 (8€), réservation au Bar Atteint : 09.83.91.84.99. Le bar est ouvert toute la soirée.  Contact : aesfc@orange.fr     03.84.30.35.73
                                                                                                   





C’est toujours la même histoire

Ces politiques de vautours
Nous tournent tout autour
Ce sont les champions des aveugles et des sourds
Comme des fous ils courent toujours
S’efforçant d’être les vainqueurs du tour
Ils ne prennent pas la peine de regarder autour
Comme des fous ils pédalent toujours
Ils ne savent pas s’arrêter
C’est reparti pour la misère d’un tour
Idolâtres de la richesse des sourds
Vous êtes condamnés pour toujours
A moins qu’il n’y ait un beau jour
Quelqu’un qui puisse répondre à nos appels au secours
Il faut vivre et mourir avec amour
Comme à la naissance au premier jour
C’est reparti pour une révolution de velours
Aujourd’hui c’est à notre tour
De reprendre le pouvoir pour toujours

Hassen





Voici, ci-dessous,
 l'édito du PES n° 32 
ainsi que deux articles publiés dans ce numéro.

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 De crises en crises… Jusqu’à quand ?

Succession d’états de crises… d’abord, celle de 2007-2008, financière puis économique et sociale. Elle n’en finit pas de se dédoubler en crises des dettes publiques et privées, en remèdes pour les purger par l’austérité et la précarisation, aggravant encore un corps malade que sont les sociétés nationales provoquant là-bas, de l’urticaire nauséabond, ici, des convulsions déchirantes. 

Là-bas, le trumpisme aberrant qui signe la fragilisation de l’hégémonie états-unienne sur le monde où les 1% ne parviennent à maintenir leur domination qu’en recourant à la xénophobie d’Etat, à l’illusion d’un retour au mythe du rêve américain sur fond de cauchemar des délocalisations. Ici, l’Europe qui fête la déconfiture de son 60ème anniversaire : Grexit évité à coups d’effondrement de 20% du revenu moyen des Grecs, d’un taux de chômage à 25%, d’une récession du PIB de 20%. Désastre avéré présenté comme une stabilisation. Brexit conjuguant les effets d’une paupérisation avec une poussée xénophobe instrumentalisée. Résultat : le Royaume-(dés)Uni où l’Irlande du nord comme l’Ecosse souhaitent se désamarrer de l’Angleterre, alors que la 1ère Ministre May prétend reconstruire l’Empire.. Et l’Italie, le Portugal dans le marasme, l’Espagne indignée bloquée dans son élan, empêtrée de sa Catalogne en rupture de ban.

Les politiques de concurrence effrénée, du moins-disant social et fiscal ont fait germer en Europe ce processus mortifère de la crise des nations, celui de la montée des micro-nationalismes xénophobes. Sur fond de misère et de guerre au Moyen et Proche-Orient et en Afrique, la crise migratoire a redoublé, la purulence des rejets des exilés va jusqu’à produire des murs et des camps d’enfermement dits de rétention.

Sociétés au bord de la crise de nerfs qui, confusément, sentent qu’on les entraîne dans une impasse. Agaçant, crispant, en France, d’entendre les représentants des partis dominants dire que les perdants de la mondialisation vivent au-dessus de leurs moyens, alors qu’eux accumulent les privilèges, voire se conduisent en « pilleurs d’Etat ». Scandales à répétition et donc crise de ce régime affairiste dit représentatif. Les outrages, les offenses à la dignité, les exactions policières se succèdent et l’arrogance à outrance de la caste politicienne perdure. Consternations : crises de l’emploi, du logement, déserts médicaux, retrait des droits des salariés, et promesses de Fillon/Macron d’austérité renforcée… pour notre bien, bien sûr.

A force de nous endoctriner à la servitude involontaire en agitant les peurs irrationnelles, les gouvernants, ou ceux qui aspirent à les remplacer en recourant à l’isoloir, provoquent déjà le rire sardonique ou le dégoût. Le seuil du tolérable est-il atteint ? A voir ! Ce qui est sûr c’est que l’histoire, cette énigme, évolue par là où on l’attend le moins. A preuve, la Guyane. Lorsque se produisent les éruptions sociales, les politiciens sont pris de court. Ils perdent leur emprise sur leurs sujets. Reste pour eux à agiter la peur du saut dans l’inconnu, à le brandir comme une frayeur à éviter afin de barrer la voie à la transformation sociale radicale. Il n’en demeure pas moins que toutes ces crises tracent le chemin de nouveaux arrangements institutionnels dans cet entre-deux qui se dessine, celui de l’ingouvernabilité à venir.

Pour le meilleur, pour éviter le pire d’un vote devenu presque inutile, l’heure est à la sédition passionnée pour, au moins, la mise au rencart des partis dominants : LR, PS, parti de la macronite. Quant au FN, sa marginalisation ne peut être que l’oeuvre du mouvement social qui révèlera sa nature antipopulaire et fascisante.

le 3 avril 2017



22 avril 2017
Tous dans la rue pour le 1er tour social

Nous, salariés du privé comme du public, chômeurs, précaires, étudiants, toute la jeunesse, retraités, smicards,
qui survivons avec le RSA, habitants de villes, des villages et des banlieues
qui votons avec ou sans conviction, la large majorité des abstentionnistes convaincus…
qui subissons le racisme, le sexisme, l’exclusion sous toutes ses formes,
les licenciements, la justice des puissants, les violences répressives…
Syndicalistes, militants poursuivis et condamnés, sans-papiers et migrants,
tous les opposants à la loi travail…
Nous appelons la rue, vous toutes et tous, à se mobiliser, créer
et être acteur d’un évènement inédit…
Imposons nos choix, crions haut et fort que nous comptons, que nous décidons,
que nous serons une force incontournable du premier tour social

Le samedi 22 avril 2017 à Paris, 14h, place de la République

Soyons toutes et tous au rendez-vous avec notre avenir… Ne laissons pas notre devenir entre les mains d’une poignée qui décide depuis trop longtemps sans et contre nous… L’heure n’est plus au constat, unissons-nous le plus largement possible et agissons tous ensemble pour construire ce premier tour social. Ce n’est qu’un point de départ, vers une société où nous prendrons possession des outils de création de richesses. Ensemble, écrivons les nouvelles pages de notre histoire sociale

Appel initié par les comités Goodyears, un certain nombre de syndicats combatifs dont infocom CGT, Sud Ptt, etc. des associations culturelles, Cie Jolie Môme, des associations de quartiers contre la répression « Urgence, notre police assassine », etc. 

Vous pouvez signer cet appel sur change.org : https://goo.gl/HxVFec


Un nouveau cycle indéchiffrable ?

Comment apprécier la conjoncture qui semble a priori difficilement discernable, tout en suggérant que nous sommes entrés dans la fin d’un cycle, celui qui fut amorcé dans les années 90 par ce qu’il est convenu d’appeler la « mondialisation » ? Ce « nouvel ordre mondial », mis en place par des gouvernements de droite et de « gauche » ralliés à la seule alternative préservant le système, est à bout de souffle. Il s’agissait à l’origine de contrer les effets délétères du déclin de l’économie keynésienne-fordiste, marquée par la surproduction relative, se traduisant notamment par la baisse du taux de croissance ainsi que celui de la productivité. La solution trouvée a consisté à assurer la suprématie du capitalisme financier pour réamorcer la conquête de nouveaux marchés au Nord comme au Sud. Restaurer le taux de profit pour la « croissance du capital » a pris différentes formes qui, aujourd’hui, trouvent leurs propres limites : déréglementations des flux financiers permettant, entre autres, délocalisations d’entreprises, spéculations débridées, privatisations des services publics, néocolonialisme s’appuyant sur des pouvoirs despotiques, kleptocrates et patrimoniaux, interventions militaires pour faire main basse sur les matières premières et les énergies fossiles… Ces politiques dites néo-libérales ont pu s’imposer grâce à des institutions supranationales possédant, en apparence, toute la légitimité supposée pour imposer ce nouveau cours, celui de la prétendue « mondialisation heureuse » : Banque Mondiale, FMI, OMC, Union européenne et même ONU. En un peu plus d’une trentaine d’années, le monde issu de la 2ème guerre mondiale en fut bouleversé : crises dans les pays du Sud, apparition de pays émergents, guerres, migrations, creusement abyssal des inégalités sociales et territoriales, mise en cause de l’écosystème jusqu’à la crise de 2007-2008, le sauvetage de la bancocratie et du capital rentier et spéculatif. Les formations sociales (ce que communément on appelle les sociétés) en ont été profondément affectées. Les rapports de forces de classes entre elles, qui assuraient la domination des différentes fractions de la « bourgeoisie », connaissent désormais un délitement ouvrant la voie à d’autres possibles. Y compris les pires. En se centrant principalement sur le devenir potentiel en Europe et en France, ce qui suit tente de souligner les lignes de forces auxquelles nous sommes confrontés.  

Montée du social-nationalisme et d’une gauche réelle de rupture avec le capitalisme

Si la réunification de l’Allemagne a permis sa domination au sein de l’Europe, c’est que cette entité de libre-échange fut fondée dès l’origine sur la concurrence entre pays. Les contre-réformes de Schroeder abaissant le prix du travail et augmentant la précarisation ainsi que l’utilisation à l’Est de l’Hinterland(1) ont en effet permis à ce pays de gagner en compétitivité, assurant ainsi provisoirement l’hégémonie de cet Etat sur les autres.

La réduction des prestations sociales, l’austérité, le dumping social et fiscal ont ensuite gangrené les autres pays, l’élargissement de ladite Union Européenne accélérant encore ce processus jusqu’à la panique provoquée par la crise de 2007-2008 puis par les migrations suscitées par les guerres au Moyen-Orient et la misère en Afrique, notamment. L’oligarchie européenne, cette caste imposant ses diktats budgétaires oeuvrant en faveur des multinationales et des banques, se heurte à présent à des formes de rejet et de rébellion qu’elle tente de maîtriser. Reste que les migrations intra-européennes dont les travailleurs détachés sont l’emblème, tout comme celles qui résultent de l’effondrement de sociétés du Sud n’ont fait qu’exacerber la concurrence entre les travailleurs sur fond de chômage, de précarisation et de désindustrialisation des pays centraux de l’Europe.

L’absence de toute politique d’harmonisation sociale et fiscale, de volonté de ré-industrialisation coopérative ne peut mener qu’à ce processus de rejet de cette Europe-là confisquant toute souveraineté populaire.

Avant la crise de 2007-2008, ce sont les mouvements nationalistes et xénophobes qui furent les premiers à traduire les réactions épidermiques à l’Union économique et monétaire. De la France aux Pays-Bas, en passant par l’Autriche, la Suède, le Danemark, la Finlande, le Royaume (dés)Uni, l’Italie de la Ligue du Nord, et désormais l’Allemagne, les mouvements d’extrême droite ont le vent en poupe. En revanche, les organisations de rupture d’avec le capitalisme, de transformation sociale marquent le pas, engluées qu’elles sont encore dans la mouvance social-libérale des partis dont elles sont issues. Règne toujours l’illusion plus ou moins prégnante qu’il serait possible de transformer de l’intérieur cette Europe-là, institutionnalisée pour la domination du capital  financiarisé.

Néanmoins, de l’Espagne (Podemos) à la Grèce suppliciée, de l’Irlande du Sinn Fein en passant par Jérémy Corbyn au Royaume Uni, ou par Mélenchon en France, les tentatives de sortir du dilemme de la gauche « plus rien » se multiplient, tout en restant par trop timorées. Elles ne trouvent pas (encore) le dynamisme nécessaire que lui procureraient des mouvements sociaux d’ampleur. Certes, en Espagne notamment, grèves, manifestations de résistance au néolibéralisme et aux politiques d’austérité imposées mais, incontestablement à caractère défensif de maintien d’un certain nombre d’acquis, ont conduit à des défaites successives. Car, le fond de l’affaire n’est pas dans un arrangement avec les gouvernements ou l’oligarchie européenne mais bien dans la mise en cause de leurs pouvoirs de plus en plus illégitimes. L’enjeu précisément est de lutter contre les désespérances en s’appuyant sur les désillusions populaires. Les castes arrogantes prétendant nous infliger des politiques régressives suscitent les indignations et le dégoût. L’espérance doit vaincre la peur qui est instillée dans le corps social par les dominants : craintes d’affoler les marchés, de l’effondrement de l’épargne, d’accroître la misère, des représailles et répressions et ce, surtout en agitant le spectre de l’extrême droite pour que rien ne change.

Cette dernière remarque ne signifie nullement qu’il ne faudrait pas s’alarmer de la montée du social-nationalisme, cette dernière bouée de sauvetage d’un capitalisme aux abois. Si l’on ne peut contester que le fascisme se caractérise par la conjugaison d’une démagogie sociale avec un nationalisme xénophobe cherchant un bouc émissaire aux maux du capitalisme, il convient de se souvenir que sa traduction concrète requiert une « alliance au bord du gouffre » avec les forces conservatrices de droite et de droite extrême. L’accès au pouvoir du nazisme, comme du fascisme italien, en atteste. Nous n’en sommes pas là… et l’on voit que toute tentative du front antifasciste « tous contre le FN » « sans distinction » dans les circonstances présentes renforcerait immanquablement les forces dominantes en difficultés, justifiant l’appel au « vote utile » dans l’immédiat.

Ne demeure par conséquent que la construction (laborieuse !) des forces alternatives de rupture d‘avec le capitalisme et donc d’avec l’Union européenne, qui en est la forme institutionnelle la plus prégnante.

Vers la crise du régime réellement existant ?

Pour garder le pouvoir, les classes dominantes rencontrent désormais des obstacles réels pour maintenir les « subalternes » sous leur joug. Les forces politiques d’alternance électorale ne disposent plus d’un bloc électoral assurant successivement leur suprématie. Elles parviennent de moins en moins à agréger autour d’elles des groupes sociaux aux intérêts divergents. Traditionnellement autour des catégories les plus aisées et des dirigeants du secteur privé, la droite parvenait à rassembler artisans, commerçants, agriculteurs et obtenait le soutien d’une minorité des classes populaires. Les politiques néolibérales qu’elle a menées lui ont aliéné une partie des franges composites qu’elle agglutinait. L’apparition de Sens Commun semble une tentative de les rallier à nouveau sur une base sociale conservatrice. Il n’est pas sûr que le fonds de commerce catholique conservateur soit durable compte tenu de l’évolution des mœurs qui imprègnent la société française…

Sur le flanc gauche de la droite, le parti dit socialiste réussissait quant à lui à regrouper les classes ouvrières et populaires et les personnels des services publics autour d’une orientation de confortation de « l’Etat social ». Or, les attentes de cet électorat ont été plus que largement déçues par l’exercice du pouvoir de cette formation politique ralliée corps et âme aux politiques néolibérales et ce, malgré toutes les velléités exprimées lorsqu’elle était dans l’opposition. Les apparatchiks de Solferino, tout comme les « boites à idées » à leur service, ont vainement recherché un électorat alternatif à l’effritement du bloc social dont il se réclamait… Etre moderne consisterait désormais face à la soi-disant « disparition de la classe ouvrière » à obtenir l’adhésion des personnes âgées ( !) et surtout des couches diplômées, voire plus généralement, de ceux qui s’opposent à toute redistribution sociale et fiscale, comme les cadres supérieurs et tous ces gagnants de la mondialisation. Il s’agit là, de fait, face à la montée de la précarité, d’un bloc social minoritaire. Disputé à droite comme à gauche qui peut prétendre s’imposer dans la mesure même où l’abstention massive (61% aux Régionales de 2015) et l’instrumentalisation de la peur, des attentats, du FN, de la sortie de l’euro, des migrants... favorisent la démagogie du vote utile de préservation aveugle. 

C’est sans compter, malgré la réalité de l’apathie apparente des classes populaires, sur l’aspiration à une réelle démocratie prenant en considération les besoins sous-jacents au rejet des partis dominants : sécurité de l’emploi, revalorisation des salaires et des prestations sociales, développement des services publics de santé, qualité de l’environnement…

Face à l’illégitimité qui pèse sur les politiciens du système, il est presque devenu banal, pour ceux qui prétendent le perpétuer, de se déclarer antisystème pour mieux brouiller les cartes d’un jeu où les dés sont pipés.

Etre lié à la bancocratie, adulé par Gattaz du Medef, être l’ami de Jacques Attali ou de compter dans ses soutiens le président d’Euronext, cette société qui gère les Bourses d’Amsterdam, de Bruxelles, Paris, Lisbonne… n’empêche nullement Macron, le bébé de Hollande, de se présenter comme un homme neuf. Ce recyclage d’un produit frelaté bénéficie du concours des médias et de l’oligarchie. Le « système » est en effet capable face à sa propre déliquescence de fabriquer des anticorps comme il a tenté de le faire en Espagne avec Ciudadanos (2). Quant à l’avenir d’une telle aventure qui ne repose que sur l’accentuation de la concurrence au profit d’une minorité de gagnants, elle ne risque pas, dans la conjoncture présente, de renouveler le fantasme giscardien d’un dessein national répondant aux aspirations de « deux Français sur trois »(3).

Tout porte à croire que l’on risque d’assister, avec la possible victoire d’un Macron face à Le Pen au 2ème tour des présidentielles, à une crise de régime. Cette 5ème République présidentielle fondée sur l’exercice du pouvoir d’un homme et d’une majorité parlementaire de godillots, semble avoir fait son temps. Après l’ère des frondeurs, qui a caractérisé le quinquennat hollandais, on risque d’assister à des scènes d’empoignades peu ragoutantes. La macronie disparate, ces « nouveaux venus », ne pourra guère former une majorité avec les rats qui auront quitté le navire des Républicains et de ladite gauche de gouvernement. La lutte des places et les naufrages annoncés des partis d’alternance susciteront des cacophonies et des règlements de comptes dont on ne peut encore mesurer l’ampleur. Certains commentateurs parlent déjà d’un probable retour à la 4ème république défunte. En effet, derrière des choix maintenant le cap des contre-réformes libérales, le fumet des affaires et des privilèges indus  semble sonner la fin d’un régime. Encore qu’il faille compter, pour en accentuer les craquements, sur l’émergence salutaire des coups de boutoir du mouvement social.


Cette situation de crise de régime, n’est pas propre à la France. D’autres pays, sous des formes spécifiques, sont affectés de maux semblables. Ce sont les systèmes de pouvoirs institutionnels qui sont ébranlés dans la mesure où ils ne parviennent plus, à l’aide des partis dominants, à maintenir un consentement suffisant à leur exercice. Pour l'heure, ce sont les forces nationalistes et xénophobes qui récoltent les fruits amers des politiques néolibérales, offrant ainsi une porte de sortie à une fraction des classes dirigeantes. L’élection de Donald Trump ou les turbulences que connaissent les pays de l’Europe de l’Est en attestent. Un nouveau cycle d’instabilité, d’ingouvernabilité est à prévoir. Réduite à la confrontation des divergences d’intérêts entre fractions dominantes autour d’un « « bloc bourgeois » restreint, il continuera à tracer la voie du pire à venir si la passivité des classes ouvrières et populaires se confirmait, si n’apparaissait pas un pôle politique de transformation radicale porteur d’espoir. En tout état de cause, même si ces hypothèses se confirmaient, le chemin d’une reconstruction anticapitaliste sur fond d’effritement de l’Union européenne sera certainement semé d’embuches.

Gérard Deneux, le 29.03.2017

(1) Hinterland (arrière-pays), désigne les pays de l’Est sous influence allemande  
(2) cf article Espagne, Podemos. Le mouvement social et les élections, PES n° 31 (février 2017)
(3) en référence au livre de Giscard d’Estaing Deux Français sur trois (1986)


Françafrique. Ça n’en finira donc jamais ?

Après les indépendances africaines, l’ingérence et l’intervention militaire françaises dans son ancien pré carré, la Françafrique, n’ont jamais cessé. Depuis 2011, Sarkozy puis Hollande n’ont pas « démérité » en la matière ! Sans consulter le Parlement, ils ont décidé de mener des opérations extérieures dans la région sahélo-saharienne notamment et d’y renforcer la présence des bases militaires. Certes, la Constitution de la 5ème République autorise l’Elysée à décider, seul, des interventions à l’extérieur, la seule obligation du Président consistant à informer le Parlement dans les 3 jours et à le consulter si l’opération se prolonge au-delà de 4 mois. Cela n’est pas nouveau dans « notre » monarchie républicaine. Ainsi nous finançons par notre impôt des guerres dont nous ne voulons pas. Dans un rapport(1), Survie relate le processus des interventions militaires françaises « en cascade », l’une entraînant l’autre, dans la région africaine incluant : Libye, Tchad, République Centrafricaine, Niger, Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Mauritanie.

L’armée française est très présente en Afrique sahelo-saharienne

Dans les années 1960, à l’heure de la décolonisation, la France veut préserver ses intérêts économiques (pétrole, uranium, bois…) ; elle signe avec plusieurs Etats africains des accords de coopération militaire ou de défense ou encore d’assistance, dans une certaine opacité comme l’affirme Pierre Joxe, ancien ministre de la Défense « Personnellement, je n’ai jamais réussi à obtenir la totalité des accords et leurs clauses secrètes, (…) tellement secrètes que je ne sais même pas qui les connaît ». Ils énoncent la garantie de protection de l’armée française contre un agresseur extérieur, l’aide à la répression des mouvements de rébellion, le rétablissement d’une situation interne « périlleuse » avec exfiltration du chef de l’Etat en cas de besoin. Des accords ont été signés avec au moins onze pays dont la Centrafrique (1960), le Gabon (1960), la Côte d’Ivoire (1961), le Togo (1963), le Cameroun (1974). Il s’agit, en pleine guerre froide, de maintenir les pays africains dans la sphère d’influence occidentale tout en n’y regardant pas de trop prêt sur les agissements de certains dictateurs notoires (Tchad ou Cameroun par ex.).

A partir des années 1990, les nostalgiques de la colonisation élaborent une « nouvelle doctrine » destinée à conforter la légitimité de la présence française militaire en Afrique et, surtout, à en partager les coûts. Les interventions militaires sont placées sous mandat de l’ONU, quelquefois arraché au forceps ou a posteriori. C’est pourquoi la France tient à sa place prépondérante au Conseil de Sécurité de l’ONU  et à sa responsabilité du Département des Opérations de Maintien de la Paix(DPKO) qu’elle détient depuis 1997, aujourd’hui assumée par le diplomate Jean-Pierre Lacroix.

Depuis 2011, la France justifie ses interventions en Afrique par la lutte contre le terrorisme (opérations Serval et Barkhane) ; elle s’autorise ainsi à maintenir des forces importantes en hommes et en moyens techniques modernes ; pas question d’abandonner sa politique d’ingérence, de maintien de ses bases militaires ou encore des opérations extérieures, les OPEX.

En coulisses, les présidents successifs continuent de pratiquer tractations et interventions militaires officieuses, sous-traitées à des mercenaires (à l’image des Bob Denard et Paul Barril) ou encore des opérations secrètes ou clandestines menées par le service Action de la DGSE. Ils ne se privent pas d’installer ou de destituer les chefs d’Etats en fonction des intérêts français. La « grande muette » se charge d’entretenir l’opacité et le secret.

Toutefois, la présence militaire française a changé. Le contingent d’hommes a fortement diminué depuis les années 1960 au bénéfice des forces spéciales. Le Drian l’affirme : « il s’est agi de diminuer les effectifs en augmentant notre présence ». L’ensemble représente environ 10 000 militaires français. La France dispose de 4 bases permanentes dans la zone Sahel/Sahara. Les deux plus importantes sont Djibouti (1 700 hommes) pour le contrôle de la mer Rouge et la Côte d’Ivoire (600 hommes) pour les opérations ouest-africaines ; les deux autres sont la base maritime au Sénégal et la plateforme aérienne du Gabon. Ce dispositif est renforcé par une base à la Réunion et une à Mayotte.  

S’y ajoutent les opérations extérieures (OPEX), ponctuelles. Elles deviennent parfois permanentes, comme l’opération Corymbe dans le Golfe de Guinée (1990) ou l’opération Epervier au Tchad (1986), intégrées depuis juillet 2013 dans l’opération Barkhane, entérinant la présence de 1 000 hommes au Tchad et 1 700 au Mali. Les forces spéciales se sont multipliées pour quadriller la zone sahélo-saharienne : le Niger, par ex. abrite une base de renseignement aérien munie de drones français. 

Le Commandement des Opérations Spéciales (COS) complète ce dispositif : réservoir de 3 000 hommes choisis parmi les troupes d’élites, dotées d’équipements ultra-modernes, dépendant directement de l’Elysée, il est capable d’interventions sur toute la planète.    

 2011. Sarkozy montre ses muscles 

En Libye. Le printemps arabe commence le 10 mars 2011 contre le dictateur Kadhafi. La France est le 1er pays à reconnaître le Conseil National de Transition(CNT). Elle veut destituer Kadhafi. Pourquoi ? Pour l’histoire officielle, la France a empêché un bain de sang que l’armée de Kadhafi projetait contre les rebelles à Benghazi, Fillon, 1er ministre et les médias mettront en scène l’urgence absolue d’intervention pour sauver des vies. Simultanément, le puissant lobbying, de la France notamment, auprès du conseil de sécurité de l’ONU aboutit à la résolution 1973 autorisant l’intervention le 17 mars 2011 : Opération Harmattan déclenchée le 19 mars. C’est une imposture : l’urgence de la situation a été largement surévaluée, l’offensive des forces loyalistes était de bien moindre ampleur qu’annoncée. Alors que le Sommet de l’Elysée n’était pas terminé, le général Desclaux (en charge des opérations aériennes) recevait un appel de l’Elysée l’avertissant de l’importance cruciale d’une frappe en ce jour : « Si vous ne voyez rien, lui a-t-il été dit, envisagez d’utiliser vos bombes pour détruire un carrefour stratégique vers Benghazi ! ».
Pourquoi tant d’empressement  de Sarkozy ? La France veut une plus grande part du pétrole libyen : un accord secret a été signé avec le CNT pour lui attribuer 35% du total du pétrole brut, en échange du soutien total et permanent au CNT. Il s’agit aussi de ne pas laisser Kadhafi supplanter la France en Afrique francophone. D’aucuns prétendent enfin que les autorités libyennes demandaient à Sarkozy de rendre l’argent versé par Tripoli pour financer sa campagne présidentielle de 2007 (50 millions€) ; la justice française saura-t-elle aller au terme de ses investigations ? Fillon l’a reconnu « nous sommes allés bien au-delà de la résolution de l’ONU » ainsi que l’amiral Rogel : « Du début à la fin (...) notre souci a été de mettre fin à ce régime ». La France a soutenu les rebelles par un appui militaire et par la livraison d’armes. Sept mois de combats, des forces navales et aériennes énormes, 4 200 soldats mobilisés, sans prendre la peine d’évaluer le nombre de morts libyennes, la seule personne qu’il fallait abattre l’a été : Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011 à Syrte.
Les puissances occidentales, emmenées par la France, ont prouvé qu’elles pouvaient destituer un président. Mais qui se soucie des conséquences dramatiques pour le pays qui a sombré dans le chaos et des répercussions profondes en Afrique, notamment au Mali et au Niger ?

En Côte d’Ivoire (2011), même procédé, en solitaire cette fois, pour défaire Gbagbo et soutenir Ouattara. Depuis 2002, la Côte d’Ivoire est coupée en deux suite à l’interposition des troupes françaises entre l’armée ivoirienne et une rébellion. En 2010, sur fond de crise non résolue, un processus électoral est mis en place : Gbagbo, président sortant conteste la victoire de son opposant Ouattara. La France soutient Ouattara et se lance dans une offensive diplomatique, médiatique, économique et militaire pour obliger Gbagbo à quitter le pouvoir. Elle fera tout pour asphyxier le régime : par le franc CFA (monnaie utilisée, notamment, par la Côte d’Ivoire), relié à la Banque de France et au ministère de l’économie via la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, la France fait pression sur 7 ministres qui ne reconnaissent que les représentants d’Ouattara. Parallèlement, l’UE instaure un embargo contre des acteurs économiques importants, notamment le pétrolier Petroci, contre les ports autonomes qui exportent le cacao et, de fait, interdit aux compagnies européennes les deux portes principales des marchandises. La DGSE, de son côté, s’empare de la communication et installe une antenne satellite dans un hôtel pour relayer la TV et la radio créées pour l’occasion.
Le 19 mars 2011, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire(FRCI), tenant le nord du pays, alliées à Ouattara, se lancent à la conquête du Sud. La France fait le forcing au Conseil de sécurité de l’ONU, mettant en avant un risque de guerre civile. La résolution du 30 mars donne à l’ONUCI (les casques bleus) le pouvoir « d’utiliser tous les moyens… pour protéger les civils ». Les forces françaises Licorne outrepasseront largement le mandat de la France (en prenant possession de l’aéroport et du port d’Abidjan ou en bombardant la radio TV ivoirienne par ex.). Selon le témoignage d’un officier français, en deux nuits, elles auraient tiré plus de missiles antichars HOT que pendant toute la guerre du golfe (2). Les blindés français vont aider les forces FRCI pour parvenir, le 11 avril 2011, aux portes du palais présidentiel à Abidjan et chasser Gbagbo.

Au Sahel, début 2000, de manière totalement secrète, le secrétariat général français de la défense et de la sécurité nationale met en place le plan Stratégie Sahel et déploie des forces spéciales dans la région, opération Sabre, pour « aider les Etats sahéliens à exercer leur souveraineté en vue d’assurer la stabilité et la prospérité des sociétés … ». Des groupes spéciaux d’intervention sont créés en Mauritanie, puis au Mali sous couvert de fournir de la formation aux forces locales.  En 2008/2009, les prises d’otages par AQMI augmentant, l’armée française installe une base permanente au Burkina Faso. Cette présence militaire ne sera révélée qu’en 2011 lorsque la France envoie ses forces spéciales stopper le convoyage par leurs ravisseurs de deux coopérants, du Niger au Mali. Ces 2 otages seront tués dans l’opération.

En un an, Sarkozy a mobilisé l’armée pour chasser du pouvoir deux régimes africains emblématiques. Le dispositif militaire opérationnel quadrillant la région ne sera pas remis en cause par Hollande arrivant au pouvoir en 2012 mais le fait passer à un cran supérieur pour lutter contre le terrorisme.

Hollande, aussi, « montre ses muscles » !

Au Mali. La révolte libyenne et l’intervention de l’OTAN ont eu de profondes répercussions dans la région. Les combattants Touaregs servant l’armée libyenne sont repartis pour une part au Mali avec leurs pickups et leurs armes.  
En janvier 2012, le MNLA (Mouvement (touareg) national pour la libération de l’Azawad) se lance à l’assaut de Menaka (est). C’est le début d’un vaste mouvement de conquêtes par d’autres groupes armés : AQMI, Ansar Dine, MUJAO se réclamant de l’islam. Côté armée malienne, c’est la débandade. Le régime corrompu d’Amadou Touré s’effondre en mars suite aux manifestations de Bamako et au coup d’Etat militaire. Au Nord, les groupes armés prennent Gao et Tombouctou et remplacent l’Etat par la loi islamique. Le MNLA est évincé. Le pays s’enfonce dans la crise. Octobre 2012. Hollande annonce que la France ne compte pas intervenir directement, mais dans les faits, l’intervention militaire est déjà actée. Ne manque que le prétexte pour intervenir. Janvier 2013, des pickups descendant du nord arrivent jusqu’à Mopti, seul aéroport encore aux mains de l’armée malienne. La France tient son argument pour convaincre l’opinion. On ressort la menace et on la surestime. Le président de transition malien demande de l’aide : l’opération Serval est déclenchée en janvier 2013. Et tant pis pour l’ONU ! Il y a urgence, il faut arrêter l’avancée des terroristes sur Bamako, préserver l’existence de l’Etat malien. L’offensive terrestre militaire est lancée : 6 500 militaires mobilisés. L’offensive médiatique tourne à plein régime, l’opinion publique est chauffée : il faut faire la guerre au terrorisme. La France signe un accord avec le Mali le 8 mars 2013 et obtient une totale indépendance d’action sur un territoire étranger. Sa stratégie se révèlera des plus troubles. Censée aider le Mali à recouvrer son intégralité territoriale et à reconquérir le Nord, l’armée va s’allier avec le MNLA, ceux qui sont à l’origine du conflit. Elle le remet en selle dans Kidal reconquise, là où les forces maliennes seront persona non grata. Quant aux vraies raisons d’intervention de la France, il faut peut-être les chercher dans les ressources du Mali : or, pétrole et gaz ou encore mines d’uranium du Niger, à la frontière avec le Mali. Serval n’est pas une opération coup de poing visant à libérer le nord Mali mais un premier pas vers une implantation durable dans la sous-région.

Au Sahel. L’opération Serval est remplacée par l’opération Barkhane en août 2014, et couvre Mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso. 3 000 hommes dont le centre de commandement est à N’Djamena au Tchad. Elle entérine une présence militaire permanente au Niger, pays stratégiquement important pour surveiller hommes et marchandises entre l’Atlantique et la Libye. Quels objectifs vise cette opération ? Officiellement : se donner les moyens d’agir contre le terrorisme. Par l’extension de la logique de guerre à tous les pays de la région ? Qui n’a fait l’objet d’aucun débat ni vote au Parlement ! Qui s’appuie sur des régimes dictatoriaux ! Au Tchad, le despote Idriss Déby est relégitimé, idem au Niger  pour Issoufou. Le bilan est accablant : ces soutiens à des régimes autoritaires et corrompus sont le terreau des violences futures. Depuis le lancement de Barkhane, les combats et attaques n’ont pas cessé. La Minusma, pour la stabilisation au Mali, subit attaque sur attaque. Des dizaines de tués, 18 morts français depuis Serval, des violences débordant au Niger et au Burkina Faso. Ni l’armée malienne, ni l’ONU, ni les soldats de Barkhane ne réussissent à stopper ces agissements alors que l’opération pèse en centaines de millions d’euros au budget français. Pour quelle utilité ? La présence militaire française rencontre une hostilité croissante dans de très larges pans de la population nigérienne ; au nom de la guerre contre le terrorisme, la France se donne le droit d’intervenir quand et où elle veut, remettant en cause la souveraineté des pays qu’elle occupe.

En République Centrafricaine, décembre 2012, la Séléka, rébellion au nord-est du pays, mène une offensive vers le sud. Le 22 mars 2013, elle renverse Bozizé. Michel Djotodia prend le pouvoir. Des exactions menées par la Séléka naissent les anti-Balaka (autodéfense des villageois) auxquels se joignent des militaires de l’ancien régime. Ce conflit sera assimilé à une guerre de religion des anti-Balaka (chrétiens) face aux Séléka (musulmans). La France crie au risque de génocide et obtient de l’ONU une résolution d’intervention. Opération Sangaris le 5 décembre 2013. Dans ce  conflit, la France a une position très ambigüe : les Séléka bénéficient d’une certaine bienveillance des autorités françaises, qui ont été informées dès décembre 2012 par l’allié, le Tchad. Des témoignages sur la collusion Séléka/troupes tchadiennes ont été révélés par  la MISCA (mission internationale de soutien à la Centrafrique). Des armes (fusils d’assaut israéliens) ont été  retrouvées aux mains de la Séléka, elles faisaient partie d’un lot du service de sécurité intérieure tchadien. Le 5 décembre 2012, Hollande reçoit Deby alors même que l’offensive Séléka est imminente. Y a-t-il eu marchandage pour que l’armée française reste passive ? Déby a-t-il accepté de soutenir la France au Mali, en contrepartie la France le laissait libre de déstabiliser Bozizé en Centrafrique ? Résultat : la Séléka est au pouvoir et la situation est totalement hors de contrôle. Quant aux relations de la France avec les anti-Balaka, c’est tout aussi troublant. Quand Bozizé en 2013 lance un appel pour reprendre le pouvoir, les autorités françaises ne bougent pas et ne font pas arrêter son fervent supporter, Levy Yakété, sur lequel pèsent de très lourdes charges (soupçonné d’avoir ordonné l’arrestation de personnes ayant des liens avec la Séléka, d’avoir recruté de jeunes miliciens pour agresser à la machette les personnes hostiles au régime de Bozizé, d’encourager la distribution de machettes aux jeunes chrétiens sans emploi pour faciliter les attaques contre les musulmans...). Ce personnage fuyant la Centrafrique en 2013 a été accueilli en France alors que suffisamment de preuves permettaient des sanctions à son encontre. Il est mort en France dans un accident de la route. De la même manière, un des fils de Bozizé, accusé d’avoir œuvré à la déstabilisation de la Centrafrique, n’a subi aucune poursuite. Cette proximité avec certains chefs anti-Balaka est d’autant plus ambigüe que la force Sangaris a agi de même. Les anti-Balaka n’ont pas été désarmés par Sangaris alors que les Séléka l’ont été, les laissant face à la vindicte populaire.
Le 31.10.2016, Hollande décidait de clore l’opération Sangaris, laissant sur place une situation où rien n’est réglé. On peut vraiment s’interroger sur les raisons de l’intervention française en Centrafrique, la remise en place d’une autorité légitime ne peut se faire sur la déliquescence des structures d’un pays.


Ce retour sur la succession des interventions militaires en Françafrique est démonstratif d’une politique du chaos nous entraînant dans des conflits ou des guerres qui couvent toujours.


Les seules revendications qui vaillent sont celles de Survie 

Pour faire cesser l‘impérialisme militaire française  en Afrique et ailleurs :
o   Fermeture des bases et retrait de l’armée française d’Afrique
o   Arrêt des interventions militaires sous commandement français en Afrique et de toute intervention dans ses anciennes colonies
o   Arrêt des ventes d’armes et de la coopération militaire avec des régimes répressifs

Pour obtenir la vérité et mettre fin à l’impunité :
o   Fin du monopole des poursuites par le Parquet et réintroduction de la possibilité pour les victimes de déclencher une enquête en déposant une plainte avec constitution de partie civile contre des militaires français en opération extérieure
o   Levée automatique du secret-défense en cas de procédure judiciaire (Rwanda, Côte d’Ivoire, Djibouti, Centrafrique..)
o   Reconnaissance officielle des crimes coloniaux et néocoloniaux de l’Etat français

Pour réduire le pouvoir de l’exécutif et établir un contrôle parlementaire effectif
o   Inscription dans la Constitution de l’obligation d’un vote au parlement pour tous les accords de défense et de coopération militaire, d’un vote des parlementaires préalable à toute intervention militaire à l’étranger et vote annuel sur la poursuite de l’intervention, avec création de moyens de contrôle
o   Instauration d’un tel contrôle parlementaire sur les services secrets et sur les interventions militaires à l’étranger, doté de moyens adéquats.   

Odile Mangeot, le 30 mars 2017

(1)   Rapport de Yanis Thomas Cinq guerres pour un empire. L’interventionnisme militaire français en Afrique 2011-2016. Survie http://survie.org/
(2)   Jean-Christophe Notin, 2013, Le crocodile et le scorpion. La France et la Côte d’Ivoire (1999-2013) éditions du Rocher p. 340

Encart 1
A l’ONU, la France continue de « tenir le stylo »
lorsqu’il s’agit de ses anciennes colonies
Même si le nouveau Secrétaire Général Antonio Guterres dit vouloir reprendre en main l’institution et contrecarrer la trop grande influence de certains membres du Conseil de sécurité, dont la France, il a maintenu un diplomate français au poste de responsabilité du DPKO (département des opérations de maintien de la paix). « C’est business as usual » se plaint l’un des nombreux diplomates qui aurait voulu qu’il soit mis fin à cette « tradition » de 20 ans…« La Chine a fait pression pour avoir le poste…. Mais Antonio Guerres devait une faveur à la France qui a été l’une des grandes puissances à soutenir très activement sa candidature au poste de secrétaire général »…  
In Billets d’Afrique n° 265, février 2017, David Mauger,
mensuel d’information sur la Françafrique édité par l’association Survie

Encart 2
Déni freudien
« Quand la France intervient en Afrique, ce n’est pas pour exercer une influence (…) et encore moins capter des ressources » a affirmé Hollande lors de son discours pour le Sommet Afrique-France de Bamako (les 13 et 14 janvier 2017). Franchement, ça va tellement de soi qu’on ne voit vraiment pas l’utilité de le préciser…
In Billets d’Afrique n° 265, février 2017

Encart 3
Faire du vieux avec du vieux
Fillon, l’homme qui aime bien « faire partager sa culture aux peuples d’Afrique » (…) a consacré son premier voyage de candidat à la présidence (fin décembre 2016) aux forces Barkhane au Sahel et a rencontré les présidents Issoufou au Niger et IBK au Mali, ce dernier a aussitôt affirmé qu’il était rassuré car « Fillon nous a dit que, s’il était élu, la France ne diminuerait pas son effort de guerre au Sahel ». Vu le coût de l’effort au regard de son efficacité, il est bien le seul à être rassuré….
In Billets d’Afrique, n° 264 janvier 2017

Le surcoût des OPEX depuis plusieurs années est d’environ 1,1 milliard€/an. On parle en surcoût car il faut entendre : toutes les dépenses supplémentaires de l’armée (en indemnités spécifiques, matériels, carburants….) dues aux OPEX. Par ex, en matière de personnels, la grosse part est l’indemnité de séjour pour service à l’étranger, etc.  


Encart 4
La guerre, formidable vitrine pour la vente d’armes.

La France se place entre la 3ème et la 5ème place mondiale en matière d’exportation d’armements. Les interventions militaires françaises constituent le meilleur moyen de promouvoir le matériel français. Ainsi le Rafale n’aurait sans doute pas été vendu à l’Egypte en 2015 (puis à l’Inde et au Qatar) sans les interventions en Libye et au Mali.