Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 29 janvier 2017

2017. Année de tous les dangers… de toutes les espérances ?

L’élection de Trump à peine scellée, on a assisté à une farce tragique comme pour conjurer le sort funeste qui semble surgir de la boîte de Pandore. La résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, avec l’abstention de la défunte administration Obama, condamnant la colonisation israélienne, tout comme la conférence de Paris qui s’en est suivie, ne sont pas autre chose. Que des chefs d’Etat réaffirment, après l’avoir de fait niée, la nécessité d’un Etat palestinien, apparaît comme la tentative de protéger contre lui-même l’Etat colonial d’Israël. Tous ces personnages semblent effrayés par la possible montée de la rage, du désespoir, de son éventuelle contamination par l’islamisme terroriste qu’ils ont peu ou prou provoqué, voire encouragé.

La fin de l’ère Obama, sur le plan international comme sur celui de la politique intérieure, résonne comme un échec.

Celui, d’abord, d’avoir voulu « diriger le monde de l’arrière » en utilisant la chair à canons arabe, les drones des assassinats prétendument ciblés qui, de fait, ont entraîné l’extension de la guerre (Syrie, Pakistan, Somalie, Yémen) (1). Comme un boomerang, le ressentiment haineux contre l’Occident a nourri et grossi les rangs djihadistes. Quant à « pivoter vers l’Asie » et contenir la Chine, la plus grande puissance militaire du monde n’a pu que constater le délitement de sa domination (Corée du Sud, Japon). Au Moyen-Orient, les puissances fragiles mais dictatoriales, la Russie, l’Iran, la Turquie dament le pion à l’aigle impérial. Trump entend y remédier. Son isolationnisme  n’est que la réaffirmation brutale des seuls intérêts états-uniens, y compris militaires. Les tapis de bombes pourraient succéder aux drones et conseillers militaires. Les loups de Wall Street et les militaristes qui composent son gouvernement ne sont pas herbivores. Les démagogues électoralistes vont vite révéler leur caractère carnassier.

Dans la continuité obamanesque, les requins de la finance, les 1%, vont continuer de se nourrir des petits poissons. Certes, les Etats-Unis sont déjà le pays où, proportionnellement à sa population, l’on incarcère le plus, celui où le racisme gangrène une société malade de sa désindustrialisation. Mais, si Trump entend faire souffrir encore plus ce grand corps malade, au bord d’une guerre civile froide, il se heurte déjà aux Afro-américains, aux femmes, aux écologistes, à tous ceux qui avaient espéré en Sanders. Le mouvement de contestation s’est levé, les tensions ne peuvent que s’accroître… Il en est de même dans le reste du monde pour le pire et le meilleur.    

Les poussées nationalistes et la xénophobie dans le monde dévoilent en creux désarroi, confusion, rancoeurs, mauvaise foi, qui lorgnent sur un hypothétique homme providentiel, un sauveur suprême. Ces passions tristes se heurtent aux passions joyeuses, celles de l’engagement collectif qui, pour que le monde change, clament : « La caste politicienne ne nous représente pas, leur démocratie n’est pas la nôtre ».

Les plaques tectoniques se sont mises à bouger tant sur le plan géopolitique qu’au sein des formations sociales. Nous sommes de nouveau en train de changer d’époque mais nous ne savons pas encore ce qu’elle nous réserve. L’ancien tarde à mourir, le nouveau ne parvient pas à naître. Dans cet entre-deux, les monstres surgissent.  (le 26.01.2017)


(1)   Lire à ce sujet Dirty wars : le nouvel art de la guerre (sous-titre Une armée secrète, une mission sans frontière, une guerre sans fin) de Jeremy Scahill, 2014, édition Lux