Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 9 novembre 2016

Revenu minimum garanti : réforme ou révolution ?

A l’approche des échéances électorales, présidentielles et législatives, voilà que resurgit, dans les discours de droite et de « gauche », le débat sur le Revenu d’existence, appelé aussi Revenu minimum garanti, allocation universelle, revenu inconditionnel… Ayant admis que l’on doit vivre avec un taux élevé de chômeurs, les tenants du libéralisme et de la marchandisation du monde concluant qu’il est « naturel » qu’il y ait des très pauvres et des très riches, conviennent qu’il est nécessaire de trouver des systèmes de compensation de ces déséquilibres « inéluctables ». Le Revenu de Base (nous le nommerons ainsi dans ce texte, englobant les autres formulations) atténuerait les inégalités. Cette approche séduisante, au premier regard, est peu sympathique à l’analyse.

Le Revenu de Base, outil de lutte contre la pauvreté et contre les inégalités ? 

Le plein emploi serait une valeur d’un autre temps. Il s’agit de repenser les modèles économiques et sociaux à cause du chômage, de la précarisation, de la soutenabilité de la croissance. Partant de ces postulats, un certain nombre de libéraux et sociaux-libéraux sont favorables au Revenu de Base, comme un revenu universel et individuel, attribué à chacun sans conditions de ressources. Il libèrerait l’individu de la tutelle de l’Etat (à la différence d’autres allocations appuyées sur des contraintes et des justificatifs). Il remplacerait partie ou tout des allocations sociales. Il serait instrument d’émancipation car il garantirait des moyens de subsistance réguliers et à vie. Chacun, ainsi, pourrait choisir son mode de vie. Cette notion, globale et aux contours flous, fait consensus chez les libéraux, comme les candidats potentiels à la présidentielle Nathalie Kosciusko-Morizet,  JP Poisson ou Frédéric Lefebvre (LR), proposant un revenu universel en remplacement de tout ou partie des prestations sociales et familiales. Les sociaux-libéraux ne sont pas en reste qui, de Benoît Hamon à Valls en passant par la Fondation Jean Jaurès(1), sont sur la même longueur d’ondes. Les divergences portent sur le montant, variant de 450€ (en-dessous du RSA !) à 750€ par personne, avec des variantes pour les retraités et les enfants. Ce fut même à l’ordre du jour du Sénat, le 19 octobre dernier, la commission parlementaire rendant son rapport et préconisant de mener des expérimentations de différentes formes dans divers territoires.

Tout le monde s’entend sur une définition minimale du Revenu de Base. Ceux qui défendent la version libérale, se réfèrent notamment à Milton Friedman (fondateur de l’école de Chicago) qui développait (dès 1962 dans Capitalisme et liberté), son programme de « combat contre la pauvreté » qui, « tout en fonctionnant par l’entremise du marché, ne devrait ni fausser celui-ci ni entraver son fonctionnement ». Il proposa un revenu minimum sous forme d’un crédit d’impôt universel, baptisé « impôt négatif ». Il s’agit de se libérer l’emprise de l’Etat en permettant que le Revenu de Base se substitue aux prestations sociales (assurance maladie, chômage, famille, vieillesse), et allège, ainsi, les entreprises des cotisations patronales !   
Pour ceux qui défendent la version plus socio-libérale, la nuance n’est guère perceptible : chaque individu recevra de la collectivité, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, sans condition, ni contrepartie, une somme régulière, cumulable avec d’autres revenus dont ceux du travail.

D’autres, comme Baptiste Mylondo, du courant de la décroissance, défendent, avec le Mouvement Utopia(2), le principe que chacun contribue à la société de manière différente, au-delà du travail, par la formation, l’aide à ses proches, l’engagement associatif… Pour eux, le Revenu de base ne suffira pas pour réduire les inégalités et la pauvreté, d’autres mesures sont nécessaires et  notamment un impôt sur le revenu fortement progressif, une taxe sur le patrimoine, un revenu maximum (de 1 à 4).

Enfin, à l’opposé du système capitaliste duquel l’on ne sort pas, avec les propositions évoquées ci-dessus, Bernard Friot (3) prône le Salaire à vie, une mesure « révolutionnaire » qui distribue à chacun un salaire, de l’âge de 18 ans à la mort, financé par la cotisation (nous y reviendrons dans la 2ème partie).  

On le voit bien, ce qui est en jeu est un projet politique qui réorganise l’ensemble de la société et son fonctionnement. Entre ceux qui continuent à penser qu’il faut liquider les prestations sociales (comme la Sécurité Sociale), le Revenu de Base peut être une aubaine : il en serait fini des cotisations patronales ! Même le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB), affirmant « qu’il ne s’agit pas de remettre en cause les systèmes publics d’assurances sociales mais de compléter et d‘améliorer la protection sociale existante », admet qu’il pourrait remplacer certaines prestations du régime de solidarité financées par l’impôt comme le RSA ou la CSG. De même, les allocations familiales pourraient être revues. Certes, le système actuel contraint à des contrôles des allocataires, des lourdeurs administratives, la non réactivité lors des changements de situation, ce qui, prétend-il, disparaîtrait avec le versement d’un Revenu de Base régulier. Ces positions sont ambivalentes dans leurs conséquences, car elles peuvent être l’aubaine pour supprimer les cotisations sociales ou encore réduire les dépenses publiques, en fermant des services devenus inutiles. De même, cela pourrait encourager des salaires plus bas ou des temps partiels sous-payés, le revenu de base servant de compensation, se muant ainsi en subventions aux patrons.      

Aux Pays Bas et en Finlande des expériences vont être mises à l’essai. A Helsinki, le Revenu de Base est vu comme un moyen d’améliorer l’efficacité de la protection sociale et de relancer l’activité en poussant les inactifs à reprendre du travail puisque le cumul sera possible ; cela permettra de « chasser les trappes à inactivité ». En 2017, une expérience pour 2 ans sera tentée dans quelques localités. C’est une béquille. Il n’est pas question de lutter contre la pauvreté, ni d’instaurer un droit au revenu, encore moins de se libérer de l’emploi. Rien de révolutionnaire mais une réforme de l’aide sociale. Et quand on apprend que même les gourous de la Silicon Valley débordent d’enthousiasme pour le revenu garanti pour tous !!! « Y Combinator, l’un des premiers incubateurs de start-up de la Silicon Valley a annoncé son intention de recruter un chercheur et une équipe de volontaires pour étudier la faisabilité du revenu garanti. Pourquoi ? Il y a la vieille allergie à l’Etat-providence, que le revenu universel, combiné à un démantèlement total des services publics, pourrait définitivement réduire à néant. Ensuite, l’automatisation croissante de l’industrie risque à terme de multiplier encore le nombre de chômeurs : le versement à tous d’un petit pécule garanti et sans conditions permettrait d’éloigner la menace d’un soulèvement populaire. Enfin, la nature précaire des emplois serait mieux supportée si les employés disposaient par ailleurs d’une ressource stable. Pour toutes ces raisons, le revenu garanti est souvent perçu comme un cheval de Troie au service des compagnies high-tech qui cherchent à se donner une allure altruiste. Adieu encombrantes vieilleries de l’Etat social. Adieu, régulations qui protégeaient encore un peu les droits des travailleurs. Adieu, questionnements pénibles sur la propriété des données personnelles extorquées aux internautes »(4).

Le capitalisme a l’art de récupérer, à son profit, des idées même les plus progressistes, pour mieux les torpiller. L’idée du revenu de base avance dans un brouillard volontairement entretenu, car il peut tout à la fois rétablir une certaine égalité, mais tout à l’inverse, permettre de supprimer tous les conquis sociaux qui constituent le salaire socialisé.

Le Revenu de base est suggéré par les néolibéraux qui pensent que l’Etat ne doit pas intervenir dans l’économie, que le système de sécurité sociale doit disparaître ainsi que les services publics et que les allocations minimales peuvent exister pour les « pauvres ». Partant de l’idée que les inégalités dopent l’initiative personnelle et la concurrence, ils préconisent de réduire les dépenses publiques, de circonscrire les droits sociaux en n’en garantissant que certains pour les plus démunis. Ainsi déconnectée de l’inégalité, la pauvreté n’est plus l’effet de l’inégale répartition des richesses mais peut être attribuée aux efforts insuffisants des allocataires sociaux pour réussir. Les aides sociales entretiennent les chômeurs dans le chômage. Macron n’affirmait-il pas : « Si j’étais chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre. J’essaierais de me battre d’abord »(5). Les néolibéraux ont réussi à faire passer l’idée que la pauvreté peut être combattue sans redistribution des richesses, renforçant l’idée qu’il suffit de se battre pour réussir. Ils veulent nous faire oublier que si la richesse des uns existe, c’est qu’elle se construit sur l’appauvrissement des autres.

Pour renverser le capitalisme, il faut renverser notre pensée

N’y aurait-il que les riches et les classes aisées qui auraient le droit de choisir leur vie ? Que vais-je entreprendre, en matière de formation, de travail ou pas ? Comment vais-je vivre bien ?  
Devons-nous considérer que le travail n’aurait qu’une vertu : rapporter de l’argent ? Ou peut-on imaginer que participer à la richesse collective justifierait certains droits,  dont celui d’échapper à la misère ? Dans cet esprit, le revenu garanti pour tous pourrait avoir du sens.
Doit-on considérer que le travail doit être obligatoirement aliénant, pénible ? Ou peut-on avancer qu’il participe à l’émancipation individuelle et collective, dans le sens où il donne accès à des connaissances, à des relations, e qu’il met en oeuvre la responsabilité collective ?
En répondant à ces quelques questions, on inverse la perception des choses : « Le chômeur indemnisé n’est pas un profiteur en puissance mais une personne compensée pour la privation dont elle souffre, celle de ne pas participer à la production collective ». .

Penser le travail autrement : le salaire à vie

Le salaire à vie, salaire universel, que l’on travaille ou pas, serait donné de l’âge de 18 ans à la mort, comportant 5 niveaux, de 1 500€ net à 6 000€ net ; il introduit le revenu maximum. Son montant serait fixé en fonction de la qualification personnelle et non par rapport au poste de travail occupé. Il aboli le marché du travail et, par conséquent, le chômage. C’est une reconnaissance pour toutes celles et ceux qui ne « travaillent » pas (les mères au foyer, les retraités, les sans travail…) et participent à la production collective, marchande et non marchande.  

Impossible ? Non nous dit Bernard Friot. La cotisation, telle qu’elle a été conçue et mise en œuvre pour financer les retraites, la sécurité sociale ou l’assurance chômage pourrait être étendue aux salaires. Actuellement cette mutualisation représente l’équivalent de 40% de la masse salariale, versés dans les caisses de la Sécu, des retraites, etc…, soit 476 milliards en 2014, très supérieur au budget de l’Etat, représentant 22% du PIB. Ces cotisations sociales sont transformées en salaire (le salaire socialisé) ; elles ne génèrent aucun profit, aucune  accumulation marchande (sauf lorsqu’il y a des déficits (le trou de la Sécu ou des allocations chômage), ce qui «oblige » les institutions à emprunter sur les marchés de capitaux, générant ainsi une rente financière). Ces cotisations peuvent être gérées par les salariés (comme les caisses de protection sociale l’étaient à l’origine). 

« Sur la base de ce déjà-là, on peut envisager la socialisation de l’intégralité du salaire par une cotisation qui se substituerait à la paie versée par un employeur. Il n’y aurait plus d’actionnaires, ni de patrons payant « leurs » salariés mais des directions d’entreprises qui verseraient une cotisation et recruteraient des salariés qu’elles n’auraient pas à payer ». Une caisse des salaires collecterait la cotisation. Le travail ne serait plus une marchandise que vend le salarié à son employeur contre une rémunération. La relation d’assujettissement du premier au second disparaîtrait.

Impossible de mettre ça en œuvre sans sortir du capitalisme. Bernard Friot affirme qu’il ne faut pas taxer le profit, il faut le supprimer. En supprimant le profit, on supprime la propriété lucrative pour instaurer une propriété d’usage. Tout employé d’une entreprise deviendrait copropriétaire d’usage de celle-ci et on ne pourrait plus faire de profit sur la propriété.

Cerise sur le gâteau, la cotisation pourrait aussi financer l’investissement. Actuellement, seuls les propriétaires et dirigeants décident de l’usage des profits générés par les entreprises. Une cotisation spécifique permettrait de financer les projets d’avenir. Les salariés géreraient la caisse et décideraient des projets. Ce mécanisme s’appliquerait aux services publics, financés par l’impôt, au logement, à l’énergie, aux communications, au crédit. « A terme, affecter l’intégralité de la richesse produite à la cotisation et donc au salaire socialisé, constituerait un acte politique fondamental : la définition de la valeur, sa production, sa propriété d’usage et sa destination reviendraient aux salariés, c’est-à-dire au peuple souverain » conclut Bernard Friot. C’est la socialisation de l’économie. Néanmoins, cette revendication structurelle ne peut être mise en œuvre sans « révolution » au sens d’un bouleversement des rapports de forces et des rapports sociaux dominants.


A l’issue de ce tour d’horizon rapide (6) pour démasquer les vrais des faux amis, il ne saurait être question d’accepter un revenu minimum pour ceux qui sont classés « inemployables », permettant de glisser sous le tapis les conquis sociaux, comme la Sécurité sociale, etc. Le partage de la richesse, donc la lutte contre les inégalités et la pauvreté, passe par un changement radical et une sortie du capitalisme. Les mesures d’aménagement proposées par la création d’un revenu de base, peuvent être une étape, mais surtout pas dans la version des néolibéraux et des sociaux-libéraux (à la mode Macron/Valls/Hollande). Un long combat à mener. C’est l’une des pistes pour la réelle transformation sociale. 

Odile Mangeot, le 25 octobre 2016
PS : cet article appelle à des commentaires, des compléments. N’hésitez pas à les écrire.


(1)   Think tank socialiste
(2)   Mouvement politique de réflexion, appelant au dépassement du capitalisme (compte des membres de EELV, du PG et du PS ainsi que des associations)
(3)   Bernard Friot, sociologue, a fondé le Réseau Salariat www.reseau-salariat.info. A écrit notamment L’enjeu du salaire (2012) et Emanciper le travail (2014) 
(4)   Blog du Monde Diplomatique : L’utopie du revenu garanti récupérée par la Silicon Valley (29.02.2016) Evgeny Morozov 
(5)   Sur BFM TV, le 18.02.2015
(6)   Cf article paru dans PES n° 16 (août 2015) « Face aux projets pour un revenu à vie » de Jano Celle

Sources :
-        le Monde diplomatique juillet 2016 Une idée révolutionnaire…ou pas. Le revenu garanti et ses faux amis de Mona Chollet
-        Manuel d’économie critique– hors-série du Monde Diplomatique, paru en septembre 2016, réalisé à partir des programmes d’économie de première et de terminale. Il a pour objectif de rendre l’économie accessible au plus grand nombre et en souligner la nature politique. Rappeler que, comme la chose publique, l’économie est l’affaire de tous et permettre à chacun de s’en emparer. Loin des dogmes, il s’agit de remettre l’économie au service de la société.  


Encarts

La Sociale, le nouveau film de Gilles Perret
Sera diffusé à l’initiative des Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté et les Amis de l’Emancipation Sociale les :
mardi 6 décembre 2016, au cinéma le Colisée à Montbéliard (20h15)
mercredi 7 décembre 2016 au cinéma Méliès à Lure (20h30)
jeudi 8 décembre 2016 au cinéma Majestic à Vesoul (20h30)
vendredi 9 décembre 2016 au cinéma Victor Hugo à Besançon (20h30

Après Ma mondialisation, Walter retour en résistance, De mémoires d’ouvriers ou encore Les jours heureux, Gilles Perret nous transporte dans les luttes populaires et les avancées sociales extraordinaires qu’elles ont permises. Parmi elles, la création, il y a 70 ans, de la Sécurité Sociale. D’où elle vient, ce qu’elle est devenue et ce qu’elle pourrait devenir. Une Histoire peu ou pas racontée jusqu’à ce jour nous concerne tous. 

Les films seront suivis d’un débat en présence de Stephane Perriot, monteur du film.



Direction des Ressources Heureuses
 Julien Brygo et Olivier Cyran
Extraits d’un article paru dans le Monde Diplomatique d’octobre 2016

« Les patrons n’exagèrent-ils pas un peu dans leur souci de faire le bonheur de leurs salariés ? Aux forçats du travail qui rament pour des queues de cerise et n’auraient peut-être pas songé à se poser pareille question, l’émission « Envoyé spécial » (…) vient d’administrer une édifiante leçon de rattrapage. (…) Elle nous emmène sur les pas de Sophie, chief happiness officer dans une start-up parisienne (…). Inventé aux Etats-Unis, ce nouveau métier, que l’on pourrait traduire par « chef du service bonheur » consiste à « créer une bonne ambiance au bureau » en égayant le personnel par des repas, des soirées ou des sorties propres à souder le groupe et à galvaniser son ardeur à la tâche ».
Dans le même genre, « le 4 avril dernier, en pleine mobilisation contre la loi travail, alors que l’exaspération face aux ravages de la précarité et à l’épidémie des boulots de merde, enflait dans la rue, l’émission Happy boulot (…) - tous nos conseils pour bien démarrer votre journée de travail – (…) s’inquiétait des excès de générosité auxquels en sont réduits les employeurs.
et les patrons en donnent tant que  ‘le risque à terme, c’est d’être à court d’idées de gentillesses’. Voilà un angle d’attaque que les syndicalistes utilisent trop rarement : cette tendance lourde du patronat à gâter ses employés ».
La mode du bien-être au travail (…) ruisselle parfois au compte-gouttes sur les échelons inférieurs de la hiérarchie, comme l’explique le patron des salades en sachet Florette (…), cet adepte du lean management clame son attachement aux « théories qui encouragent les salariés à travailler avec beaucoup de liberté »… Rappelant que « l’entreprise ne peut pas être une démocratie » » (tout de même !) il a pris des « mesures pour encourager le bien-être(…) il a ouvert une salle de sieste équipée de poufs Fatboy »…

Cette surexposition médiatique des gâteries patronales ne relève pas seulement d’un aimable dérivatif (…) elle consacre aussi la ligne de démarcation qui structure le monde du travail. D’un côté, une aristocratie laborieuse dotée de bons revenus (…). De l’autre, les millions de sujets d’un marché du travail que l’on ne saurait même plus qualifier de salariat, tant y prolifèrent les statuts au rabais …La condition des trimardeurs de l’industrie des services se dégrade au même rythme que celle des « statutaires », pour lesquels le « bien-être au travail se résume souvent à l’espoir de ne pas sortir trop abîmés des techniques managériales mises en place pour les essorer. Dans les entreprises et services publics qui l’ont adopté, le lean-management (…) s’illustre moins par des massages de pieds que par des burnout en série…(à la Poste et dans les hôpitaux)(…) au CHI de Toulouse où quatre membres du personnel infirmier se sont donné la mort au cours de cet été…