Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 24 octobre 2016

Edito du PES n° 26 (paru début octobre 2016)

Surenchères sécuritaires et austéritaires

Le grand cirque médiatique des primaires et des élections présidentielles et législatives qui s’en suivront, va être l’occasion de diffuser la peur et l’angoisse. Pour les castes politiciennes en concurrence qui aspirent à gouverner, il s’agit de démontrer démagogiquement qu’elles pensent rassurer et protéger le corps social. Face à la menace d’attentats des partisans de l’OEI, tout un arsenal répressif a été mis en place afin que les gouvernants ne perdent pas la face. Quant à la montée du chômage et de la précarisation de la société, elles comptent juguler la colère sociale en criminalisant le mouvement syndical et associatif, tout en démantelant encore plus les droits du travail. La loi El Khomry est en effet jugée insuffisante au regard de la déréglementation mise en œuvre dans les autres pays européens.

Les Hollande/Valls auront permis la mise en place d’un régime répressif sans équivalent. A l’occasion de la prolongation de l’état d’urgence et suite à l‘attentat de Nice le 14 juillet, une nouvelle loi s’est greffée sur le texte initial. Même le syndicat des magistrats (USM) classé à droite l’a jugé « inquiétante ». Tout pouvoir est donné aux préfets et procureurs pour procéder à des perquisitions administratives, des saisies informatiques, des contrôles d’identité et fouilles de véhicules. « L’élargissement » des écoutes à toute personne susceptible d’être en lien avec une menace… Certains députés ont même affirmé que ces mesures pourraient s’appliquer « au gré des faits divers » comme « le viol ou le meurtre d’un policier ». Le principe de l’individualisation des peines et la restriction du pouvoir des juges font dire à certains : « le droit se meurt ».

Et tous ces présidentiables, comme Sarko et Le Pen, de renchérir sur les assignations à résidence, la rétention dans des centres fermés.  Hervé Morin prône, quant à lui, « l’israélisation » de notre sécurité : loi des suspects, lettre de cachet… Police partout et justice nulle part. En juillet 2015 déjà, Delarue qui préside la commission du renseignement, s’inquiétait qu’une loi raisonne en fonction des entourages et non plus des seuls individus répertoriés comme dangereux.

Mais, ce qui est bien plus grave, c’est la certitude que ces mesures présentées comme visant les terroristes sont appelées à être détournées. A l’occasion de la COP 21 déjà, 481 militants écolos étrangers ont été interpelés, 27 français assignés à résidence. Lors des manifestations contre la loi dite Travail, 130 assignations à résidence ont été prononcées sans compter les violences policières, les procès contre les syndicalistes. Car la violence sociale va s’accentuer, les fermetures d’entreprises se succédant, le chômage (55 200 chômeurs catégorie A en plus viennent d’être annoncés) et la précarisation ne font que croître.

Face à cette réalité, tous les prétendants au poste suprême se proposent de « libéraliser » encore plus le marché du travail et de réduire les prestations sociales. Les 35 heures aux oubliettes, la retraite à 67 ans… Il s’agit d’accroître le taux d’exploitation des classes populaires et d’organiser une paupérisation « acceptable » pour réduire la dette de l’Etat. Enfin, l’agitation médiatique autour de l’identité franchouillarde et autres gauloiseries de Sarko, l’Astérix de fraîche date, vise à dresser les français de souche contre les étrangers et les musulmans. Cette guerre civile contre les « inassimilables » est en germe dans les propos racistes tenus, plus ou moins, par les uns et par les autres.


Certes, dans l’opinion, la parole des politiciens est dévaluée, la défiance assez générale, toutefois, trop d’illusions persistent ; le Macron a la cote auprès des bobos, Juppé peut sembler le moindre mal, voire la Le Pen remettre de l’ordre. Et puis, même si l’abstention se fait massive, rien ne changera. Reste la perturbation sociale du cirque électoral, l’intrusion sur la scène publique de mouvements sociaux d’ampleur faisant vivre l’utopie réaliste de la rupture avec la chape de plomb du capitalisme financiarisé qui ne peut se maintenir que par la peur, l’angoisse ici et les guerres ailleurs.