Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 26 février 2016

Pour l'Emancipation Sociale (PES)
Le n° 21 est paru

édito

 A défaut de redresser 
la courbe du chômage,
Hollande soigne 
sa courbe d’impopularité


Décidément, rien n’y fait. Il aura pourtant tout essayé. Du « normal », il a viré pathologique. Et pourtant, que de cadeaux au patronat pour tenter la relance de la croissance et de l’emploi, et maintenant, le détricotage des droits du travail et des 35 H avec El Khomri aux avant-postes. Gattaz, évidemment, salue le courage du président, bien décidé à enterrer le PS.
Il y avait pourtant crû à l’inversion de la courbe du chômage et se trouva tout penaud dans le tréfonds sondagier de la courbe de l’impopularité. Il s’était pourtant vu en homme providentiel, au-dessus de la mêlée de droite et de gauche, lui qui prétendit revêtir la toge de l’union sacrée, face aux attentats terroristes. Il en a pourtant fait une tonne : surfant sur la peur et l’émotion, déclarant l’état d’urgence, en s’appuyant sur les godillots des deux côtés de l’hémicycle parlementaire. Et tous heureux de célébrer le général d’opérette et de surenchère, qui, monsieur 5% de bombardements en Irak et en Syrie, assura qu’il allait éradiquer l’Etat Islamique. Lui qui, face aux réfugiés,  n’a que le bidonville de Calais à proposer et mégote sur les menues places que pourrait offrir la 5ème puissance mondiale ! Le grand prêtre de l’Etat d’urgence et de la déchéance de nationalité trouve ce peuple bien versatile.
Lui, le croyant dans l’Europe libérale, a beau se prosterner devant les marchés, rajouter 2 milliards pour caser les chômeurs en formation, fourguer des apprentis sous-payés au patronat, rien n’y fait ! Il y a toujours une catégorie de plaintifs qui lui gâchent sa jovialité apparente : les taxis, les agriculteurs et, surtout, ces irréductibles de Notre-Dame-des-Landes. Avec le référendum dégainé comme ultime arme contre ces récalcitrants et avec les coups de menton de Valls, il pensait avoir trouvé la parade ; mais quel périmètre à cette consultation dont personne ne veut ? Et que dire de ce rapport(1) qui affirme que l’agrandissement de l’aérodrome existant est possible ? Le général d’opérette risque de s’embourber dans ce terrain humide.
Il a pourtant largué les amarres de Taubira pour soigner sa droite, attiré dans ses filets Cosse l’écologiste, pour mieux diviser son propre camp et donner une leçon à l’ingrate Duflot. Il a pourtant récupéré Ayrault pour calmer son amertume frondeuse, appelé le supplétif Baylet qui affichait des intentions belliqueuses s’il n’obtenait pas un maroquin ministériel. Il a bien rameuté quelques femmes pour les caser dans des sous-secrétariats d’Etat comme celui, hautement symbolique, de l’égalité réelle ! La com’, il connaît. Mais rien n’y fait ! Le replâtrage du remaniement apparaît pour ce qu’il est, un reniement supplémentaire.
Alors, la messe est dite ? Non ! Il faut encore un Te Deum : plier le genou devant Cameron et Merkel, essayer encore et toujours des petits calculs politiciens tout en brandissant l’arme du 49.3 pour mettre au pas les frondeurs. Et puis après, quitter la scène comme le Badinguet ?(2) L’année 2016 pourrait être l’année où le général Hollande rend les armes comme Napoléon III à Sedan. Cambadelis s’apprête déjà à organiser la primaire sans lui. A défaut d’être réjouissant, on nous imposera le spectacle affligeant, à gauche comme à droite, de la lutte des égos.

(1)    Cf article dans ce numéro

(2)    Badinguet, surnom donné à Napoléon III qui, s’enfuyant du fort de Ham où il avait été enfermé suite à sa conspiration, emprunta les habits du maçon Badinguet, surnom satirique dont l’affublèrent tous ses opposants.