Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 2 septembre 2015

L’association Amitié et Echanges Culturels internationaux (AECI)
 et Les Amis de l’Emancipation Sociale (AES)
vous invitent à participer à une soirée débat et de soutien

Les Chibanis de la SNCF
en lutte
pour l’égalité des droits

en présence de
Mazouz BENLAZERI
Militant syndical CGT, engagé dans la lutte
avec la participation de travailleurs immigrés de la SNCF

Vendredi 18 septembre 2015 à 20h Salle de l’AECI (pôle sportif de La Chiffogne)
38, Bd du 21ème BCP à MONTBELIARD
Les « Chibanis du rail » luttent depuis de longues années contre les discriminations qu’ils subissent, la SNCF ne leur permettant pas d’accéder au statut administratif de « cheminots ». Après 14 ans de bras de fer juridique, le jugement de plus de 200 dossiers sera rendu le 21 septembre prochain devant la Cour des Prud’hommes de Paris.
Venez vous informer et débattre pour les soutenir

Plus d’infos sur cette affaire  sur le site www.droit-a-la différence.org



Amitié et Echanges Culturels Internationaux 38 Bd du 21ème BCP 25200 MONTBELIARD/Amis de l’Emancipation sociale 76 avenue Carnot 70000 LURE
D’où vient Syriza ? Jusqu’où peut-il aller ?

Syriza est une formation hybride. Avant de retracer à grands traits l’itinéraire de cette coalition qui épouse les soubresauts provoqués par le néolibéralisme, son durcissement suscité par la crise de 2007-2008 et l’hégémonie austéritaire de l’ordo-libéralisme allemand, il convient d’abord d’évoquer sa composition.

Au sein de Syriza on trouve des sociaux-démocrates issus du PASOK, des écologistes, l’organisation communiste de Grèce (KOE), la gauche ouvrière internationaliste (DEA), Action Commune de la Gauche, Citoyens Actifs, les éco-socialistes de Grèce, le groupe Rosa, les Nouveaux Combattants, le groupe politique anticapitaliste… Un véritable patchwork.

En fait, ce conglomérat qui a réussi à s’unir sur le programme de Thessalonique rassemble un spectre large : d’ex-maoïstes aux trotskistes, en passant par d’ex-communistes jusqu’aux sociaux-démocrates. La majorité est très légaliste. Elle reste marquée par la croyance que l’on peut faire évoluer l’Europe de l’intérieur. Les différentes strates qui ont constitué Syriza, tout comme les différentes stratégies suivies avant la crise financière et après, illustrent bien les difficultés idéologiques et politiques que rencontre cette formation politique.

Son histoire trouve sa source dans la corruption et l’effondrement du PASOK

Tout commence en 1974 par une rupture au sein du KKE, le parti communiste grec, très stalinien, encore faut-il préciser que la guerre civile, l’intervention britannique, le lâchage du Kremlin, suite au « partage du monde » résultant des accords de Yalta, avaient divisé les communistes entre ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur (1). Mais 1974, c’est plutôt l’époque de l’eurocommunisme, l’amorce d’un effondrement d’une conception de dépendance vis-à-vis de Moscou.

En 1988, revirement et alliance contre nature pour battre le PASOK corrompu et pro-américain. Le KKE et ses dissidents forment une coalition de gauche et de progrès et s’allient à Nouvelle Démocratie, parti de droite classique. Résultat catastrophique, le KKE perd 40% de ses cadres.

En 1992, est constitué Synaspismos, à partir des scissionnistes du KKE, d’éléments de gauche du PASOK, d’écolos et d’extra-parlementaires. C’est là que se trouve l’origine de Syriza qui, à cette époque, se définit comme un parti pluraliste prônant l’économie mixte dans le cadre du capitalisme (comme Mitterrand en 1979/1982). En 1993, les scores aux législatives et aux européennes (respectivement 3 et 5%) démontrent que cette formation politique reste marginale, ce qui la conduit à se rapprocher des mouvements sociaux dès 2000 : le tournant néo-libéral commence à faire des ravages. Les plus droitiers de ce rassemblement scissionnent en 2010 pour former DIMAR, espérant certainement acquérir plus rapidement des postes ministériels ou de députés en se rapprochant du PASOK. Synasprismos y gagne en cohérence et en radicalité d’autant que d’autres formations rejoignent ce parti. Qui plus est son organisation de jeunesse est une véritable pépinière dynamisant ce parti de cadres qui dès 2012 intègre par ailleurs, de nombreux syndicalistes. Malgré les divisons politiques et l’absence de corpus théorique solide, le Congrès de juillet 2013 marque un tournant dans l’organisation d’un Front social (dit) unifié (Syriza). Tsipras est élu président mais la minorité, « la plateforme de gauche », recueille 30.18% des sièges au comité central. Cette évolution reflète celle de l’effondrement du PASOK ainsi que le rejet croissant des partis dominants (PASOK et ND). 2012 est en effet l’année de l’essor électoral de Syriza (16.78 puis 26.84%). Le KKE stagnant, (8.15 puis 8.48) Syriza, acteur dominant de la « vraie » gauche, après la défaite du PASOK se présente désormais comme un parti de gouvernement. Les divisons et la faiblesse de la droite (ND) au pouvoir, son incapacité à élire un président de la République et les élections anticipées vont permettre à Syriza d’accéder au pouvoir en se présentant comme le parti anti-austérité attrappe-tout. Avec 36.34% des voix (8.5 de plus que la droite) malgré la prime au gagnant, Syriza, pour former une majorité parlementaire s’allie avec les « grecs indépendants » (ANEL), une formation de souverainistes de droite.

4 types de stratégies avant et après la crise financière

Est prônée d’abord une participation au gouvernement en alliance avec le PASOK, pour former une espèce de gauche plurielle. La débâcle électorale qui suit cette première période provoque un changement de stratégie : le parti se situe désormais en concurrence avec le PASOK et en 2000 entre en dialogue-intégration avec d’autres composantes plus radicales. L’approfondissement de la crise grecque, la mise en œuvre des 1er et 2ème  mémorandums austéritaires sont un catalyseur. Syriza soutient les mouvements de jeunesse et les mouvements sociaux. Toutefois cette troisième stratégie plus contestataire reste marquée par l’ambiguïté.

La politique austéritaire du PASOK fera évoluer la direction de Syriza : du mot d’ordre de « gouvernement de toute la gauche » on passe au « gouvernement de tous les Grecs autour de Syriza « et à une prise de distance par rapport à la lutte des classes pour prôner l’unité du peuple résistant et opprimé et la lutte nationale contre la colonisation par la finance.

Le programme de Thessalonique lui-même reste marqué par un réformisme radical. La rupture avec le capitalisme et l’eurocratrie en est absente.

L’éradication des mémorandums qui est prônée est conditionnée à une négociation sur le modèle allemand de 1953, de même la suppression unilatérale ( !) de la dette est suspendue à un accord avec les créanciers. Certes, les revendications issues des luttes populaires ne manquent pas : réembauche des fonctionnaires licenciés, baisse des taxes, augmentation du salaire minimum, des pensions les plus faibles et de l’allocation chômage et mesures immédiates à caractère humanitaire.

Peut-on dès lors s’étonner que ce réformisme ait été mis en échec face à la « conscience de classe ahurissante » de la troïka pour reprendre les termes employés par Varoufakis ? L’aveuglement de la majorité de Syriza est peut-être plus profond. Varoufakis, lorsqu’il était ministre des finances, découvre la base sociale interne dont dispose la troïka, tous ces corrompus et tous ces hauts fonctionnaires aux revenus mirobolants protégés, voire mis en place par l’eurozone, et son incapacité à les déloger, voire à réduire leurs rémunérations. Par ailleurs, le poids des USA dans l’armée, jouant sur les sentiments nationalistes et anti-turcs, n’est pas à négliger. Pour preuve les manœuvres militaires de l’armée israélienne en territoire grec pour expérimenter l’utilisation des hélicoptères Apache… et ce, avec l’agrément public du ministre de la défense Kamenost, suite à l’accord conclu en juillet 2015 ! (1)

Serge Victor le 16.08.2015

(1)   Voir à ce sujet l’article d’Ali Abonimah « Grèce-Israël. Un type d’accord sans précédent » sur le site A l’encontre du 16.08.2015

Source pour cet article : la contribution de Lamprini Rosi dans l’excellente revue Savoir Agir n° 32



Nauru. Les Maldives. Bikini.
 Ces paradis sont des enfers

C’est l’incroyable et pourtant bien véridique histoire de l’île de Nauru, contée par Naomi Klein(1), ainsi que deux articles du Monde(2) qui m’ont incité à penser que ces îles du Pacifique sont le reflet ahurissant du « capitalisme du désastre »(1). Elles préfigurent, malgré toutes les contorsions humanitaristes, un avenir qui se dessine comme une probabilité insoutenable.

Nauru. Du paradis à la décharge humaine.

Pendant des centaines de milliers d’années, sur des récifs coralliens de l’Océanie, des oiseaux migrateurs ont fait escale, y trouvant crustacés et mollusques à leur goût. Leurs excréments déposés sur les récifs formèrent une masse rocheuse se couvrant peu à peu d’humus, de forêts, de cocotiers. La population peu nombreuse sur cet oasis tropical de 21 km2 était tout aussi paisible que ses plages de sable fin : elle se nourrissait de poissons, de volailles sauvages et de fruits abondants.

Vint le temps de la colonisation et la surprenante découverte : cette île fabriquée par la fiente d’oiseaux n’était qu’un immense gisement de phosphate de chaux. Des firmes germano-britanniques puis australiennes entreprirent l’extraction systématique de ce minerai pour fertiliser les terres agricoles d’autres pays. Dans les années 60, derrière les plages et le rideau de cocotiers, l’île était dévastée, la forêt avait disparu pour ne laisser qu’une immense carrière à ciel ouvert. Le centre de l’île était devenu inhabitable. Deux routes, l’une menant au centre, lieu d’extraction, l’autre faisant le tour de l’île où se concentraient les habitants et leurs résidences sur une étroite bande côtière, symbolisaient le désastre à venir lorsque les réserves de phosphates seraient épuisées et donc la fin des redevances fournies par les sociétés minières.

En 1968, Les Nauruans crurent avoir trouvé le moyen d’assurer leur survie. Ils placèrent leurs recettes minières dans le marché immobilier australien et hawaïen, avec pour objectif de réhabiliter leur île…

Dans les années 70-80, la presse occidentale se fit l’écho de l’extraordinaire reconversion de ce lieu d’extrême opulence : le PNB par habitant classait ce pays comme le plus riche après… l’Arabie Saoudite. Mieux ! Tous les habitants avaient accès aux logements gratuits climatisés, aux fêtes permanentes et extravagantes, le chef de police était muni d’une rutilante Lamborghini. Bref ! L’argent coulait à flots et la jeunesse en moto, souvent ivre, faisait le tour de l’île en moins de 20 minutes. Ombres au tableau : désoeuvrement, obésité, diabète et chute de l’espérance de vie… dans cette île paradisiaque vivant de l’export d’engrais agricoles mais où pratiquement tous les produits de consommation devaient être importés, y compris les fruits et légumes.

Mais, reconvertir la rente minière en rente immobilière à caractère spéculatif s’avéra une option désastreuse lorsque ces revenus s’effondrèrent. Pour y pallier, l’île se reconvertira en 1990 en paradis fiscal. De la rente immobilière on passa à la rente financière adossée au blanchiment d’argent. L’effondrement de l’URSS, le pillage des biens publics privatisés assurèrent une courte conjoncture favorable. Gangsters et oligarques russes, comme d’autres aventuriers de la finance, furent hébergés sur cette île de plus de 400 banques fantômes (selon certaines estimations, ce sont 70 milliards de dollars qui y trouvèrent refuge). Depuis la crise de 2007-2008, pour les 9 500 habitants de l’île, une nouvelle reconversion s’imposait…

Une nouvelle période s’ouvrait en effet. Celle des guerres dévastatrices au Moyen-Orient, des crises de régime entraînant la désignation de boucs émissaires ethniques et religieux et celle des désastres écologiques et climatiques. Les dirigeants de la République… du Nauru ont donc accepté, sous l’influence de la « démocratie » australienne, « d’accueillir », de devenir un centre de concentration des « demandeurs d’asile ». La sous-traitance étant de mode, les « indésirables » dans le continent australien sont donc acheminés et parqués dans une prison à ciel ouvert. Les Nauruans, désormais, travaillent au gardiennage d’un véritable camp de concentration infesté de rats, au milieu de l’île aride, où les journalistes sont interdits d’accès. Hommes, femmes, enfants pakistanais, birmans, bangladais, irakiens, sri-lankais, s’y entassent. Malgré la surveillance, des vidéos, des témoignages sont parvenus à les tirer de l’oubli : suicides, grèves de la faim, révoltes s’y sont multipliés. Amnesty International dénonce « Nauru la cruelle » et le rapport du Haut-Commissariat des Réfugiés de l’ONU s’insurge « contre les traitements inhumains et dégradants ». Demain, ou plus tard, des subsides de riches donateurs humaniseront peut-être cet enfer tropical dont le point culminant n’est situé qu’à 71 mètres du niveau de la mer et dont 90% du territoire est dévasté par l’activité minière.

Un sentiment d’angoisse pénètre, paraît-il, les Nauruans, coincés qu’ils sont entre le désert intérieur, les terrifiantes inondations menaçant les côtes, la hausse du niveau de l’océan et une dette de 800 millions de dollars. Aujourd’hui, l’aéroport international (!) ne reçoit plus que de rares avions. Quant aux cargos, ils ne passent plus qu’une fois par mois pour décharger quelques vivres et surtout des migrants interceptés… « L’opération Pacifique », cette dénomination euphémisée et cynique de l’île prison pour réfugiés, a paraît-il trouvé des adeptes en France. Comme l’Australie, il suffirait de trouver une île (grecque ?), des gardiens et pourquoi pas, comme le gouvernement australien, un peu plus de 13 millions d’euros pour faire fonctionner un camp européen de « rétention »... Sauf, qu’il faudrait encore tirer de Nauru, comme disent les experts, un « retour d’expérience ». Dans cette île, en effet, tous les gardiens ne sont pas sûrs et la convention de Genève sur les réfugiés demeure un obstacle à faire sauter. Eh bien ! Les Nauruans, opposants au régime, bien que parlementaires furent exclus de cette instance, ceux-là et les autres, sont menacés de peines de prison. Quant aux avocats et représentants d’ONG, ils n’obtiennent pas de visas. L’Europe forteresse vaut bien un requiem pour les droits des indésirables et quelques entorses « sécuritaires » !!!


Des Maldives à Bikini

Dans l’océan Indien, l’archipel des Maldives, avec ses 1 200 îles paradisiaques, fait rêver, du moins ceux qui font partie des touristes les plus aisés. En fait, les lagons, les eaux cristallines que parcourent les voiliers des Occidentaux fortunés, occultent la division du monde qu’elles représentent. La nature n’y est pour rien, les Maldiviens qui occupent 200 de ces îles en sont l’illustration. Ils sont 345 000 habitants et la spécialisation de ces micro-territoires du Sud oriental nous renvoie l’absurde image de notre contemporalité. Pour les touristes occidentaux, les sites spécialisés, îles-hôtels, îles-aéroports, îles touristiques, tout ce qui procure 80% de la richesse des Maldiviens, prévalent.

Pour les Maldiviens, il y a la capitale à Malé, territoire le plus peuplé, mais il y a aussi l’île du Président, l’île élevage, l’île citerne, des îles prisons et même, une île poubelle. Mais, là, le paradis a un tout autre visage : le régime est plus wahabite que celui des Saoudiens. La charia est loi, le port du niqab est obligatoire pour les femmes et, en 2014, la peine capitale a été étendue aux enfants. Il paraît que les Maldiviens seraient, non une réserve d’Indiens, mais de djihadistes dont nombre d’entre eux combattraient en Syrie et en Irak. Pour eux, il y aurait même des îles repos. Comme sur une grande partie de la planète, aux Maldives, coexistent deux mondes séparés qui se font face : l’un s’apprêtant à engloutir l’autre.

A Bikini, cet engloutissement, grandeur nature, s’est accompli… définitivement en juillet 1946.

Bikini, c’est un ensemble de récifs coralliens et d’îles bordées de sable blanc, entourant un immense lagon aux eaux turquoise. Ce serait encore un paradis pour les plongeurs… s’ils pouvaient y aborder. Il y avait là, plus d’un millier d’habitants, il n’y en a plus, ne reste de la présence humaine que 4 à 6 « résidents non permanents » qui s’y relaient.  

Certes, la guerre du Pacifique est passée par là, à preuve les carcasses rouillées de bâtiments US qui croupissent dans le lagon. Mais c’est avant le 1er juillet 1946 que la population a été « évacuée » (raflée ?). Après Hiroshima et Nagasaki, la bombe atomique se devait d’être perfectionnée pour « garantir la paix et la démocratie ». Vingt-deux « essais » jusqu’en 1958, date de l’explosion de « Castel Bravo », cette bombe H mille fois plus puissante que celle d’Hiroshima. Trois îles sous l’impact ont disparu, à jamais… pour faire avancer la science !

Au cours de ces « expériences », les populations ont été déplacées, toujours un peu plus loin vers le Sud. Quelques « résidents non permanents » s’y succèdent pour observer les résultats de la puissance (in)humaine : radioactivité, sécheresse, typhons et, avec le changement climatique, l’irrésistible montée des eaux.

L’humour cynique de ladite Communauté Internationale tente de rassurer. En 1998, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) recommandait de ne pas repeupler l’atoll Bikini. En 2010, l’UNESCO le déclara patrimoine mondial de l’Humanité, symbole de « l’entrée (mortifère ?) dans l’âge nucléaire ». N’étaient-ils pas dans la droite ligne du discours d’Eisenhower qui, en 1959, prônait les « atomes pour la paix, le bonheur et le bien-être » ? (3) 

Quand le Maire de Bikini, de ce petit millier d’habitants expatrié sur les îles Kili et Ejit, s’avisa de demander, pour son peuple, l’asile aux Etats-Unis, cette outrecuidance ne lui valut, pour toute réponse, qu’un silence méprisant. L’administration américaine n’avait-elle pas versé, pour solde de tous comptes, 500 millions de dollars aux victimes des radiations !

En juillet 1946, aux Etats-Unis, fut lancée la mode du bikini, ce maillot deux pièces n’avait rien à voir avec l’atoll du même nom. Pour le plaisir des yeux, sur les plages ensoleillées, la genre humain put reluquer, parmi celles qui en portaient, quelques bombes anatomiques. Ainsi va l’humanité. Il en sera ainsi tant que les peuples ne sauront pas l’histoire qu’ils font ou laissent faire, y compris, voire surtout, dans les pays dits démocratiques.

Gérard Deneux le 12.08.2015

(1)  Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique, Naomi Klein – éditions Fayard. Dans son précédent ouvrage La stratégie du choc, sous-titre Capitalisme du désastre, Naomi Klein relate le libéralisme sauvage qui s’est emparé de l’URSS après son effondrement privatisations-spoliation et émergence des oligarques. Editions Fayard  
(2)  Sources : articles du Monde des 5/6 et 10 août 2015 ainsi que la tribune signée par Pascal Carcanade, Laurent Cibien, Luc Fiollet. A noter que ces 3 auteurs ont réalisé un film-documentaire « Nauru, l’île perdue » et que Luc Fiollet lui a consacré un livre Nauru, l’île dévastée, éditions la Découverte, 2010

(3)  Lire à ce sujet Les sanctuaires de l’abîme. Chronique du désordre de Fukushima  de Nadine et Thierry Ribault, éditions l’encyclopédie des nuisances. Nous est contée, entre autres, la manière dont le Japon fut doté par les USA de l’industrie nucléaire et comment nombre de criminels de guerre amnistiés ou blanchis furent propulsés à de « hautes » responsabilités. 
Au sommaire du n° 16 de PES

- un article sur "la Grèce. Avant et après la capitulation"
- D'où vient Syriza ? Jusqu'où peut-il aller ?
- Nauru. Les Maldives. Bikini
- TOTAL à folie prédatrice sur la planète
- Face aux projets pour un revenu à vie
- l'ubérisation ou la nouvelle cuisine capitalistique
et notre rubrique
- Ils, elles luttent
- Nous avons lu
Le numéro 16
de PES - Pour l'Emancipation Sociale -
est paru
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Gérard Deneux
76 avenue de la République
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Voici l'éditorial

L’Europe désunie et les craquements du monde capitaliste

Ce numéro de rentrée est largement consacré à la Grèce, où, depuis le mois de juin, les évènements se sont précipités. S’il y a lieu de s’interroger sur la capitulation de Tsipras, il convient également de mesurer l’impact de ces prétendues négociations imposant l’austérité renforcée et la spoliation des biens publics grecs. Certes, une certaine espérance sociale, nourrie d’illusions sur la transformation « progressiste » de cette Europe-là est en voie d’extinction : l’Europe capitaliste est irréformable, elle doit être brisée.

Pour l’heure, ce sont ces contradictions internes qui affleurent. L’UE est plus désunie que jamais. L’hégémonie du capitalisme allemand, qui draine derrière lui ses satellites de l’Est et les pays du Nord, se heurte aux intérêts des classes dominantes des pays du Sud qui redoutent la colère des classes ouvrières et populaires qu’elles ont pressurisées. En France et en Italie, les castes politiques au pouvoir, en rechignant à respecter les normes du pacte dit de rigueur budgétaire, craignent la férule des eurocrates du Nord et les convulsions populaires dans leurs pays respectifs. Prévalent donc la montée des égoïsmes nationaux et les politiques sécuritaires liberticides.

On assiste désormais à la fragilisation des institutions de l’eurocratie : la commission européenne qui se voulait la médiatrice des intérêts divergents des Etats membres est en voie de marginalisation ; l’eurogroupe des financiers se heurte à la BCE dirigée par un ancien de la Goldman Sachs, représentant les intérêts des usuriers de la finance globale ; le FMI devant tenir compte de son principal contributeur , les USA, crie « casse-cou ! » vis-à-vis de la montagne de dettes irrécouvrables imposées à la Grèce et le Parlement croupion européen sera certainement demain le cénacle de vociférations impuissantes.

Bref, la crise de ceux d’en haut s’accélère. Le Royaume Uni (!) tenté par la sortie de l’Union européenne se heurte au nationalisme écossais pro-européen. La même logique est à l’œuvre en Espagne, en Hongrie… Les forces nationalistes et fascistes sont à l’affût d’un probable démembrement de cette Europe-là. Et il se pourrait bien que l’afflux de réfugiés politiques, économiques et climatiques accélère ce processus.

On assiste, en effet, à la fin douloureuse d’un cycle : celui de « l’utopie » de la mondialisation financière. Sa viabilité supposée, reposant d’une part sur la spoliation, a fait surgir de nouveaux nationalismes comme la Russie poutinienne. Elle se fondait, d’autre part, sur l’exploitation des pays à bas salaires, la délocalisation d’entreprises polluantes, tout particulièrement en Chine. Or, le moteur de cette expansion du capitalisme débridé, cet « atelier du monde », s’est enrayé. La crise boursière qui affecte ce pays, dirigé par le PCC « Parti du Capitalisme Chinois », reflète la crise de surproduction et de suraccumulation de capitaux. 20 000 milliards de dollars se baladent à la recherche avide de rendements spéculatifs à deux chiffres. Le bateau ivre de la mondialisation chavire et pourrait bien entraîner l’ensemble de la planète dans une récession plus grave que celle de 2008…


Face aux divisions de ceux d’en haut, l’unité de ceux d’en bas tarde à se réaliser, entravée qu’elle est par les illusions dont elle est gorgée par la propagande des médias dominants et des illusionnistes qui prétendent les sortir de l’impasse à moindres frais. Cette unité dans la lutte résolue, lucide, opiniâtre, est pourtant d’une urgente nécessité. Alors qu’il semble être « minuit dans ce siècle », le choix est simple : socialisme démocratique et émancipateur ou barbarie.