Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


jeudi 25 juin 2015

Brèves de débat

Jean-Louis a participé au débat sur :  
22 ans après les accords d'Oslo, quel bilan ?
Quelles perspectives pour la Palestine ?
avec Alain Gresh* et Julien Salingue*

Voilà ce qu'il en a retenu et qu'il veut partager

C'était le 9 juin, à Montbéliard, à l'initiative du CRAC 19, avec les Amis de l'émancipation Sociale, les Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté et l'Atelier.

Les accords d'Oslo (1993), selon Julien Salingue :

Contexte en 1993 : l'OLP est faible - l'URSS restreint son soutien - l'OLP soutient l'Irak pendant la guerre du Golfe et ternit son image en Occident - l'intifada s'éternise…
Les accords d'Oslo sont matérialisés par un échange de lettres :
- une lettre palestinienne (1page1/2) : reconnaissance du droit à l'existence d'Israël, arrêt de la lutte armée
- une lettre israélienne (1 ligne 1/2) : reconnaissance de l'OLP.
Israël s'engage en outre à donner une autonomie « relative » à une partie croissante du territoire palestinien, sans le quitter militairement. En clair : si vous voulez plus de territoires autonomes, montrez que vous êtes capables de faire la police, dans ceux que vous contrôlez. L'objectif des accords d'Oslo est d'étouffer la volonté de révolte des Palestiniens par le chantage effectué sur l'autorité palestinienne, pendant que la colonisation continue. Israël fait faire la police par l'autorité palestinienne (40 % des fonctionnaires palestiniens sont des policiers (c'est plus que dans la Syrie d'Assad ou l'Irak de Saddam Hussein). Les dirigeants palestiniens sont remerciés de faire le sale boulot en coulant des jours heureux dans des îlots de richesses et de douceurs. Israël profite en plus de l'aide internationale aux territoires autonomes, car cet argent sert aux Palestiniens pour acheter des produits israéliens : autrement dit : l'aide internationale finit en subvention à Israël. Exemple : l'aéroport de Gaza a été construit avec des aides européennes avec du ciment acheté à Israël, détruit par Israël, reconstruit par les Occidentaux avec du ciment acheté à nouveau à Israël ! Israël et les Occidentaux ont inventé le mouvement universel en matière économique.

Oslo a donné l'illusion que le « conflit israélo-palestinien » était en passe d'être résolu, donc a donné une légitimité internationale à Israël.

Qu'en est-il ?

- 1993 : 250 000 colons en Cisjordanie et Jérusalem - 2015 : 650 000 colons
- Israël perçoit des droits de douane sur tout ce qui entre en Palestine, puis les reversent, selon son bon vouloir, à l'autorité palestinienne (cela représente 60 % de son budget), alors quand Israël ne verse pas...
- Israël peut arrêter n'importe quel Palestinien dans les territoires autonomes, en 2014 = 9 000 Palestiniens ont été jugés, 99,4 % ont été déclarés coupables…
- Israël n'est pas l'Afrique du Sud… En Afrique du Sud, il n'y a jamais eu de routes réservées aux Blancs…
- Après la victoire électorale du Hamas à Gaza (2006), l'aide internationale a été suspendue : en 15 jours, l'économie s'est effondrée, détournant les Gazaouïs du concept de démocratie occidentale, les jetant dans les bras de formation extrémistes
- L'Occident a « cassé » les régimes laïques, socialistes (Nasser, Saddam Hussein…) qui, malgré beaucoup de défauts, avaient quelques qualités, et ce faisant, a jeté les populations dans les bras des islamistes extrémistes. Ceci a permis de transformer un conflit territorial en conflit religieux (le Hamas remplaçant l'OLP, côté palestinien, les extrémistes religieux remplaçant les Sionistes souvent athées, côté israélien)

Un peu d'espoir

Les grands axes d'aide au peuple palestinien :
- internationaliser la lutte
- unir les combattants
- rendre la lutte populaire.
Sur les 1er et 3ème points, nous pouvons jouer un rôle important. Le Boycott Désinvestissement Sanction est un moyen : les Palestiniens sont très favorables au Boycott d'Israël même s'ils finissent par en subir les conséquences. Chaque achat de produits palestiniens via l'AFPS, Euro Palestine, sur les sites de ventes internet (Philistins, Sark…), chaque visite d'un Occidental en Cisjordanie, chaque appel au Boycott, participent donc efficacement à l'existence des Palestiniens et à la réussite de leur lutte.
Israël veut à long terme chasser les Palestiniens de leur patrie, de leur territoire, la meilleure lutte pour les Palestiniens est de vivre, d'avoir des projets humains, économiques, d'exister sur leur terre (hors des ghettos artificiels tels que Ramallah) pour empêcher Israël de les chasser.
La guerre d'Israël contre les Palestiniens est le résultat des actions des Occidentaux, en particulier France et Royaume-Uni (plan de partage de la Palestine en 1916) donc, nous devons en parler, en débattre en France : ce n'est pas une « importation » du conflit en Occident que faire ça, au contraire, c'est participer à démonter les bobards répandus par, notamment, la diplomatie française (légèrement pro-israélienne!) quand elle n'emploie jamais les termes « occupés-occupants » mais plutôt «conflit bilatéral » ou quand elle présente Israël comme un Etat protecteur face à l'islamisme extrémiste, etc.

Jean-Louis Lamboley

*journaliste au Monde Diplomatique, auteur de  De quoi la Palestine est-elle le nom ?(2010), Israël, Palestine : Vérités sur un conflit (2001) et Julien Salingue, auteur de L'autonomie palestinienne (1994-2000), Anatomie de l'échec du processus de construction étatique palestinien (2014), A la recherche de la Palestine (2011)