Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 1 mai 2015

PES n° 13 est paru

Au sommaire :
1953 : la dette allemande est restructurée et divisée par deux
Canal contre volcans au Nicaragua
Dormez tranquille, citoyens… Valls veille sur vous (la loi sur le renseignement)
La grève la plus longue à Radio France
Capital fictif, évasion fiscale et spéculation
Massacres du 8 mai 1945 en Algérie
Nous avons lu
Et un poème d’Hassen

Ci-dessous :
l’éditorial

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La déliquescence du consensus républicaniste

Il avait déclaré « la finance, c’est mon ennemi », tout en affirmant qu’il n’en connaissait pas les visages. Il avait assuré, avec la même outrecuidance, qu’il ferait tout pour la jeunesse même s’il était bien éloigné de ses préoccupations. Puis, à peine élu, il s’agenouilla devant l’austère Merkel et pria pour que la courbe du chômage s’inverse, à coups de milliards dispensés aux banquiers et aux patrons. Ce n’était pas suffisant pour plaire à Bruxelles, dès lors, il fit appel au menton autoritaire de Valls et à l’austéritaire Macron, l’ex-banquier de Rothschild, afin que la purge administrée soit plus vigoureuse. Las ! Très vite, la popularité de ces beaux messieurs s’affaissa. Et puis il y eut ce « miracle » meurtrier, celui des attentats contre Charlie Hebdo et l’épicerie casher. Hollande se pavana en tête du cortège en compagnie de quelques dictateurs et derrière ceux qui, dans cette manif imposante, souhaitaient être rassurés face aux djihadistes écervelés et manipulés. Les gouvernants se requinquèrent cyniquement, l’esprit du 11 janvier changea la donne. Ils croyaient pouvoir plastronner. Las ! Si les frondeurs, l’on pouvait s’en arranger à coup de 49-3, il n’en était pas de même pour la désaffection populaire. Les départementales sonnèrent le glas de leurs poussives espérances. Accusateurs, ils invoquèrent la crise de civisme, la carence de la transmission des valeurs de la République… « d’apartheid ». Les enquêtes postélectorales étaient alarmistes : 73% des 18-24 ans, 59% des 25-34, 58% des employés, 53% des ouvriers s’étaient abstenus et ce, sans compter la poussée du Front Nationaliste et raciste. Bref, implorer l’universalité de la civilisation française avait fait chou blanc. La réalité matérielle ne pouvait être gommée : leur République était inégalitaire, la liberté réservée aux riches, la fraternité succombait face à l’injustice sociale : 50% des moins de 30 ans sont pauvres, 1/3 des 15-29 ans occupent des emplois précaires, 23.7% des moins de 24 ans sont au chômage !

D’urgence fut convoquée, le 6 mars, une réunion interministérielle où l’on constata une « crise de confiance dans les institutions » : à découverte surprenante, solution dérisoire. Pour produire de l’adhésion au système, les enseignants transformés en vigiles républicanistes devaient diffuser la morale civique de la primaire à la terminale. Bavasser sur une telle reprise en main de la jeunesse ne pouvait suffire. Leur faire miroiter, comme Macron, que « s’ils en avaient envie », tous pouvaient devenir millionnaires, en fit ricaner plus d’un. Habituer les Français au quadrillage policier et militaire des rues n’était guère rassurant au vu des piètres résultats pour découvrir les terroristes. Dès lors, s’imposait le recours à Big-Brother, tous surveillés par les services de renseignement, cette loi liberticide serait plus efficace que les sondages répétés, destinés à connaître les réactions des Français et à étouffer tout mouvement de contestation. Le grand manitou de la sécurité espérait ainsi, par frilosité engendrée par la diffusion de la peur, le ralliement de la grande majorité sous les ailes protectrices des institutions.


Derrière le paravent de ces rodomontades, une réalité plus prosaïque s’impose : les postures des imposteurs ne peuvent résoudre la crise de de légitimité des classes dominantes, leur légitimité culturelle s’effrite, l’inculcation d’un nouveau consensus bricolé sombre avant toute mise en œuvre. Ne restent que les peurs des lendemains qui déchantent en pessimisme, comportements nihilistes, sourde colère…. Dans l’attente d’un hypothétique retour promis de la croissance… l’inertie individualiste semble encore l’emporter… jusqu’à quand ?