Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 31 mai 2015

Editorial n° 14 (mai 2015)
Pour l'Emancipation Sociale


Les damnés de la terre et de la
mer face au cynisme européiste

Ils fuient l’horreur de la guerre tout comme la misère. Les exilés syriens sont 620 000 en Jordanie, 1,7 million en Turquie, 1,15 million au Liban où ils représentent le quart de la population libanaise. Et il y a tous ceux qui fuient la Libye, les pays africains et, parmi eux, une petite minorité qui ose s’aventurer à traverser la Méditerranée ou la Turquie pour parvenir en Union Européenne. 205 000 ont réussi. C’est trop !!! Même s’ils sont ceux qui disposent de quelques ressources et sont diplômés, qu’importe qu’ils finissent, après avoir été rançonnés, dans des camps de pestiférés comme en Bulgarie ou parqués comme à Sangatte près de Calais ! D’ailleurs, le terme de leur parcours est, pour nombre d’entre eux, la mort dans le cimetière marin ou la liquidation pure et simple. Qu’importe ! Ces hommes, ces femmes, ces enfants, tant qu’on ne les voit pas ! Les rescapés n’accusent d’ailleurs pas que les passeurs mais pointent la responsabilité meurtrière des autorités marocaines et espagnoles…
Récemment, Mare Nostrum, cette opération italienne de sauvetage avait permis d’accueillir 150 000 personnes en une année. Trop ! ça faisait « appel d’air » pour ceux qui suffoquent ! C’est la raison pour laquelle l’opération Triton de l’UE s’y est substituée pour, à moitié prix, contrôler et refouler…
Mais le 1er janvier 2015, 1 800 migrants se noyèrent sous les yeux des caméras. Ils n’ont pas épargné aux chefs d’États et de gouvernements de l'Europe le spectacle affligeant de leur naufrage, provoquant une telle compassion qu’il leur fallait réagir… sans se presser. Le 23 avril, face à l’explosion médiatique, en sommet, ils se réunirent. Dans leur immense générosité, ils doublèrent les moyens financiers… de Triton mais… sans remettre en cause l’accord de Dublin, obligeant les États, essentiellement l’Italie et la Grèce où arrivent en premier lieu les migrants, à traiter les dossiers et à subvenir aux besoins des demandeurs d’asile. L’Europe des égoïsmes nationaux l’emporte sur toutes les injonctions des humanitaires, comme l’ONU qui s’est ingéniée à suggérer à l’Europe l’accueil de 20 000 réfugiés par an. Tout à trac, la Commission européenne, dans le cadre du mandat dont elle est dépositaire, lui a répondu : « Sur 2 ans… peut-être » et a osé formuler la règle des quotas de répartition, se faisant requiller par Valls/Cameron, surfant sur un racisme bien compris. OK pour bombarder les bateaux de pêcheurs et de trafiquants ! Aie ! Il faut obtenir l’accord de l’ONU et des gouvernements des pays de départ ? En Libye, il y en a deux et en Syrie c’est celui du boucher Bachar Al Assad !
Mais, enfin ! Veut-on nous faire croire que les seuls responsables sont ceux qui vendent la promesse de sortir de l’enfer et non ceux qui l’ont provoqué ?
Qu’en 2011, l’OTAN ait lancé en Libye plus de 200 missiles, effectué 7 000 frappes aériennes, plongé le pays dans le chaos, c’est certain, les Ponce Pilate européens n’y sont pour rien !
Que depuis des décennies, les guerres au Moyen-Orient, l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak aient déstructuré ces pays mais, tous comptes faits, ni les marchands d’armes, ni les responsables européens et américains ne sauraient être mis en cause !
Que les plans d’ajustement structurel obligeant les États à privatiser, ruinent les petits producteurs locaux, soutiennent les dictateurs ou les multinationales qui pillent ces pays. Non ! L’ingérence néocoloniale affublée des oripeaux humanitaires n’y est pour rien !

La non-assistance à personne en danger a besoin d’une bonne dose de cynisme raciste pour se faire admettre dans l’opinion publique formatée.