Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 29 mars 2015

Pour l'Emancipation Sociale n° 12 est paru

Au sommaire :

l'éditorial (ci-dessous)
"Pourquoi les abstentionnistes constituent-ils le premier parti de France ?"

et les articles suivants :
- Israël, un pays uni dans la colonisation mais miné par ses divisions
- Politiques d'immigration et Droits de l'Homme
- A la racine de l'accroissement des flux migratoires
- Travaillons tous(tes) - moins - autrement !
- Historique en résumé du temps de travail et de sa réduction graduelle
- rubrique "Ils, elles luttent"
- rubrique "Nous avons lu"

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Pourquoi les abstentionnistes constituent-ils le premier parti de France

Malgré les exhortations et les anathèmes proférés par Valls, malgré le ton d’espérance bonhomme de Hollande, promettant pour après-demain « la France qui gagne » comme celle de la « baisse de la montée du chômage », près de 50% des inscrits ne se sont pas déplacés pour aller voter. La dramatisation du scrutin agitant la peur du FN et, pour la Droite, reprenant à son compte la xénophobie pour siphonner les voix d’extrême-droite, cette mobilisation n’a guère effrité le « parti » des abstentionnistes. Certes, l’abstention n’est pas un signe de prise de conscience, ne porte que l’ambiguïté d’un rejet partagé, mais significatif : à Lille Sud, ils étaient 70%, à Roubaix 63%, idem et même plus en Seine-St-Denis. L’enquête journalistique de Florence Aubenas, rapporte des propos révélateurs : « ça sent la guerre », « le système est en train de s’effondrer », « nous, le peuple on reste tout seul, prêt à se manger les uns les autres », « comment faire quand on est d’accord avec rien » de ce qu’ils nous proposent. Il y a, écrit-elle du « désarroi », les gens sont aussi « perdus que fâchés ».

Reste que le FN sortira renforcé de ce scrutin départemental. Il va s’acharner à séduire, à « corrompre », comme annoncé par Maréchal Le Pen, les élus UMP tentés de rejoindre le parti xénophobe, national et social. On ne peut ignorer, en effet, ces appels certes démagogiques à la « justice sociale » et fiscale, à « soutenir les parents isolés », à restaurer le « niveau des retraites » et ses condamnations de l’oligarchie européenne. Tout cela fait sens vis-à-vis des politiques austéritaires. Les admonestations républicanistes semblent sans effet pour enrayer l’implantation territoriale du FN.

Au-delà de la désespérance, des rancoeurs d’un électorat populaire désabusé, c’est l’absence d’une alternative d’espérance sociale qui s’affiche. L’ambiguïté du Front de Gauche, où les alliances avec le parti solférinien perdurent, y est pour beaucoup. Plus fondamentalement, après les défaites successives des mouvements sociaux, c’est la volonté de lutter qui semble s’amenuiser. Et pourtant, c’est dans ces espaces non délégataires que peuvent s’affirmer la prise de conscience et le recul du FN, qui montrerait à ces occasions son caractère antipopulaire. De même pour les partis dits gouvernementaux. La crise politique qui s’approfondit, à mesure de la mise en œuvre des politiques austéritaires dictées par l’Union Européenne, relayées nationalement, peut en effet prendre deux voies divergentes, celle du nationalisme prétendument social à la FN, celle de l’émancipation sociale contre la caste oligarchique au service des multinationales et des bancocrates. Dans cette conjoncture, entre chien et loup, comme le notait Machiavel : « le meilleur rempart des tyrans, c’est l’inertie des peuples », cette tendance mortifère à déléguer ou à s’abstenir. Reste, après des décennies d’illusions entretenues, que s’engager, s’organiser, aiguiser son esprit critique, se détacher des démagogues prétendant « lutter contre la finance » requièrent un effort à la mesure des enjeux. Car ce dont a besoin le mouvement ouvrier et populaire ce sont des « cadres » militants issus de ses rangs et du ralliement d’intellectuels acquis à sa cause. Encore faut-il, pour qu’ils surgissent, un contexte favorable de luttes déterminées. Nous verrons ce qu’il en sera le 9 avril prochain de l’appel à la grève interprofessionnelle et aux manifestations, lancé par les syndicats GCT, FO, FSU et Solidaires ! Ce ne sera certainement pas encore l’avènement d’un événement fondateur... mais il peut y contribuer.