Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 1 mars 2015

La comedia dell’arte parlementaire
L’éditorial du n° 11 de PES - Pour l’Emancipation Sociale

Il en a pourtant usé de la salive, Macron, ce petit énarque issu des milieux bancaires, il a même reculé sur certains points mineurs qui, il est vrai, compromettaient les intérêts corporatistes des notaires et autres huissiers de justice. En catastrophe, face à la mobilisation des journalistes, il a dû retirer un article liberticide, interdisant l’investigation dans le milieu des affaires. Deux semaines de commissions spéciales, trois semaines en séance pour se retrouver, avec cette majorité éclatée alors même qu’Hollande avait décrété l’union nationale qui, comme un feu de paille s’est éteinte. Et ce fut le mémorable heurt entre godillots et frondeurs. Les coups de menton de Valls pour mettre de l’ordre dans les rangs. Rien n’y fit, de décompte en décompte, il manquait toujours 46 députés adeptes du vote contre ou de l’abstention. La « petite loi » Macron de grand détricotage des droits allait être retoquée, même si l’on pouvait compter sur le ralliement de 4 UMP et 8 UDI. Alors, dans une dernière posture autoritaire mal assurée, Valls en vint à brandir des mesures disciplinaires et des noms d’oiseaux de fuser au sein des groupes parlementaires PS : « irresponsables », « immatures », « nuisibles ». Et face à cette comédie pitoyable, le député du Tarn, Jacques Valay, de s’apitoyer : « Autrefois, tout était verrouillé, aujourd’hui, tout est vérolé ». Le 19 février, face à la gravité rocambolesque de la situation, un conseil des ministres convoqué en urgence décida que le compte n’y était pas, il fallait recompter. Peine perdue à 16h15, Valls téléphona à Hollande, lui signifiant qu’en matière d’additions, c’était le zéro pointé. A 17h, le 1er ministre d’opérette qui n’avait pu convaincre quelques récalcitrants, engageait la procédure du 49-3 et le texte de loi fut adopté sans vote.  


Mais la comédie allait se poursuivre : motion de censure déposée par la droite, divisions des élus du Front de Gauche, admonestations de Mélenchon tempêtant contre le manque de concertation puis comme d’autres, se ravisant : on ne peut pas voter une motion de censure qui, dans ses attendus, demande encore plus de réformes libérales ! Et impossible de trouver 58 députés pour en déposer une autre… de « gauche ». La motion de censure de la droite connut néanmoins les ralliements insuffisants de 6 voix du Front de gauche et d’une écolo. Mais, la farce risque de se poursuivre au Sénat en avril avant de revenir à l’Assemblée nationale pour finir en commission mixte. D’ici là, la loi Rebsamen de détricotage des droits du travail risque de provoquer d’autres remous du plus mauvais effet pour l’avenir du parti de droite qui se dit de gauche et n’ose pas (encore !) prôner l’union sacrée avec l’UMP à l’image de ce que fit le Pasok en Grèce. Les manifestations prévues en avril contre les politiques d’austérité, la Berezina électorale annoncée, les ralliements de notables UMP et UDI au FN, promettent des jours agités à la caste qui tient à ses places. Quant à l’UMP divisée, en faillite financière, on la voit mal être capable de rigueur à moins que cela soit sous la férule de Merkel et, qui sait, de la troïka. Quant au Front de gauche, laissons la parole à Mélenchon : « c’est un cartel de partis sans ancrage de masse, ni de volonté d’en avoir ». Bref, l’ingouvernementabilité a encore de beaux jours devant elle… pourvu qu’elle fasse prendre conscience au plus grand nombre qu’ils sont les vrais acteurs du changement social.