Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 29 novembre 2014


Edito de Pour l'Emancipation Sociale PES n° 8
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Rémi Fraisse. Un crime d’Etat(1)


Le 26 octobre, à 1H45, Rémi, un jeune botaniste pacifiste est tué par une grenade offensive sur la zone destinée à la construction du barrage de Sivens. Cazeneuve, Valls, Hollande savaient, ils ont donné leur feu vert au traquenard qu’ils ont commandité. Leurs mains sont tachées de sang de cet innocent contestataire. Tous leurs démentis honteux n’y changeront rien.

En prévision du grand rassemblement festif de 5000 à 7000 personnes qui doit se tenir le week-end du 25/26 octobre, un accord est conclu avec la préfecture : pas de forces de répression sur le site. Le 24, ce sont 30 fourgons de CRS et des escadrons de gardes mobiles qui débarquent. Ils ont ordre de provoquer, de réprimer pour dénaturer cette manifestation. Dans la nuit, 400 grenades sont lancées. Un groupe de 5 à 6 personnes s’avance vers les gardes mobiles installés dans une « zone de vie » où il n’y a plus rien à défendre. Les engins de chantier ont été déménagés… Rémi en est mort, suite au tir d’une grenade offensive.

Pour le pouvoir, il faut trouver des boucs émissaires, les pandores ou le Préfet. Mais, dès le 27, sur RTL, le général Favier déclare : « Le ministre est informé en début de matinée (soit le 27) sur les faits ». Le lieutenant- colonel L… précise au Procureur d’Albi : « le préfet (aux ordres du Ministre de l’intérieur) nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté ».

Valls l’avait dit « Je ne cèderai pas ». Il s’agissait d’éviter un nouveau Notre Dame des Landes, et donc, de terroriser, de blesser, de mutiler, de criminaliser la révolte contre ce grand projet inutile, ne profitant qu’au lobby des maïsiculteurs et à des notables corrompus du Conseil général. L’irrémédiable s’est produit et ils se sont murés dans un silence honteux après avoir exercé, en pure perte, des pressions sur le procureur d’Albi.

Ce drame est survenu après deux mois de tensions et d’expulsions, sans décisions de justice, de tirs tendus de grenades et de flash-ball. La propagande contre-révolutionnaire, dite en miroir, a été utilisée pour tuer dans l’œuf ces contestations massives. Imputer au camp adverse la violence déployée, brandir l’épouvantail des casseurs pour criminaliser la révolte. Ce pouvoir « social »-libéral est aux abois, il s’enferme dans l’autoritarisme et n’hésite pas à interdire des réunions de soutien et à réprimer les manifestations de solidarité des lycéens. Il n’y avait rien à protéger à Sivens sauf la face jaunie de Hollande/Valls et, pour ce faire, étouffer le mouvement social en germe. Comme l’ont affirmé Aurélien Berlan et Christophe Goby (2), à la tête de l‘Etat se trouvent des « menteurs et des assassins ». Ce n’est pas nouveau !(3) On se souvient de ce jeune prof de physique abattu en 1977 par une grenade offensive lors d’une manifestation contre Super Phénix à Creys-Malville. On se souvient de Malik Oussekine, ce jeune lycéen assassiné en 1986… et de tous les Zied et Bouna des quartiers populaires, morts ou mutilés à vie… « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ». Thomas Sankara

(1)    dans PES à paraître en décembre, un article complet d’analyse sur le processus de répression et les raisons de ce traquenard
(2)    tribune parue dans le Monde le 15.11.2014

(3)    lire l’article La violence policière : une tradition républicaine dans ce numéro