Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 22 décembre 2014

Les Amis du Monde diplomatique Nord Franche-Comté, les Amis de l’Emancipation Sociale
et l’Union départementale CGT 70 vous proposent

Samedi 10 janvier 2015 
 à  Lure  à 17h au cinéma Méliès (5.50€)

le film-documentaire de Denis Gheerbrant
On a grèvé 

En mars 2012, une vingtaine de femmes de ménage employées en sous-traitance à l’hôtel Campanile Première Classe (groupe Louvre Hôtels) de Suresnes, décident de ne plus accepter la surexploitation dont elles sont victimes. Elles se mettent en grève. Le film-documentaire nous fait vivre la lutte, qui sera victorieuse au bout de 28 jours, de ces femmes de chambre, immigrées pour la plupart, fières de montrer leur détermination face à des patrons et des clients souvent méprisants. Leur action influencera plusieurs luttes dans l’hôtellerie de luxe dont la grève emblématique des femmes de chambre du prestigieux Park Hyatt Vendôme en septembre 2013 et d’autres… Il est rare de voir à l’écran l’actualité de la lutte des classes. On a grèvé est une exception. Face aux « galères » des cadences infernales d’un travail rémunéré à la tâche dans le secteur de l’hôtellerie (qui emploie près d’un million de personnes en France), seule la solidarité permet de résister et de gagner.     

A l’issue du film, un débat vous sera proposé, animé par l’UD CGT 70
et les Amis de l’Emancipation Sociale 






Le n° 9 de Pour l'Emancipation Sociale
(PES) est paru

En voici l'édito

MicMacron, la baudruche dégonflée ?

Ah ! Cette loi Macron, celle de « la croissance et de l’activité », la « plus grande loi du quinquennat », elle allait tout changer. En débloquant l’offre par la concurrence et en donnant du pouvoir d’achat, elle entendait « déverrouiller l’économie ». Au final, elle s’est révélée comme un dispositif « fourre-tout » dont on aura surtout retenu les effets de manche des frondeurs sur les dimanches travaillés en plus. Elle avait pourtant, à l’origine, de médiatiques initiateurs -les Attali et Montebourg- et la promesse illusoire de 6 milliards de pouvoir d’achat. Las, édulcorée par l’Elysée, bientôt rabotée devant l’Assemblée nationale en janvier, de 200 articles à 80 aujourd’hui, il n’en resterait pas grand-chose ! A voir…
Demeure cette volonté de déréglementer tous azimuts. Le code du travail d’abord, où le silence des confédérations syndicales fut sidérant : les travailleurs des entreprises en deçà du seuil de 50 salariés, bâillonnés, le touriste chinois du dimanche accueilli comme naguère le plombier polonais. Et puis, toute cette « liberté d’installation » pour le capital dans les disparates professions réglementées : avocats, notaires, huissiers, pharmaciens, échappant jusqu’ici à la concentration capitaliste. Hollande-Macron ont réussi à les faire descendre dans la rue. Et encore, cette déréglementation du transport, mettant les autocars sur les routes… les émissions de CO2 en plus et des recettes en moins pour les TER. Bref, la tambouille du jeune banquier a semblé trop amère, notamment pour une fraction de ces couches moyennes qui forment toujours le ciment d’acceptation du système laissant entrevoir l’accès de plus en plus restreint à l’ascenseur social.
Pourquoi tout ce micmac ? C’est que les oukases de la Commission de Bruxelles se font de plus en plus pressants. Il a déjà fallu pour Hollande et sa bande, afin d’éviter d’humiliantes recommandations, cette séance de rattrapage budgétaire pour mauvais élève, où furent trouvés 3.6 milliards de plus pour réduire à coups de taxes diverses le déficit budgétaire prévu pour 2015 et affirmer Sapin(ement) qu’il n’y en aurait plus. Comme cela ne semblait pas suffire à calmer l’ire de Merkel-Juncker, Macron dut trouver des gages de bonne conduite en « efforts structurels de déréglementation ». Contre toute attente, cette livrée d’expédients provoqua la levée de boucliers des professionnels assis sur leurs niches et dresser le poil des frondeurs. Hollande et son fringant expert issu de la banque Rothschild, en implorant la croissance, tentent de se rassurer : l’euro et le pétrole baissent, Sarko le retour leur donne un mince espoir face à la déconfiture annoncée mais la stagnation-déflation-récession menace toujours. La défiance électorale s’approfondit : 72% d’abstention au 2ème tour des législatives partielles de l’Aube, du jamais vu ! Les Solfériniens ont le moral dans les chaussettes. Et Julien Dray, le socialo aux multiples montres dorées, de vitupérer contre la « gauche des envieux », « mal éduquée », « coupée de la réalité », ce conglomérat de politiciens préoccupés de « la place à prendre à machin ».
Dans l’urgence, la façade décrépie du PS fut ripolinée en rose et vert : la charte approuvée ne proclame-t-elle pas « l’éco-socialisme », le « développement économique harmonieux » et même « la justice sociale »…. Ce fut un flop médiatique qui n’empêche pas le pédalo de tanguer.    
Les hautes instances européennes veillent, le Medef pousse son avantage, il faut d’après eux, continuer à financiariser l’économie et bâillonner les voix discordantes, les professions qui prétendent empêcher le capital de s’introduire dans leurs affaires et tous ces salariés arc-boutés à leurs conquêtes sociales.


La baudruche macron dégonflée risque, demain, de se re-dilater jusqu’à éclater. C’est tout le bien qu’on lui souhaite. Encore faut-il qu’une pique sociale sauvage vienne l’éclater ! 

Au sommaire du n° 9

La Palestine aux Palestiniens
Parti de Sivens, l'esprit de Rémi Fraisse se perpétuera
Le père Noël est néolibéral
Avoir 20 ans dans les quartiers populaires
De la répression policière (suite du n° 8)
Les précaires, kleenex de l'Education nationale
G20 : sur les ruines de Kyoto... avant Paris ?
Athènes sur un volcan

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samedi 29 novembre 2014

Pour l’Emancipation Sociale
 PES


A nos prochain(e)s lect(rices)eurs,


Depuis février 2014, nous autoproduisons un périodique : Pour l’Emancipation Sociale. Notre volonté est de traiter de sujets sociaux, économiques, écologiques, qu’ils soient internationaux ou nationaux, ignorés ou déformés par les médias dominants, de donner des points de vue différents mais aussi de faire connaître des luttes, de faire découvrir des livres, etc. Avoir la volonté de comprendre ce qui se passe autour de nous est une étape indispensable à l’émancipation individuelle et collective à laquelle nous sommes attachés.

Nous t’adressons le dernier exemplaire de Pour l’Emancipation Sociale pour que tu le découvres, le fasses connaître et éventuellement t’y abonnes. Nous sommes une petite équipe de militants, autonomes car nous ne sollicitons aucune subvention. Nous avons besoin de lecteurs et d’abonnés pour poursuivre la réalisation de ce bulletin, à raison de 10 numéros par an.

Si tu penses que nous sommes utiles dans le processus de transformation sociale radicale à laquelle nous aspirons, n’hésite plus à nous soutenir en retournant le bulletin d’abonnement ci-dessous.

Le comité de réalisation



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Edito de Pour l'Emancipation Sociale PES n° 8
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Rémi Fraisse. Un crime d’Etat(1)


Le 26 octobre, à 1H45, Rémi, un jeune botaniste pacifiste est tué par une grenade offensive sur la zone destinée à la construction du barrage de Sivens. Cazeneuve, Valls, Hollande savaient, ils ont donné leur feu vert au traquenard qu’ils ont commandité. Leurs mains sont tachées de sang de cet innocent contestataire. Tous leurs démentis honteux n’y changeront rien.

En prévision du grand rassemblement festif de 5000 à 7000 personnes qui doit se tenir le week-end du 25/26 octobre, un accord est conclu avec la préfecture : pas de forces de répression sur le site. Le 24, ce sont 30 fourgons de CRS et des escadrons de gardes mobiles qui débarquent. Ils ont ordre de provoquer, de réprimer pour dénaturer cette manifestation. Dans la nuit, 400 grenades sont lancées. Un groupe de 5 à 6 personnes s’avance vers les gardes mobiles installés dans une « zone de vie » où il n’y a plus rien à défendre. Les engins de chantier ont été déménagés… Rémi en est mort, suite au tir d’une grenade offensive.

Pour le pouvoir, il faut trouver des boucs émissaires, les pandores ou le Préfet. Mais, dès le 27, sur RTL, le général Favier déclare : « Le ministre est informé en début de matinée (soit le 27) sur les faits ». Le lieutenant- colonel L… précise au Procureur d’Albi : « le préfet (aux ordres du Ministre de l’intérieur) nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté ».

Valls l’avait dit « Je ne cèderai pas ». Il s’agissait d’éviter un nouveau Notre Dame des Landes, et donc, de terroriser, de blesser, de mutiler, de criminaliser la révolte contre ce grand projet inutile, ne profitant qu’au lobby des maïsiculteurs et à des notables corrompus du Conseil général. L’irrémédiable s’est produit et ils se sont murés dans un silence honteux après avoir exercé, en pure perte, des pressions sur le procureur d’Albi.

Ce drame est survenu après deux mois de tensions et d’expulsions, sans décisions de justice, de tirs tendus de grenades et de flash-ball. La propagande contre-révolutionnaire, dite en miroir, a été utilisée pour tuer dans l’œuf ces contestations massives. Imputer au camp adverse la violence déployée, brandir l’épouvantail des casseurs pour criminaliser la révolte. Ce pouvoir « social »-libéral est aux abois, il s’enferme dans l’autoritarisme et n’hésite pas à interdire des réunions de soutien et à réprimer les manifestations de solidarité des lycéens. Il n’y avait rien à protéger à Sivens sauf la face jaunie de Hollande/Valls et, pour ce faire, étouffer le mouvement social en germe. Comme l’ont affirmé Aurélien Berlan et Christophe Goby (2), à la tête de l‘Etat se trouvent des « menteurs et des assassins ». Ce n’est pas nouveau !(3) On se souvient de ce jeune prof de physique abattu en 1977 par une grenade offensive lors d’une manifestation contre Super Phénix à Creys-Malville. On se souvient de Malik Oussekine, ce jeune lycéen assassiné en 1986… et de tous les Zied et Bouna des quartiers populaires, morts ou mutilés à vie… « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ». Thomas Sankara

(1)    dans PES à paraître en décembre, un article complet d’analyse sur le processus de répression et les raisons de ce traquenard
(2)    tribune parue dans le Monde le 15.11.2014

(3)    lire l’article La violence policière : une tradition républicaine dans ce numéro  


Rassemblement à Belfort, ce vendredi 29 novembre, contre la colonisation de Jérusalem Est par Israël, dans le cadre de la campagne Save Al Aqsa 
à l'appel du Collectif Freedom for Palestine, du CRI, du PG 90, du NPA et des AES

Ci-dessous, intervention de Gérard Deneux


Au nom des Amis de l’Emancipation Sociale,

Je voudrais vous faire part de quelques faits, de quelques vérités éludées, contournées, déformées par les grands médias s’agissant des derniers évènements concernant la Palestine.

Quand les députés de la gauche de gauche s’apprêtent à déposer une motion en faveur de la reconnaissance du peuple palestinien, les députés de la gauche de droite proposent une motion édulcorée.

Quand Netanyahou s’en effarouche et téléphone au Président Hollande, ce dernier lui tient des propos rassurants et apaisants : rien ne changera dans la politique de la France vis-à-vis d’Israël.

Quand cette information fuite et parvient aux oreilles de députés de la gauche de gauche et autres frondeurs, Fabius les rassure : l’Etat palestinien est un droit mais l’on verra, dans deux ans, si on peut l’appliquer.

Ce double jeu hypocrite du gouvernement français, non seulement méconnaît le droit international et les résolutions de l’ONU, affirmant l’existence de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967, mais surtout, apporte, de fait, un soutien au gouvernement israélien, empêtré dans sa politique de provocations contre les Palestiniens.

Provocations, fuite en avant, répression, poursuite de la colonisation, négation des droits des Palestiniens, diffusion de la haine, telle est la politique suivie par Netanyahou, ce voyou coincé entre son extrême droite et les conséquences des politiques d’austérité mises en œuvre contre la population israélienne, et tout particulièrement contre les Arabes israéliens, ces Palestiniens « de seconde « zone ».


Qu’on en juge !
à l’énumération de ces quelques faits

-        La poursuite de la colonisation, du vol des terres et de l’expulsion de Palestiniens, et tout particulièrement à Jérusalem Est
-        La remise en cause du statut de l’esplanade des mosquées, l’interdiction pour les Palestiniens de s’y rendre, bref, la négation d’exercer leur liberté de croyance
-        L’adoption, le 23 novembre, d’une nouvelle loi fondamentale, déclarant que l‘Etat d’Israël est l’Etat national du peuple juif, niant ainsi la citoyenneté arabo-palestinienne (qui représente 20% de la population d’Israël !), niant ainsi la déclaration de 1948 proclamant l’égalité politique et sociale de tous les citoyens d’Israël, quelles que soient leur origine et leur religion
-        Les discours de haine raciste, déversés par les médias dominants en Israël, traitant les Palestiniens d’animaux, menaçant les récalcitrants Arabes de retrait de la citoyenneté et les condamnant à l’exil apatride.

Que la colère et les actes individuels de vengeance éclatent,
à Jérusalem-Est en particulier, ne doit pas nous étonner.
 Les humiliations, la répression engendrent la révolte.
   
Qu’on en juge !
à ces quelques faits

-        Jérusalem-Est délaissée où 80% de la population arabe enfermée dans ce ghetto, vit en-dessous du seuil de pauvreté
-        Jérusalem-ouest des manifestations d’extrême droite hurlent : « Mort aux Arabes »
-        Jérusalem-Est 14 500 Arabes palestiniens ont perdu le droit d’habiter dans leur ville, cette année
-        Jérusalem-Est , cette année, 98 maisons ont été détruites, jetant à la rue, 300 personnes
-        Jérusalem-Est il est impossible pour les Arabes palestiniens d’obtenir un permis de construire
-        Jérusalem-Est l’Autorité Palestinienne n’a pas droit de cité, les associations palestiniennes sont interdites, les droits à la liberté d’expression n’existent pas pour les Arabes israéliens.

Faut-il donc s’étonner que la colère éclate, que la violence provoquée éclate ?

Netanyahou a déclaré la guerre aux Palestiniens.
L’Etat d’Israël, de plus en plus isolé sur le plan international, poursuit son expansion coloniale et sa politique d’épuration ethnique, en mesurant à chaque pas, jusqu’où ne pas aller trop loin, fort qu’il est, encore, du soutien mesuré des Etats-Unis.

Voilà la vérité des faits

C’est celle d’un Etat voyou qui, depuis plus de 60 ans, bafoue le droit international.
C’est celle d’un Etat qui refuse de collaborer avec la commission d’enquête de l’ONU, chargée de faire la lumière sur les crimes de guerre et les crimes contre l’Humanité commis par sa soldatesque à Gaza : les 2 140 morts Palestiniens, les 20 000 habitations détruites, pour ce terrorisme d’Etat, ça ne compte pas !

Et comme dit Amed Tibi, l’un des seuls Arabes israéliens élu à la Knesset : « Lorsque l’on tue des Palestiniens, il faut se taire, lorsque 3 Israéliens sont tués, c’est une déclaration de guerre »

Après l’illusion de la paix d’Oslo, après la collaboration sécuritaire de l’Autorité Palestinienne, après l’enfermement des Palestiniens dans des « réserves », cette politique d’apartheid nourrit la désespérance des Palestiniens.

Voilà la réalité !

Et pour reprendre une formule de Malcolm X :
« Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment »

Eh bien, vigilants nous resterons, dans le camp des opprimés,
pour soutenir la libération nationale et sociale du peuple palestinien
contre l’Etat colonisateur d’Israël !




vendredi 14 novembre 2014

Les Amis de l’émancipation Sociale,
les Amis du Monde Diplomatique
et le Comité de solidarité avec les peuples
d’Amérique latine (70),

dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale,
vous proposent le film de Pierre Carles et son équipe

Vendredi 21 Novembre 2014 à 20h30
au cinéma Méliès à LURE (entrée : 5.50€) :

 OPERATION CORREA.
 1ère partie : Les ânes ont soif

Pierre Carles poursuit sa dénonciation des connivences des
médias avec les tenants du pouvoir et nous donne à voir
comment la presse française a boudé la visite officielle du
président équatorien Correa, le 6 novembre 2013. Rafael
Correa, un modèle à ne pas suivre aux yeux des prophètes de
la financiarisation du monde ? Celui qui a renégocié la dette
de l’Équateur, lui permettant de ne pas faire de coupes dans
les dépenses publiques mais de lancer des programmes de
redistribution. Même si tout n’est pas rose dans le bilan de
Correa, il est la preuve vivante que la politique d’austérité
imposée aux peuples n’est pas la seule envisageable...


A l’issue du film
 Claude Quémar
Vice-président du CADTM France,
(Comité pour l'annulation de la Dette du Tiers Monde),

évoquera la rupture de l’Équateur avec le dogme de l’austérité. Et, en France ? Impossible
d’échapper aux annonces du «nécessaire remboursement de la dette publique » et aux
« sacrifices qui s’imposent ». Lorsqu’un Collectif démontre que plus de la moitié de ces
créances sont illégitimes, silence…La dette publique : d’où vient-elle ? A-t-elle été contractée
dans l’intérêt général ? Doit-on la payer ?

samedi 25 octobre 2014

US-RABIN-ARAFAT-DEATHEntretien avec
Julien Salingue

Le 13 septembre 1993, les représentants de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et le gouvernement israélien signe, sur la pelouse de la Maison Blanche, à Washington, une« Déclaration de principes », plus connue sous le nom d’accords d’Oslo, qui en cinq ans, aurait du aboutir à la création d’un Etat palestinien viable et indépendant. Plus de 20 ans plus tard, il n’y a pas d’Etat palestinien. Pire, la domination israélienne sur les territoires occupés n’a jamais été aussi forte, la colonisationse poursuit à vitesse grand V et les Palestiniens continuent d’être mis en prison. Et on en oublierait presque la situation à Gaza…. Avec son nouveau livre, La Palestine d’Oslo, Julien Salingue, nous livre les clés essentielles pour mieux comprendre les raisons d’un tel échec. A lire absolument . Entretien conduit par le Courrier de l’Atlas.
Que vous inspirent les accords d’Oslo ?
Julien Salingue. Deux décennies après leur signature, il est difficile de porter un jugement positif sur les accords d’Oslo. Alors qu’ils ont été présentés, en 1993-1994, comme une étape décisive dans le règlement du conflit entre Israël et les Palestiniens, qui devait déboucher rapidement sur la coexistence de deux États, force est de constater qu’il n’en est rien aujourd’hui. L’emprise israélienne sur les territoires occupés n’a jamais été aussi forte, la colonisation se poursuit à une vitesse inégalée par le passé, la répression contre les Palestiniens, à l’image de ce qui s’est passé cet été à Gaza [opération dite Bordure protectrice, est d’une violence inouïe, et rien ne semble indiquer que ces tendances pourraient être inversées.
Loin d’avoir été une solution pour la satisfaction des droits nationaux des Palestiniens, les accords d’Oslo ont en réalité contribué à diluer la question palestinienne en transformant une lutte de libération nationale en construction d’un pseudo-appareil d’État, l’Autorité Palestinienne (AP), intégré au dispositif de l’occupation et ne permettant donc pas de lutter contre cette dernière. 
Êtes-vous surpris par l’échec des accords d’Oslo?
Julien Salingue. Absolument pas! Contrairement à une légende communément répandue, les accords d’Oslo ne réglaient absolument aucune des questions fondamentales : colonisation, occupation, réfugiés, etc. Les accords d’Oslo ouvraient une période dite « intérimaire », au terme de laquelle lesdites questions devaient être évoquées. Or, le principe même et les conditions de cette période intérimaire étaient annonciateurs du pire: l’État d’Israël s’engageait en effet à se «redéployer» au sein des territoires palestiniens (et non à se « retirer » des territoires palestiniens, la nuance est de taille), confiant la gestion des zones évacuées (appelées «zones autonomes») à une administration autochtone: l’AP. Or, et ce dès le début du « processus d’Oslo », les redéploiements israéliens ont été conditionnés à la capacité de l’AP à «gérer» ses zones autonomes, c’est-à-dire à y maintenir l’ordre. En d’autres termes, on a demandé aux Palestiniens de cesser de lutter pour leurs droits alors que ceux-ci n’étaient pas satisfaits, en échange de la promesse de leur éventuelle future satisfaction. Qui pouvait raisonnablement penser qu’un tel processus serait fonctionnel ?
Peut-on y trouver tout de même quelques points positifs ?
Julien Salingue. Évidemment, la fin de l’occupation directe et permanente des grandes villes et des camps de réfugiés palestiniens, et la fin de la tutelle israélienne sur les services de santé, sociaux, éducatifs, etc. ont pu représenter un soulagement pour tout ou partie de la population. De même, la naissance d’institutions palestiniennes, avec un parlement, des ministères, une Présidence, etc., ont apporté fierté et dignité chez nombre de Palestiniens. Tout le problème est que ces quelques acquis n’ont été obtenus qu’en échange d’un renforcement de l’occupation et de la colonisation israéliennes et de la promesse d’un renoncement à la lutte pour la satisfaction des droits nationaux des Palestiniens. Jouir d’une « autonomie » et d’une « liberté » toutes relatives au sein de « zones autonomes » qui s’apparentent de plus en plus à des prisons à ciel ouvert n’était sans doute pas l’objectif de celles et ceux qui se sont soulevés à la fin des années 1980 contre l’occupation israélienne.
Qui est responsable de l’échec des accords d’Oslo ?
Julien Salingue. Je suis tenté de répondre que ce sont les accords d’Oslo qui sont responsables de l’échec des accords d’Oslo : il n’y a jamais eu de « processus de paix », seulement une poursuite de l’occupation par d’autres moyens. L’échec d’Oslo n’est pas l’histoire de rendez-vous manqués, de mauvais choix ou de mauvaise volonté de la part de l’un et/ou l’autre des acteurs. L’échec d’Oslo est l’échec programmé d’un processus par lequel on a tenté d’imposer aux Palestiniens de renoncer à leurs droits et de renoncer à les revendiquer, au nom d’une autonomie illusoire et d’un transfert d’une partie des compétences et prérogatives de l’administration coloniale à une administration autochtone sans réelle souveraineté. On pourrait donc dire que les responsables sont tous ceux qui ont entretenu l’illusion d’un «processus de paix» que la réalité démentait chaque jour. Mais bien évidemment, la problématique centrale demeure la même depuis des décennies : l’occupation et la colonisation israéliennes, et le déni de droits pour les Palestiniens.
Est-ce que les accords d’Oslo ont favorisé l’ascension du Hamas ?
Julien Salingue. En un sens, oui. Le Hamas s’est clairement opposé aux accords d’Oslo, affirmant qu’ils étaient une compromission inacceptable et un abandon des droits nationaux des Palestiniens. Ils ont donc refusé de rejoindre les institutions de l’autonomie, boycottant les élections, et affirmant que tôt ou tard il faudrait en revenir à la lutte directe contre l’occupation et que l’AP s’effondrerait. La poursuite de l’occupation et de la colonisation, les pratiques mafieuses de la direction de l’AP et l’échec du processus négocié ont donné raison au Hamas: ils sont apparus rapidement comme la seule organisation d’envergure nationale qui combinait à la fois assistance à la population, poursuite de la résistance et refus de la capitulation. D’où leur ascension, qui avait en réalité commencé dès les années 1980.
Le Hamas et l’Autorité Palestinienne (l’AP) peuvent-ils gouverner ensemble?
Julien Salingue. Gouverner, peut-être. En effet, la gestion d’un pseudo-appareil d’État comme l’AP se réduit de plus en plus un travail de « techniciens », sans réel enjeu d’orientation politique. Il faut gérer l’assistance à la population, la redistribution des aides internationales, les projets de « développement économique », les forces de sécurité, etc. Un gouvernement de « technocrates » soutenu par le Hamas et les proches d’Abbas est tout à fait envisageable, même si deux problèmes demeurent : le contrôle sur les aides internationales (l’argent) et sur les forces de sécurité (les armes). Ce sont sur ces deux points que les discussions achoppent régulièrement, et pour l’instant le gouvernement d’union ne tient que parce que le Hamas a décidé de se mettre en retrait de la gestion de l’appareil d’État.
Mais l’essentiel se situe ailleurs, et il concerne la stratégie pour la lutte de libération nationale, qui ne se confond pas, loin de là, avec la gestion de l’AP qui n’est, comme nous l’avons dit, qu’une administration. Quelles résistances ? Quel programme ? Quels rapports avec Israël ? Quelles exigences dans les négociations ? Quel système d’alliance internationale ? Etc. Autant de questions sur lesquelles le Hamas et la direction Abbas sont loin, très loin d’être en accord, et qui ne pourront se régler dans le cadre d’accords techniques sur la cogestion de l’appareil AP. Toute la question est la refonte du mouvement national palestinien, avec la perspective d’une nouvelle Organisation de Libération de la Palestine (OLP), intégrant l’ensemble des forces palestiniennes (dont le Hamas) et tirant le bilan de la tragicomédie du « processus d’Oslo ». (23 octobre 2014; propos recueillis par Nadir Dendoune)

jeudi 16 octobre 2014

Les Amis du Monde diplomatique Nord Franche-Comté, les Amis de l’Emancipation Sociale
et les Amis du cinéma de Vesoul
vous invitent à découvrir le film

Les jours heureux
Quand l’utopie des résistants devint réalité
de Gilles Perret

Jeudi 23 octobre 2014  
 à  Vesoul  à 20h30 au cinéma Majestic (tarifs habituels)
et
Vendredi 24 octobre 2014
à Lure à 20h30 au cinéma Méliès (5.50€)

Suivi d’un débat en présence du monteur du film
 Stephane Perriot


Entre mai 1943 et mars 1944, sur le territoire encore occupé, des hommes, résistants, vont changer durablement le visage de la France. Ils rédigent le programme du Conseil National de la Résistance intitulé « Les jours heureux » qui donnera naissance à la sécurité sociale, aux retraites par répartition, aux comités d’entreprises… Enthousiasmant ! Et, aujourd’hui, nous assisterions sans rien dire au détricotage des « jours heureux » ? Nous en appelons à la résistance de tous pour refuser massivement les reculs sociaux que poursuit le gouvernement Hollande-Valls, à la suite de Sarkozy. Soyons utopiques. Imaginons le possible !                                                                  Contact : 03 84 78 29 87




Les Amis du Monde diplomatique Nord Franche-Comté et  les Amis de l’Emancipation Sociale vous convient à une conférence-débat


Mercredi 22 octobre 2014 
 Belfort  à 20h30 - Maison du Peuple (salle 327), entrée gratuite


Sur le thème
Génocide des Tutsi au Rwanda.
Quelles responsabilités françaises ?


en présence de
Raphaël Doridant
Membre de l’association Survie






20 ans après le génocide des Tutsi, la première condamnation d’un génocidaire présent en France a ouvert une brèche dans l’impunité qui a été la règle jusqu’à présent. Mais le déni, l’intox et les manipulations se poursuivent pour occulter les différents volets de la complicité française. Des révélations d’anciens officiers français présents au Rwanda, des publications récentes et l’action persévérante de l’association Survie vont-elles permettre qu’enfin les plus hautes autorités de l’Etat français renoncent au discours de justification de la politique menée au Rwanda entre 1990 et 1994 ? Nos dirigeants pourront-ils encore longtemps nous duper sur la réalité de la Françafrique ? Venez en débattre.                                                                                                                                         
Le Collectif Unitaire pour la Palestine vous invite à

8 HEURES POUR
LA PALESTINE

SAMEDI 18 OCTOBRE 2014
BELFORT au Centre Social et culturel de la Pépinière
de 15h à 23h


15h30 – projection du documentaire Cinq caméras brisées
de Guy Davidi, Emad Burnat (2011).
Un journaliste palestinien raconte le combat de son village pour empêcher
la construction d’une barrière de séparation sur ses terres

17h30 – Conférence-débat en présence de
Jean-Claude Meyer
Union Juive Française pour la Paix
« Vers la fascisation de la société israélienne ? »
et Julien Salingue
chercheur spécialiste de la question palestinienne, auteur de « A la recherche de la Palestine » 
  « La résistance des Palestiniens »

20h30 – Poèmes, chansons, slams, messages de paix pour la Palestine
par des artistes locaux

21h – Repas palestinien au prix de 15€ par adulte et 8€ par enfant

et tout au long de l’après-midi :
Exposition photos commentée
Vente de produits palestiniens
Vente de livres


Organisé par les Amis de l’émancipation Sociale, Collectif Freedom for Palestine, NPA,
 Parti de Gauche, la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie

avec le soutien des Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté
Le chaos ukrainien

Dans un article précédent (1), intitulé « Ukraine, vers la guerre ou la partition », en conclusion, je laissais entendre que « si le pire n’est jamais certain, tous les dérapages sont néanmoins toujours possibles ». Or, depuis, le déroulement des évènements a prouvé que nous avons eu, dans ce pays, et la guerre limitée et la partition toujours programmée.

Aux 200 morts résultant de la révolte de Maïdan, entraînant la fuite du Président Ianoukovitch, il faut, au 15.09.2014, en ajouter 2 600 dont 900 militaires, victimes de l‘offensive ukrainienne contre les « séparatistes pro-russes ». Les bombardements et les combats ont été d’une telle violence qu’ils ont contraint 400 000 civils à fuir leurs habitations. Qui plus est, 230 000 à 300 000 personnes ont été déplacées et 283 000 se sont réfugiées dans les Etats voisins. Quant aux civils qui sont restés sur place, ils vivaient la plupart du temps (avant le cessez-le-feu… provisoire) terrés dans des caves et, vu les destructions, sans eau ni électricité. En outre, les villes de l’Est meurtries, comme Louhansk, ayant subi deux mois de bombardements, sont des cités mortes, sans eau, sans électricité, ni réseau téléphonique. Dans la ville précitée, l’immense usine de locomotives a été entièrement détruite, de même, à Loutoufino, l’entreprise de machines-outils n’est plus qu’un amas de ferrailles calcinées.

Comment en est-on arrivé à ce point de non-retour ? Faut-il croire, comme les médias  nous portent à le penser(2), qu’il s’agirait d’une lutte entre les « gentils » pro-européens de Kiev et les « méchants terroristes » pro-russes armés par Poutine ? Que dire du cessez-le-feu obtenu suite à la rencontre de Minsk en Biélorussie ? Comment appréhender cette réunion de l’OTAN les 4 et 5 septembre, à Newport, et la tournée d’Obama dans les pays baltes ? Porochenko et son gouvernement peuvent-ils se maintenir au pouvoir ? Tenter de produire des éléments de réponse à ces questions c’est d’abord revenir sur l’enchaînement des faits ou l’engrenage du « pire » s’est enclenché.  

1 - Le roi du chocolat et la « crème terroriste »

La révolte de Maïdan, au centre de Kiev, a surgi lors du choix cornélien auquel a dû procéder le président en exercice, l’oligarque Ianoukovitch porté au pouvoir par le parti des régions (surtout de l’Est) après la faillite des oligarques pro-révolution orange (3). L’économie de prédation qu’il dirigeait était en quasi-faillite, une « aide » d’urgence était nécessaire pour le maintenir à flot. Face à sa demande, l’Union européenne et le FMI ne proposaient que 3 milliards de dollars, assortis de mesures d’austérité impopulaire et de dispositifs anti-corruption malmenant la véritable maffia économique, soutien du régime. Quant à la Russie, son offre était plus alléchante : 11 milliards de dollars accompagnés de remises de dettes de gaz impayées. Le choix « pro-russe » fut vite fait, trop vite, car il fut suivi immédiatement de l’occupation de la place Maïdan par une foule déterminée, à laquelle se sont jointes des forces ultra-nationalistes et d’autres, ouvertement fascistes. Cette confrontation violente avec le pouvoir mêlait revendications démocratiques, hostilité aux oligarques, illusions sur l’union européenne et sentiments ultra-nationalistes antirusses.

Un terme de cette opposition irréductible de la rue fut trouvé (4) lors de la formation d’un nouveau gouvernement dit de transition après la fuite de Ianoukovitch et la volte-face de parlementaires acquis à sa cause. C’est sous la pression conjointe des puissants oligarques, l’ingérence des puissances européennes et la pression de la rue qu’il vit le jour. Ceux qui avaient acquis d’immenses fortunes en faisant main basse sur les biens publics privatisés à vil prix, les mêmes qui avaient financé la « révolution orange », porté au pouvoir Ioutchenko (le grêlé suite à une tentative d’empoisonnement) et permis l’ascension de l’égérie Ioulia Timochenko, tous ceux-là, malgré leurs contradictions, devaient voir leurs intérêts préservés, voire, pour certains d’entre eux, décuplés au terme de l’accord d’association avec l’Union européenne, et ce, sous l’aile protectrice de l’OTAN. Tel était le scénario envisagé car, en définitive, la preuve semblait faite que la rébellion de Maïdan ne ressemblait en rien aux prémices d’une possible révolution. Toutefois, cette vue de l’esprit ne prenait pas en compte les intérêts de la puissance russe, ni la fièvre ultranationaliste à l’ouest. Il devenait de plus en plus difficile dans ces conditions de trouver un compromis entre les baronnies financières, entre l’Est et l’Ouest. Enivrés par la fébrilité pro-occidentale et nationaliste de la rue, les parlementaires votèrent le 23 février l’abolition du statut du russe, 2ème langue officielle. Ces boutefeux, tout à leur provocation, ne pouvaient pas ignorer que 38% des Ukrainiens pratiquent cette langue. Cette manipulation des peurs et des sentiments identitaires de l’ouest ne pouvait qu’exciter la colère des russophones. Ils étaient jusqu’alors méfiants, dans l’expectative vis-à-vis de la révolte de Maïdan. Sous l’instigation de la propagande de Moscou, ils devinrent hostiles, voire sécessionnistes dans leur grande masse. Et ce fut à l’Est un Maïdan à l’envers, même s’il ne connut pas la même ampleur. Le rapprochement vis-à-vis de Moscou semblait d’autant plus naturel (quand bien même la méfiance persistait) que le commerce avec cette puissance assurait, pour l’essentiel, l’irrigation économique de l’Est ukrainien : le Donbass possède en effet d’énormes quantités de charbon, il fut le cœur industriel et minier de l’URSS. Officiellement, 95 mines sont toujours en activité. 

Face à ce gouvernement imposé, Poutine se déclara protecteur des populations russophones, contre ce « coup d’Etat » auquel il n’avait pas été associé. Il le qualifia de fasciste bien que les éléments d’extrême droite y siégeant fussent minoritaires. Et il prit de court ses adversaires, Kiev et les gouvernements occidentaux. Décidé à éviter la perte de sa base navale stationnée en Crimée, il organisa, fin février, un référendum bâclé et récupéra dans son giron, le 18 mars, cette presqu’île peuplée majoritairement de Russes (5).

Pendant des décennies, les Etats-Unis traitèrent avec dédain le pouvoir poutinien, les Etats européens, quant à eux, pensaient amadouer « l’ours russe » par le développement de relations économiques et financières sans en saisir la nature bien différente de celle de son prédécesseur Eltsine. Pourtant bien des signes auraient dû les avertir que la mise sous tutelle de la Russie n’était plus de mise : les massacres en Tchétchénie, l’intervention de l’armée russe en Géorgie, son soutien au boucher El Assad en Syrie. S’appuyant sur les divisions des Etats européens, leur dépendance énergétique au gaz, jouant sur les velléités de la puissance US, Poutine allait démontrer qu’il était un maître au poker menteur, jouant tantôt l’apaisement, tantôt  la force pour mieux s’imposer car, entretemps, les braises sur lesquelles avaient soufflé Washington et Bruxelles s’enflammèrent. Le nouveau gouvernement prétendument assuré de leur soutien allait mener la guerre contre une partie de sa population.

De la guerre de Kiev contre le Donbass

L’embrasement de l’Est se traduisit d’abord par des manifestations, sit-in autonomistes acclamant Poutine, puis très rapidement, des confrontations avec la police mise en déroute à coups de cocktails molotov. Très vite, des rebelles armés et des milices pro-russes occupèrent les bâtiments publics dans les villes de Donetsk, de Louhansk notamment, se proclamèrent République populaire, menacèrent de nationaliser les biens privatisés, tout en chassant les représentants de Kiev qui rapidement se réfugièrent à Sébastopol.

Dans le même temps, face à cette militarisation à caractère séparatiste, soutenue, armée par Poutine et infiltrée de mercenaires et conseillers russes, le gouvernement assura la même montée aux extrêmes. L’armée et les groupes fascistes furent mobilisés pour la reconquête du territoire occupé par les « terroristes séparatistes » qu’il fallait écraser sous les tirs d’artillerie lourde.

D’ailleurs, Porochenko avait été élu par le Parlement sur la promesse de gagner la guerre contre les « séparatistes », de maintenir à tout prix l’unité de l’Ukraine, de ne pas céder face aux revendications fédéralistes et de ne jamais négocier avec ces rebelles. Le roi du chocolat, l’un des hommes les plus riches d’Ukraine allait de fait s’enliser dans « la crème des terroristes ».

Persuadée que Poutine n’oserait aller trop loin que les sanctions occidentales finiraient par le faire reculer, forte du soutien apparent de l’Union européenne, des Etats-Unis et de l’OTAN, l’armée ukrainienne fut lancée à l’assaut. Après de meurtriers combats, bombardements, pilonnages de l’artillerie, les villes « séparatistes » semblaient devoir tomber les unes après les autres et l’ordre nationaliste s’imposer. D’autant que le 2 mai, la répression à Sébastopol inaugurait un cycle marquant la volonté de ne tolérer aucune dissidence. La manifestation anti-Maïdan s’était traduite, en effet, par l’incendie de la maison des syndicats où périrent 30 Ukrainiens. Les fascistes de « Secteur droit » à l’avant-garde de la répression étaient déterminés à faire régner la terreur « anti-prorusse ».

Toutefois, contre toute attente, l’infiltration russe s’amplifiait, des armes sophistiquées et les contre-attaques des milices portaient des coups à l’armée ukrainienne mal organisée, des officiers s’enfuyaient… ils ne s’attendaient pas à cette « résistance » acharnée. Le nombre de morts s’accumulait, la population désemparée, en manque de vivres et d’eau, commençait à filtrer dans la presse, même si les médias occidentaux n’en parlaient guère. Le plan poutinien pouvait dès lors se mettre en place. Il fut de fait retardé par l’intense émotion suscitée par le tir provoquant le crash du Boeing MH17 qui volait à 10 000 mètres d’altitude. Les 298 victimes provoquèrent une vive émotion, attisant la rhétorique d’Obama dénonçant le « nationalisme débridé de Moscou », affirmant qu’il comptait élargir l’OTAN à la Géorgie, qu’il allait aider l’Ukraine et multiplier les sanctions. La réponse fut fournie par Medvedev : à sanctions, contre-sanctions et la menace d’interdire le survol du territoire russe par les compagnies aériennes occidentales, ce qui ne manquerait pas, si elle était exécutée, de provoquer leur faillite. Des Mac Do furent fermés et des produits occidentaux interdits d’importation. Quant à Poutine, il joua l’apaisement le 9 août en appelant les dirigeants occidentaux au « bon sens » lors du lancement du projet d’exploration conjointe entre le Russe Rosneft et l’américain Exxon Mobil dans l’Arctique et en ironisant sur les sanctions. 


2 – De l’opération humanitaire russe à l’intervention militaire

Face à la détérioration de la situation sanitaire et sociale de la population du Donbass, et surtout prenant en compte l’encerclement de Donetsk qu’était en train d’opérer l’armée ukrainienne, en passe de couper cette ville de celle de Louhansk, bastion des « séparatistes », Poutine déclara que la Russie allait procéder à une intervention humanitaire massive : 1 800 tonnes de vivres, de médicaments et d’équipements de première nécessité seraient livrées. Si, sans conteste, les populations soumises à des tirs d’artillerie massifs étaient, tout particulièrement à Louhansk, privées d’eau et d’électricité et victimes de pénurie alimentaire, il s’agissait essentiellement pour Poutine de retarder le plan d’assaut final prévu par Porochenko. La suite des évènements allait le démontrer. Kiev ne pouvait s’opposer frontalement à cette opération mais posait en revanche ses conditions : strict contrôle à la frontière, avec chargement et déchargement des 260 camions russes, sous contrôle de la Croix Rouge. Des tractations sans effet s’en suivirent, les convois étant bloqués à la frontière. Le feu vert fut donné par Poutine, au bout d’une semaine d’immobilisation, de franchir la frontière : Kiev tout comme les gardes-frontières furent pris de court n’osant tirer sur un tel convoi ce qui aurait non seulement justifié une intervention militaire russe mais également provoqué la réprobation internationale. Face aux protestations embarrassées de Washington, Vitali Tchourkine, responsable permanent de la Russie à l’ONU se fit ironique : « Les Etats-Unis n’ont pas le monopole en matière d’humanisme ».

Les muscles propagandistes des défilés militaires et la rencontre de Minsk

Les 22 et 23 août, les convois humanitaires étaient à Lougansk. La trêve s’imposait. Dès les déchargements opérés, ils repartirent.

Face à cette opération de retardement de l’offensive ukrainienne et au mécontentement des ultra-nationalistes de son propre camp, persuadé que la victoire lui avait été volée, Porochenko se devait de montrer sa détermination. Le 24 août, allait donc être le théâtre d’une démonstration propagandiste. A Kiev, l’on assista à un défilé militaire d’un millier de soldats, à Odessa à une parade navale, ce à quoi répondit à Koursk un humiliant défilé de prisonniers ukrainiens déguenillés, conspués par la foule et une exposition d’armements saisis. Dès lors, les évènements allaient se précipiter. Poutine se présentant comme un faiseur de paix face aux belligérants prêt à en découdre à nouveau, proposa à Porochenko aux abois une rencontre à Minsk, en Biélorussie. Le 26 août, en présence de Catherine Ashton comme potiche de l’Union européenne, il prescrivit un cessez-le-feu et invita son homologue ukrainien à dialoguer avec ses compatriotes… « séparatistes » en l’assurant qu’il ne désirait que l’autonomie au sein d’une république fédérale. Sinon… le gaz serait coupé cet hiver. Si aucun accord ne fut conclu, les discussions tendues se déroulèrent sur fond d’intervention russe car, à juste titre, Moscou était persuadé, comme le déclara un diplomate onusien que « personne (parmi les Etats occidentaux) ne veut se lancer dans une aventure militaire contre la Russie ».

En effet, si les Etats-Unis faisaient valoir, par la publication d’images satellites, des convois militaires comprenant plus de 1 000 soldats, de véhicules blindés, de l’artillerie et des moyens de défense aérienne s’acheminaient vers Donetsk, il ne s’agissait pas d’invasion mais seulement d’une « ingérence inacceptable » : au nord, des renforts et des livraisons d’armes et au sud, l’ouverture d’un nouveau front à partir de la côte de la mer d’Azov et la chute rapide de la ville de Novoazovsk. Cette offensive militaire russe circonscrite au Donbass ne se limite pas à rééquilibrer le rapport des forces en présence mais brise la tentative d’encerclement de Donetsk, mettant l’armée de Kiev en déroute en provoquant de lourdes pertes. Porochenko allait-il négocier avec les « séparatistes » ? Ce qui est sûr c’est que la panique s’empara du gouvernement de Kiev qui en appela, sans succès à l’OTAN, à Washington et à l’UE. Panique d’autant plus forte que Marioupol au sud de l’Ukraine, cette ville de 500 000 habitants située à 40 km des troupes « pro-russes » semblait menacée. Les corps d’armée qui y stationnaient, réquisitionnèrent les usines, des tranchées furent creusées et une chaîne humaine d’un kilomètre largement médiatisée fut organisée. La prise de Marioupol aurait été un désastre pour le pouvoir ukrainien. Mais l’OTAN se contenta de vociférer et la Russie imposa de fait un cessez-le-feu attendant que le fruit mûr tombe de lui-même : l’économie ukrainienne était exsangue et l’armée ukrainienne à bout de souffle après sa 3ème phase de mobilisation de réservistes et ses lourdes pertes. Il suffisait d’attendre et d’observer les réactions des puissances occidentales.

3 – En attendant… la suite du chaos avant… la partition soft ?

Au lendemain de la rencontre de Minsk, le 28 août, alors même que la défaite ukrainienne ne faisait plus de doute, Hollande dans un élan de sympathie poutinien déclarait : « Les autorités (sic !) ukrainiennes doivent faire preuve de retenue dans les opérations militaires, décider d’une large décentralisation au bénéfice des régions russophones et écarter toute provocation ». Quelques jours plus tôt, Merkel jouant les intermédiaires entre Poutine et Porochenko, tout en prônant la décentralisation du pouvoir ukrainien, se justifiait ainsi : « Je veux trouver une voie de sortie qui ne nuise pas à la Russie ». En outre l’Allemagne fit savoir qu’elle n’armerait pas l’Ukraine et ne financerait pas la reconstruction du Donbass. L’Union Européenne divisée entre la vieille et la nouvelle Europe peut-elle se contenter d’une mise sous tutelle des régions de l’Est de ce pays et de l’avancée menaçante de l’Eurasie poutinienne dans l’espace de l’ex-URSS ? Déclarer la guerre à la Russie, puissance nucléaire, en utilisant l’OTAN ? Impensable, pour les pays qui n’y adhèrent pas !

La conférence de l’OTAN et la rhétorique d’Obama

Reste que cette structure guerrière sous égide anglo-saxonne n’a pas manqué de procéder à de la surenchère… sans guère se mouiller. Des promesses de soutien à Kiev ont certes été formulées et ont encouragé Porochenko dans sa croyance que Moscou finirait par céder : assistance technologique et logistique, fonds de soutien de 15 millions d’euros pour réformer l’armée, aide au traitement des blessés mais… pas d’adhésion à l’OTAN.

Toutefois, les 4 et 5 septembre, se tint à New Port, au Pays de Galles, un grand raout en présence de 60 chefs d’Etats et de gouvernements entourés tous de leurs ministres de la défense et des affaires étrangères. L’inquiétude et l’apparente détermination étaient de mise : la Pologne et les pays baltes réclamèrent (6) des bases permanentes sur leur territoire, l’on déclara que si l’Alliance militaire ne concernait que 28 pays et pas un de plus, « la porte restant néanmoins ouverte ». La création d’une force de réaction rapide fut décidée. Elle devrait être composée de 5 000 hommes, une unité de 800 hommes pourrait être prête en deux jours et le reste devrait être opérationnel en 5 à 7 jours. Restait à la constituer ! Les dépenses militaires de l’OTAN se chiffrant à 900 milliards de dollars par an dont 75% sont assurés par les Etats-Unis, Obama, lui qui souhaite « diriger de l’arrière », fit la leçon aux gouvernements européens : chaque Etat devrait consacrer au moins 2% de son PIB aux dépenses militaires communes dont 20% pour des investissements nouveaux. Il était inadmissible que les budgets européens d’armement soient en baisse depuis 2012 ! Il fallait faire grossir le mastodonte OTAN même si la Russie ne consacrait annuellement que 80 milliards pour ses dépenses militaires. Une nouvelle course aux armements était-elle à l’ordre du jour afin de satisfaire les marchands de canons et ce, en pleine période d’austérité imposée ? « Voyager léger pour frapper fort » ce slogan adopté pour baptiser la force de réaction rapide capable d’intervenir dans tout pays menacé d’incursion russe n’allait-il pas entraîner un engrenage guerrier somnambulique ? L’Union européenne avait-elle besoin d’une mise sous tutelle de l’ensemble de l’Ukraine ? Quant aux peuples, aux parlements nationaux, il ne fut nullement question de les consulter et encore moins qu’ils décident de quoi que ce soit à ce sujet.

Obama, lui qui avait affirmé  avec emphase que la souveraineté nationale de l’Ukraine ne saurait être mise en cause, cautionnant ainsi l’offensive de Kiev « contre son propre peuple » pour reprendre le mot de Poutine, ne pouvait que réaffirmer que l’hégémonie US ne saurait être mise en doute même si les faits lui donnaient tort. Il n’y a pas, dit-il en substance, de « zone d’influence naturelle » russe… mais la volonté d’élargissement de l’OTAN à s’étendre à la Géorgie, à la Moldavie… et demain à l’Ukraine ne saurait être mise en cause. Il exhorta les pays membres de l’OTAN à prendre des engagements concrets pour aider l’Ukraine.

Cette rhétorique ne suffisant pas à rassurer certains pays, il entreprit une tournée… triomphale aux pays baltes, inquiets des appétits de « l’ogre russe ». Ce fut, pour reprendre le mot d’un général français cité par le Canard Enchaîné, « une séance de câlinothérapie à l’américaine ».

Poutine vis-à-vis de la force de cette démonstration verbale répondit à la Pologne antirusse en diminuant drastiquement les livraisons de gaz, et le 8 septembre, aux pays baltes par une opération commando kidnappant l’espion estonien Eston Kohver et ce, le jour même où s’achevait le sommet de l’OTAN dont les pays membres, testés ne réagirent guère…

Les lendemains ne sont pas prêts de chanter

C’est que, comme suggéré dans un précédent article, les Etats européens, tout particulièrement leurs transnationales ont beaucoup à perdre dans une escalade avec Moscou. Pour ne prendre qu’un exemple, le plus emblématique, les exportations allemandes vers la Russie ont chuté de 15% et les chefs d’entreprises de ce pays mènent un intense lobbying contre les sanctions.

Quant à l’Ukraine, elle est au bord de la faillite, le FMI prévoyant une contraction de son PIB de 6.5% en 2014. L’Etat est rongé par la corruption, les caisses sont vides et une grande partie du Donbass considère que le divorce avec Kiev est consommé. Les élections prévues le 26 octobre (sans la partie Est ?) risquent d’être le théâtre de bien des surprises et surenchères fascisantes. Jusqu’à présent, les aspirations sociales et démocratiques ont pu être occultées mais, face à la déconfiture de Porochenko, un nouveau Maïdan est probable. Ce ne peut être, compte tenu des forces politiques en présence, qu’un nouveau chaos dont pourrait enfin sortir une force de transformation sociale réelle. Mais, dans l’immédiat, rien n’est moins certain. La partie ouest s’achemine vers la dépendance européenne et ses ajustements structurels, la partie Est à reconstruire va connaître le joug poutinien et ce, dans un contexte international où la « grande coalition » sous l’égide d’Obama a les yeux tournés vers le bourbier irakien et l’hydre de l’Etat islamique.

Gérard Deneux, le 17.09.2014

(1)   PES n° 2 avril 2014
(2)   lire l’article du Monde Diplomatique « Les bons, la brute et la Crimée » d’Oliver Zajec – avril 2014
(3)   Ianoukovitch présenté unilatéralement comme pro russe a eu en effet, pour conseiller, Paul Mawfort de 2004 à 2013, celui-là même qui conseilla Reagan puis GW Bush
(4)   Pour la suite de ces évènements, se reporter à mon article précédent
(5)   La Crimée a été cédée à l’Ukraine par Khrouchtchev
(6)   Entre le 28 septembre et le 5 octobre 1939, Staline se fait accorder des bases en Estonie, Lettonie et Lituanie et ce, sous la menace et dans le cadre du pacte germano-soviétique. Après la guerre, ces pays seront intégrés à l’Union soviétique.


Encart

Porochenko tente de masquer qu’il est allé à Canossa

On vient d’apprendre que le Parlement ukrainien avait adopté, le 16 septembre, une loi d’autonomie pour la région du Donbass. Elle disposerait du droit de créer sa propre police, de nommer procureurs et juges, de gérer les budgets locaux et l’économie. La possibilité de coopération transfrontalière autonome avec la Russie est même reconnue. Quant à la langue russe, elle possèderait un statut équivalent à l’ukrainien. Pour convaincre les députés, Porochenko a brandi la menace russe. Poutine lui aurait dit que si elle n’était pas votée, Marioupol serait prise par la force armée. Pour : 277 voix sur 450, celle loi fut votée.
Et puis, l’on passa aux réjouissances théâtrales « grandiloquentes » pour faire passer la pilule à Strasbourg et à Kiev. Les deux parlements en duplex sur grand écran ratifièrent l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE sans vote et par standing ovation comme pour mieux faire oublier « Tout ça pour ça », les 3 000 morts et le fait que l’accord effectif de libre échange est reporté… en janvier 2016.
Réaction de Moscou : c’est un début… en attendant des gages de non adhésion à l’OTAN. Quant aux rebelles, ils parlent de 1ère étape… et sont plutôt sceptiques. En outre, le cessez-le-feu est des plus fragiles. Ces 3 derniers jours on dénombrait la mort d’une dizaine de civils et de 3 soldats ukrainiens dans les environs de Donetsk.
L’élection des parlements régionaux est prévue pour le 7 décembre alors même que les législatives sont maintenues au 26 octobre.
Le 18.09.2014