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Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


jeudi 12 septembre 2013

Economix

Pour mon premier article sur ce blog, je souhaite vous parler de la bande-dessinée de Goodwin et Burr, traduit et publié en français au début de l'été :



C'est un pavé de 300 pages d'illustrations en noir et blanc retraçant l'histoire sérieuse de l'économie, telle que vous pourriez l'apprendre si vous faisiez des études dans le domaine. Les théories de Friedman, Ricardo, Keynes ... sont très bien expliquées et mises en image, et leur mise en pratique au fil des siècles commentée et critiquée.

Pour moi qui comme quelques autres arrivent à s'intéresser à l'économie sur le tard, par la force des choses, pour comprendre d'où viennent toutes ces crises, c'est un excellent moyen d'appréhender certains fondements de l'économie théorique sans plonger dans des tomes et des tomes de prose technique et rébarbative.
On y comprend bien, par exemple, comment des modèles théoriques basées sur des hypothèses TRÈS fragiles, ont dominé et dominent encore le monde de la finance et les discours des économistes. L'idée que la "main invisible" du marché corrige toute dérive, car tous les acteurs économiques sont considérés parfaitement informés et les ententes commerciales supposées impossibles car a priori contre-productive, est une des plus rigolotes, quand on observe ce qui se passe vraiment.
Pourtant, ce sont vraiment ces théories-là qui président aux décisions politiques les plus importantes, aujourd'hui encore.

Le bouquin met aussi parfaitement en image les différents cercles vicieux qui entraînent l'économie de par le fond, par exemple page 148-149 :

1. Donc les gens achetèrent plus de voiture -> 2. ... qui rendirent nécessaires plus de routes et de parking -> 3. ... et les villes s'étendirent encore plus... -> Allez en 1

et

1. Plus les intérêts particuliers avaient d'argent, plus ils avaient de l'influence à Washington -> 2. Plus ils avaient d'influence, plus ils pouvaient être favorisés -> 3. Plus ils étaient favorisés, plus ils avaient d'argent. -> Allez en 1

Pour vous donner une idée du ton et des illustrations, voici une des planches (en anglais mais je vous rassure c'est très bien traduit) :


La lecture de ce bouquin est donc indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à ces choses-là, même ceux qui savent ou croient déjà tout savoir sur la question.

Je déplore néanmoins qu'un certain nombre de sujets ne soient pas abordés du tout. Outre le fait que le discours est essentiellement centré sur l'économie américaine, j'ai regretté en effet que la question de la monnaie et plus particulièrement de la création monétaire ne soit même pas effleurée dans les 300 pages. Cela me semble personnellement essentiel, et si je me trompe j'aurais aimé au moins savoir pourquoi, selon l'auteur. Pas un mot là-dessus, donc.

Autre angle mort : la démocratie. Les auteurs semblent tourner autour du sujet sans jamais se rendre compte de la supercherie. Hormis le cercle vicieux recopié ci-dessus, qui laisse entendre que ce n'est plus vraiment les élus qui nous gouvernent, mais qu'ils sont gouvernés par les plus riches, aucune remise en cause du processus qui rend les élus impuissants : l'élection elle-même. Je sais que ces deux sujets sont de mes vieilles antiennes, mais sans déconner, il faut s'y intéresser et s'insurger, je l'ai déjà dit !

Mis à part ceci, je vous encourage à nouveau à vous procurer cet ouvrage, et si vous l'avez déjà, à inciter votre bibliothèque à l'acheter, et votre banquier, et votre député aussi. Et prêtez le votre autour de vous.

Merome