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Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 18 août 2013

Peut-on défendre les intérêts des médecins mercenaires ?


On connaissait les libertés prises par nombre de médecins avec les dépassements d’honoraires et autres dessous-de-table mais l’on était loin de se douter que les vacances de postes dans les hôpitaux étaient comblées par des médecins-mercenaires qui avaient « envie de liberté » au prix fort, assumé par les budgets des hôpitaux et les cotisations des assurés sociaux.

La liberté des hôpitaux de recourir à l’intérim, couplée à la pénurie de médecins, s’est transformée en contrainte financière. Ils sont désormais pris en otage par ces rapaces en blouse blanche. L’affaire n’est pas nouvelle puisqu’elle a été dénoncée dès 2003, pour le moins, dans un rapport de l’inspection générale des affaires sociales ainsi que par les Chambres Régionales des Comptes. Ces dernières ont mis en exergue les coûts exorbitants et les irrégularités de telles pratiques de recrutements temporaires : 67 millions d’euros en 2013, soit 350 équivalents temps plein. Et l’affaire semble tellement juteuse pour les postulants qu’ils sont de plus en plus nombreux à y recourir ; des praticiens titulaires n’hésitent pas à démissionner pour devenir mercenaires de la santé. Pensez donc, en 10 jours d’intérim, ils gagnent autant qu’en 1 mois à l’hôpital !

Jusqu’ici, les gouvernements successifs, les élus informés ont fait la sourde oreille, « que chaque hôpital se débrouille pour assurer la continuité du service ». Les Préfets sanitaires et leurs services (ARS) s’en sont lavé les mains, leurs prérogatives s’arrêteraient aux médecins titulaires et… aux finances mal tenues engendrant la nécessité de suppressions de lits et autres restructurations. Mais le phénomène prend de l’ampleur. En 2012, c’est une hausse de 30% en 3 ans qui a été constatée. Les mercenaires se vendent à prix d’or : en moyenne de 1 300 à 1 400 euros pour 24 heures de travail soit un SMIC mensuel. Mais cela peut aller à 3 000€ pour la même durée « limitée » de travail. Un groupe parlementaire (discret !) semble se pencher sur ce problème. Osera-t-il proposer qu’un organisme dépendant du ministère de la santé gère l’ensemble des remplacements à des tarifs qu’il imposera ? Ce serait ni plus ni moins étendre une pratique, existant dans l’éducation nationale, au secteur de la santé…. Faut-il léser ces rapaces ? Mettre en place un système de contrôle ? On entend déjà les cris d’orfraie de ces nouveaux pigeons à bec d’aigle croassant contre une atteinte intolérable à leur liberté et suggérant, malgré le démenti des faits, que la mise en concurrence des hôpitaux pour les attirer n’est que saine gestion.

Ce qui caractérise un service public digne de ce nom, c’est qu’il satisfasse en premier lieu les besoins des populations et qu’il contraigne, par conséquent, les médecins à s’installer là où ils se manifestent. En 2012, on comptait 15 000 postes de titulaires vacants. La grande union personnels de santé/usagers/élus ne se réalisera pas sans combattre les privilèges libéraux et leurs porte-parole, plus ou moins honteux, qui vont jusqu’à proposer aux jeunes médecins des incitations financières pour les mettre en concurrence avec les mercenaires trop gourmands.

Gérard Deneux, le 14 août 2013

d’après un article du Monde du 13 août 2013 de Laetitia Clavreul.