Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 11 mai 2013


Amis de l’Emancipation Sociale
Gérard Deneux  - Président - 76 avenue Carnot  70200 Lure  03.84.30.21.06


Tu es convié(e) à l’Assemblée Générale annuelle de l’association qui aura lieu le
Dimanche 26 mai 2013 à 15h
Au Foyer des Jeunes Travailleurs, 6 rue de Bourdieu à LURE (dans la petite salle Bourdieu côté rue de Bourdieu et non dans la salle de restaurant)
(sortie de Lure vers Vesoul – rue entre gendarmerie et France Télécom)


Ordre du jour :
-         Examen et vote du rapport d’activités du 12.03.2012 au 3.05.2013
-         Examen et vote du rapport financier
-         Débat d’orientations 2013/2014
-         Renouvellement du Conseil d’administration (si tu souhaites être membre du CA, nouveau ou renouvelé, merci de me renvoyer le bulletin réponse ci-dessous) et montant de l’adhésion 2014
-         Débat sur « le modèle allemand et la crise en Europe ».

Si tu n’es pas à jour de ta cotisation 2013, tu pourras adhérer sur place (5€ pour étudiants et ressources faibles – 15€ pour actifs et retraités).
Nous joignons à cette invitation le rapport d’activités, le bilan financier et le débat d’orientations pour permettre interventions, critiques et propositions.

A l’issue de nos discussions, nous poursuivrons autour d’un « dîner-buffet » préparé par Haïdar. Merci de transmettre à Odile ton bulletin de participation au repas.

Nous te demandons également de répondre au questionnaire au verso dans l’objectif d’enrichir les apports mutuels dans l’association pour l’avenir.

N’hésite pas à inviter des copains curieux de nous connaitre et intéressés par les AES
Comptant sur ta présence. Fraternellement.

le 7.05.2013,
Gérard

Bulletin de participation à l’AG et au repas à retourner pour le 22 mai
à Odile Mangeot  43 J rue Jean Jaurès 70200 Lure ou à confirmer par mail
Odile-Mangeot@wanadoo.fr  ou par tél. au 03.84.30.35.73

Nom                                                                            Prénom
Adresse
Mail
Tél.
Participera à l’AG des AES du 26.05.2013                     oui                         non
Participera au repas                                                         oui                         non
    Et verse sa participation de 10 € à AES
Est candidat pour être membre du CA                          oui                        non

Questionnaire à retourner à Odile ou à donner le jour de l’AG


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Ta réponse nous permettra de partager les sources et leur contenu par thème en fonction des sensibilités de chacun d’entre nous, s’engageant ainsi à alimenter nos débats, à faire connaître des livres, des films, etc. et à enrichir notre blog à





Regards Aminata Traoré : « Ce qui se passe au Mali est l'illustration d'une nouvelle étape de la politique de mainmise sur les ressources du continent »

Aminata Traore DR.jpg
Entretien. Ancienne ministre de la Culture malienne et militante altermondialiste, Aminata Traoré a pris clairement position contre l'intervention de la France au Mali. Nous reproduisons ici des extraits d'une interview donnée au média Cameroonvoice.

Les autorités françaises ont refusé de vous accorder un visa d'entrée en France pour participer à une réunion publique le 22 avril dernier. Pouvez-vous nous confirmer cette information ?
En fait, j'ai été invitée par Die Linke, un parti de gauche allemand, et des militants français. Je devais faire un tour à Berlin et par la suite donner une conférence à Paris et Lille. J'avais un visa de circulation de quatre ans de l'espace Schengen qui a expiré au mois de février.
Quand je me suis rendue à l'ambassade d'Allemagne pour solliciter un droit d'entrée dans l'espace Schengen, ils m'ont accordé un visa de trois jours uniquement pour leur pays en me notifiant que la France a donné des instructions pour qu'aucun pays de l'espace Schengen ne m'accorde de visa.

Il y avait donc une interdiction de circulation dans l'espace Schengen vous concernant, dont vous ignoriez totalement l'existence ?
J'ai été autorisée à aller en Allemagne et à revenir au Mali directement sans fouler le sol de l'espace Schengen mis à part l'Allemagne. Je ne sais pas si c'était une exception allemande, ou si les autres pays de l'espace Schengen pourront m'accorder la même « faveur ».
Ma liberté de circuler est maintenant restreinte. Je ne sais pas ce que l'on me reproche. Dans mon cas, j'ai eu la chance d'avoir cette ouverture de la part de l'Allemagne. Mon compatriote Oumar Mariko (secrétaire général du Sadi, Ndlr), lui n'a pas pu voyager du tout…

Vos prises de position contre l'intervention militaire des forces étrangères au Mali, et notamment celle de la France, ne seraient pas la cause de cette interdiction ?
Certainement. Sinon je ne comprends pas pourquoi la France et surtout les membres de ce gouvernement de gauche, qui m'ont reçu et qui me connaissent parfaitement, le feraient. En principe, nous partageons les même idées.
Sauf que la France considère son intervention au Mali comme une réussite politique et militaire, qui de leur point de vue exige qu'il n' y ait pas de critiques, puisque l'unanimité leur réussit si bien ! Toutes les résolutions concernant cette guerre ont été adoptées à l'unanimité au Conseil de sécurité des Nations unies, et ils viennent aussi de voter à l'unanimité à l' Assemblée nationale et au Sénat français la prolongation de l'opération Serval au Mali.

Le pouvoir politique a changé de main en France voilà bientôt un an et on peut constater que la politique africaine de la France, demeure toujours la même.
Elle demeure inchangée et il ne nous le cache pas. Le Général De Gaulle l'a dit : « la France n'a pas d'amis mais des intérêts ». Peut-être que c'est nous qui nous faisons des illusions, François Hollande l'a d'ailleurs répété récemment quand François Bozizé l'appelait à l'aide. Il lui a fait savoir que la France défendait ses intérêts et ses ressortissants.

Comment envisagez-vous l'avenir du Mali et de la sous-région suite à cette intervention militaire française appuyée par des troupes africaines ?
Je pense que les troupes africaines sont mises à contribution, et comme je l'ai déjà dit dans mon manifeste ce n'est pas notre guerre. Nous sommes entrés dans une phase de la globalisation qui implique la diplomatie économico-offensive et la militarisarisation. Mais seulement, Al Qaida est une réalité et en même temps une aubaine, car elle permet aux dirigeants africains qui ont mal géré de dire maintenant que la priorité, c'est la lutte contre le terrorisme, et aux puissance étrangères de dire : faisons cause commune, luttons d'abord contre le terrorisme...
Le véritable terrorisme, c'est la misère, les injustices, parce que je sais qu'une bonne partie des combattants des djihadistes sont avant tout des jeunes désespérés, sans boulot. Ils n'ont pas de visas et se font recruter à la fois par les narcotrafiquants et les djihadistes. C'est cette réalité qu'il nous faut regarder maintenant de près.

Quelles leçons devrons-nous tirer de la situation au Mali et de ce qui vous arrive à vous ?
Je souhaite que les Maliens et les Africains s'ouvrent grandement les yeux et les oreilles et se disent qu'en réalité, il n'y a pas un cas malien. Ce qui se passe aujourd'hui au Mali est l'illustration d'une nouvelle étape de la politique de mainmise sur les ressources du continent, notamment les ressources énergétiques, sans lesquelles la sortie de crise, la croissance et la compétitivité ne sont pas envisageables par l'Occident. Avec tout ce qui se passe, je considère que le Mali est humilié, il n'y a donc aucune raison d'en rajouter en gardant le silence et c'est ce que tout le monde fait, et les occidentaux le savent pertinemment.
Raison pour laquelle je me réjouis aujourd'hui de ce soutien international, parce qu'il y a énormément de gens qui ne comprennent pas, quelle que soit la différence de lecture, qu'un tel traitement me soit réservé. C'est donc une nouvelle phase de la décolonisation de l 'Afrique. Il nous appartient maintenant à nous-mêmes de voir où sont les véritables défis.

Propos recueillis le 28 avril par le média Cameroonvoice

« Le peuple veut » – entretien avec Gilbert Achcar

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Intellectuel militant originaire du Liban, Gilbert Achcar est enseignant à la School of Oriental and African Studies de Londres. Il présentera son dernier livre, dont le sous-titre est « Une exploration radicale du soulèvement arabe » à la librairie La Brèche à Paris, mardi 9 avril à partir de 18 heures. Pourquoi as-tu titré ton livre « Le peuple veut » – tout court ?
Cette formule « le peuple veut » a été utilisée dans les mouvements récents pour exprimer toutes sortes de revendications, des plus élémentaires jusqu'au fameux « le peuple veut renverser le régime », slogan le plus connu du soulèvement général. À l'origine, ce sont deux vers très célèbres d'un poète tunisien, qui sont au conditionnel, tandis que là l’affirmation est au présent. Ce que révèle le slogan, c'est l’irruption du peuple en tant que volonté collective sur la scène publique, le peuple en tant que sujet politique. Une grande masse d'individus qui depuis des décennies vivait dans des conditions de despotisme bascule aujourd'hui dans une ère révolutionnaire qui – comme je n'arrête pas de le souligner – n'en est qu'à ses débuts. Il s’agit d’un processus révolutionnaire à long terme.
Tu traites longuement des « modalités particulières du capitalisme dans la région arabe ».
On est face à une onde de choc révolutionnaire qui couvre une région particulière. Cela indique des facteurs communs spécifiques à la région concernée, qu'il s'agit d'analyser. Dans une démarche marxiste, on ne va pas se contenter des explications qui se réfèrent à des facteurs culturels ou au fait qu'il s'agit de soulèvements contre des régimes despotiques. Ces facteurs existent, certes, mais ils n'expliquent pas pourquoi cette explosion s'est généralisée de cette façon à ce moment précis de l'histoire. Dans une démarche marxiste, tu vas explorer les racines matérielles de l’explosion, les facteurs socio-économiques qui sous-tendent ce qu’il se passe. C'est la démarche que j'ai adoptée et je montre effectivement qu’il y a en commun à la région une situation socio-économique lamentable, avec le record mondial des taux de chômage détenu pendant plusieurs décennies. Ce n'est pas la crise conjoncturelle qu'on a en Europe, due en particulier à la politique économique allemande. Cela perdure depuis longtemps et témoigne d'un blocage du développement qui est particulier à la région, même quand on la compare aux autres régions de l'ensemble afro-asiatique, comme je le fais dans l'ouvrage. La question qui se pose, c'est : quelles sont les raisons de ce blocage ? Elles ne résident pas dans le capitalisme en général : en expliquant tout, cela n'explique rien. Les raisons du blocage résident dans les modalités particulières du capitalisme, du mode de production, du rapport entre l'économique et le politique dans cette partie du monde. C'est en tout cas ce que j'essaye de montrer.

Tu parles de régimes rentiers et clientélistes qui ont étouffé ces sociétés…
Il s’agit d’États rentiers et patrimoniaux et d'un capitalisme de compères, politiquement déterminé, où la part qui domine ne relève pas des « lois du marché » comme le voudrait le modèle idéal du capitalisme, mais plutôt des connivences et des connexions avec le pouvoir. Tout cela produit un blocage qui n'a cessé de s'aggraver depuis des décennies. Cela fait déjà pas mal de temps que l'on sent venir l'explosion et que l'on voit un bouillonnement social se manifester là où c'était possible, là où la répression ne rendait pas la chose impossible. On a vu une montée des luttes sociales, en particulier dans les deux pays où tout a démarré : la Tunisie et l'Égypte sont des pays qui ont connu dans les décennies qui ont précédé l'explosion actuelle une montée évidente des luttes sociales, et en particulier des luttes ouvrières qui témoignaient de ce potentiel explosif, qui a fini par exploser. L'immolation par le feu du jeune Bouazizi a été l'étincelle qui a fait exploser une situation, qui très évidemment était hautement explosive dans l'ensemble de la région.
Une pensée commune s’affirme selon laquelle les révolutions tunisienne et égyptienne ont été étouffées par les forces islamiques réactionnaires…
C'est une perception qui a prévalu après que les élections en Tunisie, puis en Égypte, ont abouti à l'arrivée au pouvoir de forces intégristes, de forces ayant fait de la religion leur fonds de commerce. Mais je crois qu'aujourd'hui beaucoup de ceux et celles qui ont pu être séduits par le discours religieux sont déçus. En témoigne l'ampleur de la résistance aux nouveaux gouvernements issus de la mouvance intégriste, et même la continuation, voire la montée, du mouvement social dans les deux pays concernés : la Tunisie et l'Égypte. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue la Libye, où les élections ont été proportionnellement bien plus massives, et ont abouti à une défaite des intégristes. En Égypte et en Tunisie, où on a eu des victoires des intégristes qu'il faut évidemment relativiser, surtout dans le cas tunisien, les populations s'aperçoivent très vite de l’incapacité de ces derniers à gérer la situation, à apporter ne serait-ce qu'un début de solution à la crise sociale qui est le problème fondamental. Les gens n'ont pas renversé des régimes uniquement parce qu'ils voulaient la démocratie et la liberté comme on l’a prétendu : le mouvement est parti, aussi bien en Tunisie qu'en Égypte, sur des bases sociales, avec des revendications sociales très claires, sur l'emploi, sur la justice sociale, sur la cherté de la vie. Les revendications étaient très claires, et c'est à ce niveau, qui constitue le moteur fondamental de l'explosion dans la région, que les intégristes n'ont aucune solution, aucune réponse à apporter. Ils ne font que continuer les politiques économiques, et perpétuer les structures socio-économiques qui existaient auparavant. Ils continuent les mêmes rapports avec les institutions financières internationales. Ils acceptent les conditions du FMI, avec autant de zèle que les régimes déchus. Cela produit ce que l'on voit : après cette première étape du processus révolutionnaire régional, on voit déjà se dessiner les contours de leur échec. La question cruciale qui se pose dès lors, c'est quel type d'alternative peut émerger.
Sur la Libye et la Syrie, beaucoup disent que ces soulèvements ont été récupérés par l'impérialisme et ne débouchent que sur le chaos et sur le désespoir.
Parlons d'abord de la Libye. On a beaucoup entendu dire, après l’intervention de l'OTAN, que le soulèvement avait changé de nature. D'aucuns en ont même tiré la conclusion qu'il fallait soutenir Kadhafi. Toutefois, le soulèvement libyen a fait la preuve de la conscience aiguë de sa souveraineté en refusant, dès le début, toute intervention au sol de troupes internationales. Ce qui a renversé le régime Kadhafi, c'est la guerre civile dans le pays, c'est l'insurrection de Tripoli. L'OTAN a certes contribué à la victoire militaire de l’insurrection, mais c'est celle-ci qui a remporté la victoire. Quand il y a renversement d'une dictature de type totalitaire en place depuis plus de quarante ans, d'une autocratie avec un côté ubuesque prononcé, quand un tel régime s'écroule sous les coups d’un soulèvement de masse, il y a toujours une situation anarchique et chaotique qui se crée. Chaque révolution passe par là. On peut en sortir s'il y a une direction centralisée du soulèvement révolutionnaire, ou si le régime est mis à bas par une armée révolutionnaire disciplinée. Ce n'était évidemment pas le cas en Libye. À défaut de directions qui correspondent à ce qu'on peut souhaiter d’un point de vue progressiste, c'est tant mieux dans les conditions actuelles de sous-développement politique de la société libyenne à cause de ce qu'elle a vécu depuis quarante ans. Aujourd'hui, il y a un bouillonnement formidable dans ce pays, auquel les médias ne s'intéressent absolument pas. Au-delà de la situation chaotique créée par les milices armées, mais on a connu cela dans beaucoup de situations, notamment au Liban en 1976, quand l'armée s'est écroulée dans la première phase de la guerre civile – la situation sécuritaire est remarquablement modérée par rapport à ce qu'on aurait pu craindre. On disait « Ça va être la Somalie », et c'est loin d'être le cas. Il y a un mouvement social qui émerge, des revendications politiques, des protestations politiques en permanence, y compris contre les groupes armés, une véritable explosion de journaux, de moyens d'expression, de prises de parole. Il y a même un mouvement de femmes, et une fédération de syndicats indépendants qui s'est créée en lien avec celle de l'Égypte. Le bilan est tout à fait intéressant. Cela dit, il est difficile de dire comment vont évoluer les choses. Ce qui est certain, c’est qu’il y a eu un déblocage majeur de la situation en Libye.
Et pour la Syrie ?
L'attitude des puissances occidentales dans le cas syrien est très différente. Il n’y a qu’à comparer les gesticulations de Sarkozy sur la Libye, en toute hypocrisie, et l'absence de gesticulations de la part de Hollande sur la Syrie. Et ce n'est pas une question de différence fondamentale entre les politiques des uns et des autres. Les enjeux ne sont pas les mêmes, les risques et les coûts non plus. Il y a dans les deux cas une volonté des puissances occidentales de parvenir à un accord avec le régime en place. Ils l'ont tenté jusqu'aux derniers jours en Libye, en négociant avec le fils de Kadhafi. C'est ce qu'ils essaient depuis deux ans en Syrie. C'est pourquoi ils refusent de livrer des armes. Washington a refusé jusqu'ici toute livraison d'armes. Tout récemment, il y a semble-t-il un début de feu vert américain pour que les alliés de Washington dans la région puissent envoyer des armes, en réponse à l'obstination de Bachar al Assad qui continue à refuser une solution négociée qui aurait pour condition première sa propre démission. Le résultat est là. Cette attitude des puissances occidentales, face à la Russie et à l'Iran qui soutiennent pleinement le régime en place, a permis au régime de massacrer tranquillement depuis deux ans. On parle de 70 000 morts. Beaucoup disent qu'il y en a beaucoup plus. Le nombre des réfugiés est extraordinaire. La situation est absolument terrible. Quand on dit 70 000 morts, cela veut dire que le nombre de blessés est bien plus important. C'est une situation absolument tragique et il y a une complicité criminelle des puissances occidentales dictée par leurs propres intérêts, leurs propres considérations stratégiques. La même défiance qu'ils ont eue envers le soulèvement libyen, ils l'ont envers le soulèvement syrien, et même bien plus vu la situation géographique du pays. C'est cette attitude criminelle de l’impérialisme qu'il faut dénoncer si l'on veut être anti-impérialiste, et non pas l'insurrection comme d’aucuns le font.
Alors quels espoirs pour ce processus sur le long terme ?
À partir de l'analyse que je fais du soulèvement, la conclusion logique c'est que la seule issue positive serait l'émergence de directions s'appuyant sur le mouvement ouvrier et populaire et porteuses d'un programme de nature progressiste, axé sur la satisfaction des besoins sociaux et capable d’engager les pays de la région sur la voie d’un développement tenant compte des multiples dimensions que ce terme a acquis, un développement dans lequel l'État joue un rôle central, en contradiction absolue avec les dogmes néolibéraux qui dominent mondialement. La situation est inégale d'un pays à l'autre. La Tunisie est sans doute le pays où ce type d'alternative est le plus probable, potentiellement du moins, si l'on tient compte du rôle du l'UGTT et de sa combinaison avec le Front populaire, la coalition de la gauche en Tunisie qui est aujourd’hui à la tête de l'UGTT. Cette combinaison a le potentiel d'être la force dominante dans ce qui se passe dans le pays. Il faut que la gauche travaille à impliquer le mouvement ouvrier dans la bataille politique et comprenne la nécessité de l'affirmation d'un pôle de gauche indépendant, sur son programme social, sans mélanger les drapeaux avec des oppositions, qu’elles soient libérales ou, bien pire, composées de membres des régimes renversés. Avec de tels alliés, on ne saurait définir un programme de rupture avec les politiques néolibérales. Le même problème se pose en Égypte où il y a un potentiel représenté par le Courant populaire que dirige Sabbahi, le candidat nassérien qui est arrivé en troisième position au premier tour de la présidentielle, et le nouveau mouvement ouvrier, la Fédération des syndicats indépendants. Le même problème se pose, celui de l'affirmation d'une alternative de gauche, qui se batte sur le terrain social, sans que cela soit contradictoire avec des alliances plus larges pour la défense des conquêtes démocratiques. Il est important de mettre en avant une identité socio-économique différente des oppositions libérales ou d’ancien régime qui toutes ont en commun avec les intégristes au gouvernement de n’avoir pas d'alternatives aux politiques socio-économiques qui existaient auparavant. Faute de l’émergence d’alternatives progressistes, on court le risque de voir la crise provoquer des régressions réactionnaires.
En Europe, on a des responsabilités par rapport à cela ?
Effectivement, le mouvement ouvrier, la gauche radicale en tout cas, celle qui défend une alternative au système, doit tisser des liens avec les forces correspondantes dans le soulèvement régional. Ce n'est pas seulement un devoir internationaliste et altruiste, c'est dans le meilleur intérêt de la gauche européenne elle-même que ce qu’il se passe de l'autre côté de la Méditerranée débouche sur une radicalisation sociale. Des synergies peuvent s'établir aujourd'hui avec la crise qui secoue l'Europe, et la radicalisation en cours dans des pays comme la Grèce et l'Espagne.
Propos recueillis par Jacques Babel

Aminata Traoré interdite de séjour en France

Cette pétition doit être validée par la Communauté Avaaz avant publication

Pourquoi c'est important


Parler du Mali. Parler de l’Afrique.

Au-delà des images de guerre ou de famine diffusées en masse par les médias, notre ambition est de donner la parole à une autre Afrique, une Afrique qui invente, qui construit et qui lutte pour la reconnaissance d’une modernité proprement africaine. C’est dans ce but que cette pétition a été lancée : déclencher des débats, donner envie de s’informer autrement, découvrir des paroles divergentes, chercher à comprendre ce qui peut bien se cacher derrière l’unanimité internationale qui accompagne l’intervention française au Mali.
Aminata Traoré, qui fût ministre de la culture du Mali et qui aujourd’hui dirige le centre Amadou Hampâté Ba ( http://www.centre-cahba-bamako.org/ ) au sein du quartier Missira de Bamako, est aussi essayiste, écrivain et militante infatigable au sein du forum social mondial et du forum pour un autre mali (http://www.foram-forum-mali.org/ ). Ses actions auprès des populations et des institutions privilégient des méthodes permettant aux citoyens une appropriation politique des situations. Elle tient à démontrer qu’une autre Afrique est possible et dénonce les politiques d’ajustement structurel imposées au Mali depuis des décennies par les instances internationales (FMI, Banque mondiale). Ces politiques d’ajustement structurel sont les conditions à remplir par les pays soi-disant « sous-développés » en échange d’une aide financière ou d’un allègement de la dette. Elles sont la tête de proue de la mondialisation néo libérale et imposent un modèle économique prédateur à des sociétés déjà fragilisées par des siècles de colonisation. Les politiques d’ajustement structurel sont une sorte d’austérité budgétaire imposée de l’extérieur. Elles consistent en des coupes drastiques dans les services publics (suppression de postes de fonctionnaires, réduction des budgets consacrés à l’éducation, à la recherche ou la santé), d’une privatisation de pans entiers de l’économie et d’un détournement de l’agriculture de son rôle nourricier au profit de multinationales cultivant pour exporter et non pour nourrir le pays. Ces mesures sont ravageuses pour les populations : misère, chômage, sécheresses, conflits armés en sont les principales conséquences ainsi qu’une profonde désillusion des populations, surtout les jeunes, qui, convaincus de l’absence de perspective, s’orientent vers l’exil ou le combat.
Le point de vue défendu par Aminata Traoré consiste à dire que le développement de groupes armés (narcotrafiquants, djihadistes, autonomistes) est une des conséquences de ces politiques néo libérales imposées au Mali ainsi qu’une suite logique de la politique française en Afrique notamment en ce qui concerne l’intervention française en Libye. (Lire à ce sujet le rapport Bonnet sur la Libye : http://www.burundirealite.org/PDFs/64.pdf ). La France est en quelques sortes un « pompier-pyromane » déguisé en humaniste. Elle dénonce le fait que, sous-couvert de la lutte contre le terrorisme, la France est bien là pour défendre ses intérêts économiques et géostratégiques et pour négocier avec ses « amis » africains les conditions d’attribution des différents marchés (miniers, agricoles, télécommunication,…). Elle est aussi très critique envers les élites africaines, engluées dans la corruption, sans vision, et qui n'ont d'autre projet que de mettre en place ces mesures au profit de quelques uns, sans s'occuper des populations.
Tous ces combattants « terroristes » sont pour la plupart des jeunes maliens ou africains qui n’ont trouvé d’autre alternative à la misère que de se mettre au service de ces groupuscules fanatiques ; misère structurelle qui accompagne systématiquement ce modèle économique dominant.
La lecture du conflit malien est souvent simpliste et n’embrasse que rarement les différents enjeux. Aminata Traoré défend l’idée qu’aucune démocratie ne sera possible si elle ne s’accompagne pas d’une alternative économique ancrée dans la culture malienne contemporaine. Elle montre quotidiennement au travers des réalisations du centre Amadou Hampâté Ba, qu’il est possible d’articuler des réponses à la violence politique et à la crise écologique avec une autre vision de l’économie. Elle est aujourd’hui une des seules à dénoncer l’opération Serval au Mali, il est important de pouvoir continuer à l’écouter même si le gouvernement français en a décidé autrement. Accordez-lui ce soutien. Signez la pétition.

Suivez ce lien pour une meilleure compréhension de la situation : http://www.jennar.fr/?p=2959




Appel du Collectif du 1er juin de Marseille


QUARTIERS POPULAIRES : NOUS SOMMES TOUS DES MARSEILLAIS
EGALITE DES DROITS ET DES TRAITEMENTS POUR TOUS ET PARTOUT

« NON A TOUTES LES FORMES DE VIOLENCE : Nous aussi nous aimons nos enfants, et nous sommes fatigués de les accompagner jusqu'à leurs tombes ! »
Nous ne supportons plus d’être montrés du doigt, d’être assimilés à l’image des violences, des mafias et des assassinats qui endeuillent notre ville et nos vies à jamais. Au-delà de l’émotion et  de la douleur, le constat est partagé : la dérive et la banalisation de la violence ne sont que la résultante d’un profond malaise social.

« Egalité des Droits, Egalité de traitement, JUSTICE POUR TOUS et PARTOUT ! »
Nous ne supportons plus les discriminations à notre égard et celui de nos enfants. Nous ne supportons pas les inégalités face à l’école et la formation des jeunes, l’emploi, la maladie et les difficultés de la vie, simplement parce que nous vivons dans des quartiers qui ont été volontairement  abandonnés et qui se sont transformés en ghettos, engloutissant notre confiance et nos combats !

«  Un Avenir pour nos Enfants, MAINTENANT ! »
 Nous ne sommes pas responsables du  chômage, de la pauvreté, de l’échec scolaire, des logements délabrés, des quartiers délaissés, des services publics dépassés, de l’absence de jardins d’enfants, d’équipements sportifs et culturels pour les adolescents, de l’absence de traitement adapté pour lutter contre le chômage et pour la formation des jeunes de nos quartiers ; autant de violences quotidiennes.

                « Nous voulons l’état de Droit même dans nos quartiers populaires! »
Nous refusons toutes les violences qui endeuillent nos quartiers. La République de l’égalité, de la fraternité, de la vraie liberté de vivre en sécurité, a abandonné nos quartiers ; nous demandons un vrai plan d’urgence pour ramener tous les services publics, en concertation avec les habitants, et dès maintenant !

« La Police OUI, pour nous Protéger, pas pour nous Enfermer ! »
Nous ne supportons plus les trafics de drogue sans aucun moyen de prévenir, de résister et de soigner. Nous ne supportons plus que la seule réponse soit le déploiement de forces de police agressives qui déplacent le problème sans jamais le résoudre. Nous voulons une police exemplaire et de proximité.

« Nous sommes des citoyens pas des victimes ni des complices ! » 
NOUS LES FAMILLES, nous voulons parler, nous voulons comprendre, nous voulons des réponses, nous voulons être entendues, nous voulons agir. Nous avons des demandes précises, élaborées en commun avec les acteurs de terrain, et nous voulons les faire entendre pour qu’elles soient mises en œuvre.

Nous sommes des citoyens responsables et nous disons ensemble, « ce n’est plus possible »!

C’est pourquoi nous marcherons le 1° Juin de la gare St Charles à la préfecture. Et nous appelons tous, les marseillaises et les marseillais, qui veulent vivre ensemble dans la paix et la diversité, à nous rejoindre.

RENDEZ-VOUS SAMEDI 1° JUIN à 14H30
AUX ESCALIERS DE LA GARE St CHARLES
Appel des collectifs d’Habitants des quartiers populaires
Pour nous rejoindre, participer, soutenir : <collectif1erjuin@gmail.com>


Les     Amis      de      l’émancipation      Sociale

Sarko nous a fait les poches droites,
Hollande nous fait les poches gauches !

On n’entretenait guère d’illusions… mais, quand même !!!

Il partit pour Bruxelles en promettant de renégocier le Traité Européen « afin de privilégier la croissance et l’emploi »… Il s’agenouilla devant Merkel et revint avec … la règle d’or de l’austérité.

Didier Mingaud, l’homme tant apprécié par Sarko, ami de Hollande, de s’exclamer : « Il faut trouver 33 milliards » en taillant dans les dépenses sociales de santé, de formation professionnelle, des collectivités locales.
Sarko n’avait pas osé !!!

Oubliées les promesses de blocage des loyers, d’imposition des super-riches ! Juste des mesurettes pour appâter les gogos et ne pas faire fuir les pigeons. Pendant ce temps-là, le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, ça continue mais… sous le label de la « modernisation de l’action publique ». Et pour les enseignants, il  lâche un peu de lest sans régler le problème de la décrépitude de l’enseignement public.

Tout pour la compétitivité patronale

22 milliards pour eux ! Il les trouve ! Les entreprises bénéficieront d’un crédit d’impôt équivalent à 6% des cotisations sociales sur les salaires de 1 à 2.5 fois le SMIC. La dette de l’Etat et le trou de la Sécu, on n’a pas fini d’en entendre parler !

Quant aux licencieurs, les Arcelor Mittal, Renault, Peugeot… ils toucheront leur quote-part.

Avec l’accord compétitivité-emploi, Hollande fait encore plus fort ! Sarko et Parisot l’avaient pensé, Hollande le fait, en confiant, tel Ponce Pilate, son élaboration aux directions syndicales dévouées au patronat. Lorsque les patrons se déclareront en difficultés, le droit du travail sera pulvérisé : augmentation du temps de travail et baisse des salaires, mutations hors de l’entreprise et suppressions de postes comme à Renault (8 260 !!!)

Ceinture pour nous et baisse du pouvoir d’achat

7.7 milliards à trouver dans les poches du populo en 2013 : augmentation de la TVA , pas celle de Sarko qui « affaiblit la croissance, accroît le chômage, ampute le pouvoir d’achat ». Non ! la TVA de Hollande avec les mêmes effets qui conduit le pays à la récession, à la réduction du pouvoir d’achat. Et c’est pas fini ! Les retraites seront amputées par l’augmentation de la durée de cotisations et le blocage de leur évolution.   

Garder le cap de l’austérité pour rassurer la finance

Seul cap : baisser le « coût du travail » pour augmenter les profits. Rassurer les « marchés financiers » pour qu’ils n’infligent pas des taux démesurés aux emprunts d’Etat. Leur seul espoir ? Un miracle : que la croissance revienne !                                                             

Cette politique de faveur vis-à-vis du capitalisme financiarisé conduit à l’accélération des licenciements, à la désindustrialisation, à la précarité et au chômage et, mécaniquement, à la baisse des recettes fiscales, à la hausse du déficit et à l’accroissement de l’endettement. Politique de gribouille ! Il n’y a que les super-riches qui s’y retrouveront : eux qui ne paient pas suffisamment d’impôts, ils pourront prêter sans risque à l’Etat… Va-t-on connaître une situation comme en Grèce,  en Espagne ?                                                                                               …/…
Le fiasco des opérations de diversion

Pépère Hollande s’était dit qu’en contentant les bobos, avec le mariage gay, on parlerait d’autre chose et qu’on oublierait les ouvriers jetés sur le carreau ! Gribouille ! Il a réussi à requinquer la droite esquintée par les divisions tout en offrant un boulevard à l’extrême droite.
Et puis, il y a le Ca(s)huzac, cet « excellent » ministre qui taillait si bien dans les dépenses publiques. Ce repiqueur de cheveux, ce rabatteur de crânes chauves, ce conseiller occulte des industries pharmaceutiques, planquait ses biens mal acquis dans les paradis fiscaux. Mieux que Woerth et Sarko qui faisaient les poches de la Bettencourt ?

Vite, opération diversion

Tous les ministres doivent se déculotter pour montrer leur … patrimoine. On oubliera ainsi la chasse aux paradis fiscaux et la mise au pas des banquiers. Gribouille ! On apprend ce que l’on savait déjà : ceux qui sont au gouvernement ne nous ressemblent pas, ne sont pas en capacité de nous représenter, ni de nous comprendre. Ils sont parmi les 10% de la population les plus riches. Le patrimoine des ministres est en moyenne de 941 100 €, à quoi s’ajoutent les 9 940€ de rémunération mensuelle hors avantages en nature. Et Hollande qui veut encore nous convaincre : « J’ai baissé ma rémunération de Président de 30% ! ». Il a seulement oublié d’indiquer que Sarko l’avait augmentée de 114% !

Et nous, dans tout ça ?

Un sentiment que tout se disloque, l’angoisse de tomber dans la misère, la souffrance et les suicides au travail, la désespérance pour les sans-emploi, des colères impuissantes qui, parfois, se retournent contre les plus pauvres, les plus mal lotis, ou les plus bronzés que nous.
Un sentiment de lassitude vis-à-vis des manifs et protestations sans lendemain, de fatalisme face à la fermeture d’avenir pour la majorité des jeunes.

Une certitude, toutefois, qui monte : les deux fractions de la caste politicienne qui alternent au pouvoir ne sont pas la solution mais le problème. Quant aux Marine Le Pen dont les amis ont conseillé Cahuzac, ce sont des affairistes et des racistes de la pire espèce.

Alors, ne plus tout attendre d’en haut, des élections.
L’avenir dépend d’un sursaut populaire. Il commence pour chacun d’entre nous par l’organisation autonome pour la justice sociale.

Il n’y aura pas de solution à cette crise du système capitaliste sans socialisation des banques et des secteurs stratégiques, sans l’annulation des dettes illégitimes, sans reconstruction des services publics sous contrôle des usagers et l’instauration de la démocratie économique et sociale.

C’est au peuple de décider quoi produire et comment produire
 pour satisfaire ses besoins et non à une poignée d’actionnaires !

Pour aller dans ce sens, rejoignez les Amis de l’émancipation Sociale
Participez avec nous à susciter le sursaut populaire ici et maintenant
Notre seule force
 c’est l’arme de la critique face au formatage des esprits
A nous de nous en saisir
Seuls nous ne pouvons rien
Ensemble nous pouvons tout

Les Amis de l’émancipation Sociale – 03 84 30 21 06  amis.emancipation.sociale@gmail.com
http://les-amis-emancipation-sociale.blogspot.fr/                                           le 23 avril 2013 

Amis de l’Emancipation Sociale
Lettre aux adhérents et sympathisants  n° 17 (22 avril 2013)


Notre Assemblée générale se tiendra cette année le  dimanche 26 mai (15h)2013 à Lure. D’ores et déjà, retenez cette date pour y participer. Celles et ceux qui n’ont pas renouvelé leur cotisation ou se sentant concernés, peuvent le faire en renvoyant le bulletin ci-dessous. L’adhésion est encore possible lors de l’AG mais mieux vaut le faire avant.

Les débats seront nourris par les rapports d’activités et d’orientation qui vous seront envoyés afin que vous puissiez fonder votre réflexion et préparer vos interventions et propositions. Après les votes, l’enregistrement des suggestions et l’élection du nouveau Conseil d’Administration (dans une ambiance conviviale que nous préparons), une introduction sur la situation européenne permettra un échange sur l’évolution de la crise que nous connaissons, en partant du soi-disant modèle allemand qui sert de référence aux politiques d’austérité mises en œuvre par la Troïka et les gouvernements ainsi que les contradictions qui, en leur sein, commencent à s’exacerber.

S’agissant du bilan (provisoire) de notre association, certains traits peuvent d’ores et déjà être soulignés.

Notre audience s’est élargie (Montbéliard, Delle, Belfort, Lure, Vesoul…), des groupes d’intervention organisés ont favorisé les succès des dernières conférences débats. Il convient de les consolider, d’autant que la montée (relative) de l’affluence à ces rencontres laisse penser que le besoin de débattre augure d’un frémissement de mobilisation malgré l’apparente apathie ambiante.

Ces succès d’estime ne doivent pas occulter les difficultés rencontrées pour faire surgir une nouvelle militance « autonome ». Toutefois, l’expérience du Hollandisme et l’aggravation de la crise peuvent susciter la volonté d’engagement afin de rompre avec le sentiment d’impuissance qui se conjugue souvent avec le fait d’attendre tout de ceux d’en haut et des partis dits de l’alternance.

Par ailleurs, conformément à notre charte (qui pourra être amendée lors de l’AG), les efforts déployés pour co-organiser des actions avec d’autres associations ou groupes politiques doivent être poursuivis même si nombre d’entre elles, au vu de l’expérience acquise, se mobilisent très peu ou sont, d’ores et déjà, tournées vers les élections à venir. Nous ferons le point à ce sujet.

La séquence qui s’ouvre, compte tenu des scandales politico-financiers et des tentatives de diversion vis-à-vis des problèmes sociaux, pourrait être marquée par la recrudescence des mouvements homophobes et racistes. Nous devrons certainement en tenir compte dans la définition des actions à entreprendre.

En tout état de cause, aider à faire comprendre la réalité du monde en plein bouleversement, dans lequel nous vivons, nous semble toujours la meilleure voie, visant à susciter des volontés d’action pour le transformer. Face à la « lobotomisation » des esprits, à l’apathie des corps, les armes de la critique et de la connaissance réfléchie nous semblent des moyens à notre portée.  

En ce sens, l’initiative de constituer une bibliothèque des AES, accompagnée de la vente de livres que nous assurons, mérite d’être plus largement connue afin d’en faciliter l’accès.

Ceci dit, on ne saurait nier l’importance des mobilisations et des luttes qui sont déterminantes dans la prise de conscience, pour autant qu’elles dépassent les revendications catégorielles ou l’émotion populaire suscitée par des évènements dramatiques. Au demeurant, lorsqu’elles se produisent nous nous devons de les « accompagner » pour en saisir la signification et les populariser, voire les amplifier. Nous l’avons fait lors des guerres en Irak, de l’agression de Gaza ou de mouvements contre les mesures régressives visant les retraites, etc.

La situation qui s’annonce, où récessions et régressions sont susceptibles d’enclencher des mouvements de lutte doit nous interroger sur nos propres capacités à y faire face. Le renforcement de notre association et la détermination de ses membres, si nous voulons être utiles, sont d’autant plus nécessaires.


Gérard Deneux.

Les Amis de l’Emancipation Sociale sont
Rouges de colère
car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme
Verts de rage
contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète
Noirs d’espoir
pour une société de justice sociale et d’égalité que nous voulons multicolore, multiculturelle et solidaire

Pour adhérer

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15€ pour l’année
5€ pour les personnes à faibles ressources
(chèque à l’attention des AES)

A envoyer à :
Odile Mangeot  43 j rue Jean Jaurès  70200 LURE


jeudi 2 mai 2013


Démystifications (1)

Les médias et formations politiques dominantes emploient des expressions destinées à rendre impossible le doute, voire à étouffer toute critique ou contestation. Celles-ci procèdent souvent à une inversion de sens qui, par répétition, ont un effet performatif. Ainsi, dernièrement, l’accord de « sécurisation de l’emploi » n’est en fait qu’une procédure d’acceptation de l’insécurité, sous prétexte d’accroître la rentabilité de l’entreprise afin de regagner des parts de marché sur ses concurrents. Elle occulte la baisse des salaires, l’accroissement du temps de travail et les suppressions de poste qui sont requises pour « sécuriser » un certain nombre d’emplois au détriment d’autres (mutations d’office, licenciements…).

Si le recours à cette novlangue est possible sans répudiation massive, c’est que les conditions de l’hégémonie de la pensée dominante le permettent. Il n’existe pas de contre-discours suffisamment puissant ou de failles dans le discours des gouvernants qui puissent opérer des brèches. La faillite du capitalisme d’Etat à l’Est, ou du « socialisme réel » ainsi que de la social-démocratie y sont pour beaucoup, tout comme l’apparente « mondialisation heureuse » avant la crise de 2007-2008 et les politiques « d’austérité » qui ont suivi.

Ce qui suit voudrait démystifier, à titre d’illustration, certaines expressions passées dans le langage courant qui, rabâchées, sont plus ou moins incorporées dans les consciences car « les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes ». (Karl Marx)


« Le capital humain »

Est employé comme son équivalent plus euphèmisé, la notion de « ressources humaines ». Dans sa mise en discours, cette expression entend faire croire que chacun serait pourvu de « capital humain », la responsabilité des individus, indépendamment de leurs positions sociales, consisterait à le faire prospérer. Chacun serait donc un « entrepreneur de lui-même ». Notons d’abord que « capital humain » est une contradiction dans les termes. Le capital est une accumulation de « travail mort », de marchandises et d’argent. L’humain, au contraire, c’est la force de travail mise en vente sur le marché du travail qui s’oppose et permet l’accumulation du capital.

Cette expression s’est opposée jusqu’à la faire disparaître à celles de « relations humaines » dans les années 1970. Son émergence puis sa prépondérance dans le discours dominant renvoient à la fin des « Trente Glorieuses », à un rapport de forces devenu défavorable au monde du travail et à la suprématie du néo-libéralisme.

Le recours à cette expression consiste
-         à faire croire, à répandre l’illusion que chacun pourrait revaloriser, gérer sa propre personne comme un capitaliste, à devenir un bon produit valorisé dans un monde concurrentiel,
-         à culpabiliser ceux qui galèrent et par conséquent à les persuader qu’ils sont responsables de leurs échecs dans la mesure où la mobilisation de leur capital humain serait insuffisante. Il y a là, évidemment, de la part de ceux qui diffusent un tel discours, un profond cynisme vis-à-vis de ceux qui vivent la précarité, le chômage, la pauvreté. Mais également une part d’instrumentalisation des masses. Que l’on pense à tous les discours qui, dans le même sens, désignent à la vindicte les « assistés »,
-         à occulter les inégalités sociales et, par conséquent, l’appropriation inégale des ressources matérielles, sociales, culturelles et symboliques. Il s’ensuit que les « mécanismes » de l’exploitation capitaliste sont ignorés, voire niés. Le capital produirait par lui-même du capital, cette illusion entretenue s’articule avec l’expression de « coût du travail » et inverse la réalité : lors de la vente de la force de travail, ce « coût » n’est que le salaire à diminuer pour accroitre l’extorsion de la plus value, le surtravail qui n’est pas payé et qui, par son accumulation, se constitue en profit et donc en capital. Dans le même mouvement le « coût » de la « force de travail » renvoie à la marchandisation du « capital » humain sur le marché du travail et donc ce que Marx appelle le fétichisme de la marchandise qui renvoie aux rapports sociaux caractérisant le système capitaliste.   


Dettes publiques

Lorsque les néolibéraux y font référence, ils l’enrobent d’un discours qui lui donne un sens tout en occultant son origine. En effet, si les dettes publiques sont un « gouffre sans fond », « une mauvaise graisse de l’Etat », s’il y aurait « trop de fonctionnaires » et trop de « dépenses d’assistance », la réponse tombe sous le sens : il conviendrait de mettre l’Etat au régime sec…. De même, si « les impôts dissuadent de travailler et d’entreprendre » la solution toute trouvée est de les diminuer. Ainsi seraient résorbées les dettes publiques. CQFD.

La réalité est tout autre. Les dettes publiques résultent de la différence entre recettes et dépenses de l’Etat. Les recettes sont des impôts et des taxes, et les dépenses permettent le fonctionnement de services publics et d’équipements publics. Les routes, le rail, les télécommunications accélèrent la circulation des marchandises et du capital, tout en étant financés par la collectivité. Démanteler les services publics c’set en extraire les secteurs qui, pour le capital, seraient source de rentabilité et donc d’accumulation.

L’endettement public provient fondamentalement de décisions politiques consistant à restreindre les impôts sur les plus riches, sur le capital industriel, commercial et financier. Ce manque de recettes est compensé par le recours à l’emprunt auprès de ceux qui possèdent des revenus excédentaires, c’est-à-dire les catégories les plus fortunées, qui les placent en obligations d’Etat, en capital porteur d’intérêts. Cette rente financière, sous forme de créances publiques, est un à valoir sur le revenu futur de l’ensemble de la société qui se concrétisera (si la « croissance » est au rendez-vous) sous forme d’impôts et taxes. Ce sont les grandes banques, les compagnies d’assurances, les fonds dits d’investissement qui servent d’intermédiaires pour ces catégories les plus aisées, leur permettant ainsi de diversifier leurs placements financiers et d’en réduire les risques. 

L’Etat, déjà investi par les classes dominantes dans les hauteurs de son appareil, devenu client obligé du capital financier est donc mis sous pression, instrumentalisé pour mieux servir les intérêts de cette fraction parasitaire du capital.

Du point de vue des classes ouvrières et populaires, l’extinction des créances publiques ne peut résulter que de l’annulation des dettes publiques tout en excluant les petits porteurs. Un audit de la dette est donc nécessaire. Dans cette optique radicale qui prend les choses à la racine, les banques privées ne se justifient pas, l’expropriation n’est qu’un moyen de recouvrer les impôts que l’on était en droit d’exiger des catégories les plus fortunées, tout en leur faisant grâce des pénalités de retard.

La réforme

L’idéologie dominante, celle qui s’est imposée depuis la fin des années 1970, inverse le sens du mot réforme. Proclamer que « la France est irréformable », « archaïque », « rétive », qu’elle n’accepterait pas le changement et, par conséquent, les « réformes » néolibérales, consiste, sous le masque de la modernité, voire du progrès, à prôner des mesures de régression sociale contraires au contenu initial inscrit dans l’expression réforme.

En effet, originellement, on trouve l’opposition entre réforme et révolution, entre ceux qui entendent imposer la transformation progressive du capitalisme pour en sortir et ceux qui prônent une transformation radicale.

Sous la 3ème République, les premiers socialistes prônent des réformes de structure radicales : la municipalisation des sols vise à éviter la spéculation et à annihiler la rente foncière. L’encadrement du crédit et la nationalisation des grands secteurs industriels et financiers poursuivent le même but, provoquer la sortie du capitalisme.

Avant 1914, un premier glissement de sens s’opère. Pour la social-démocratie, il s’agit de rechercher un compromis entre le capital et le travail, de s’installer dans un système capitaliste à visage humain. La réforme est réduite à la conquête et à la préservation d’acquis sociaux par les travailleurs. Ce « gradualisme » s’oppose à la rupture dont étaient porteuses les réformes de structure. Cette compromission avec le capital conduit à l’union sacrée au cours de la 1ère guerre mondiale et à la rupture de 1920, au congrès de Tours, entre sociaux-démocrates et communistes.

Après la 2ème guerre mondiale, le compromis entre le capital et le travail trouve une nouvelle assise dans le modèle keynésien-fordiste de la reconstruction et le partage du monde en deux blocs. Pour Thorez, il ne s’agit plus de faire la révolution, ou de prôner la rupture, mais « de retrousser ses manches » pour relancer la production capitaliste tout en espérant une redistribution des richesses concédées par le système. Là s’arrête la réforme issue du programme national de la Résistance.

A la fin des années 1970, la classe dominante face à la crise et dans le souci de la surmonter, entend casser le modèle keynésien-fordiste à bout de souffle afin de développer le capital financier permettant de gagner, en dehors de la sphère nationale, des parts de marchés. Ce processus, entamé avec la construction européenne et par les multinationales, va connaître une accélération sans précédent. Briser les protections sociales suppose le recours à l’idéologie pour produire une nouvelle forme de consentement. La réforme prend dès lors un autre sens. Elle consiste, en effet, dans la destruction des acquis du compromis fordiste, dans le démantèlement de la réglementation légale et conventionnelle qui seraient autant d’entraves, de lourdeurs plombant la compétitivité. Autrement dit, la flexibilisation du travail est requise, tout comme le démantèlement du système de protection sociale.

Par l’emploi du mot réforme, il s’agit, en fait, de convaincre les victimes de la régression sociale qu’il s’agit aujourd’hui de consentir à des efforts, des sacrifices qui, demain, permettront le retour de la croissance.  Il s’agit là, sous le couvert de progressisme apparent, d’une entreprise fondamentalement réactionnaire inaugurée par la «contre- révolution » néoconservatrice de Reagan et Thatcher, impulsée dès 1983 par Mitterrand. La gauche social-démocrate convertie au néo-libéralisme (Blair, Schroeder) va participer à ce marché de dupes et nier son réformisme antérieur.

Cette gauche de droite ne peut que s’aliéner le monde salarial qui constitue sa base électorale. La crise s’approfondissant laisse augurer d’un retour de la lutte des classes, de l’émergence de revendications porteuses de réformes de structure, voire d’un nouveau projet révolutionnaire.


L’égalité des chances

Alors même que les inégalités explosent, le discours dominant consiste en une charge contre « l’égalitarisme » conduisant au totalitarisme pour mieux faire accepter l’ordre social réellement existant. Il se conjugue avec la diffusion de la croyance à « l’égalité des chances » que le système permettrait à tout un chacun.

« L’égalitarisme » conduirait à l’uniformité et à la négation de la différence des talents. Ce « nivellement par le bas » serait, non seulement stérilisant, mais inefficace. En effet, contraire à l’émulation des individus, il démotiverait et briserait, par conséquent, l’esprit d’entreprise. Par le recours à ce terme  (l’égalitarisme), il s’agit de confondre l’égalité avec l’identité, à faire croire que l’égalité de condition conduit à l’uniformité (tous pareils) et à occulter par là-même les inégalités sociales et de pouvoir, sous prétexte d’efficacité économique ; c’est la guerre de tous contre tous qui est prônée. Cette inégalité, ressort de la concurrence d’où surgiraient les meilleurs, occulte les pesanteurs de la hiérarchie bureaucratique et le despotisme d’usine qui aliènent l’autonomie des sujets. Cette oppression pour ceux qui la subissent, comme l’actualité ne manque pas de la faire sourdre, peut conduire à une perte de sens, à une vie sans issue et au désespoir individuel d’autant que « l’ascenseur social » (je progresse et mes enfants vivront mieux que leurs parents), induit par le modèle keynésien fordiste, disparaît de l’horizon générationnel.

Pour compenser cette réalité confondante, cette explosion des inégalités réelles, la pensée dominante a recours à une autre locution : « l’égalité des chances ». Egaux formellement, nous aurions les mêmes chances d’accéder dans le haut de la hiérarchie sociale par le recours à l’école qui distinguerait les meilleurs. Bien que l’on sache, depuis Bourdieu, que l’école ne fait que reproduire les inégalités sociales, le recours à l’expression « égalité des chances » consiste à entretenir l’illusion que chacun, quelle que soit sa position sociale, peut accéder aux meilleurs places dans la société, les exceptions confirmant la règle. Il s’agit, de fait, de cautionner la hiérarchie sociale et la concurrence qui la régulent. L’inégalité aussi profonde soit-elle serait donc un fait de nature, une essence de la condition humaine que l’on ne pourrait modifier. Les individus, quelle que soit leur position de départ, pourraient tenter individuellement contre tous les autres leurs chances. L’égalité dans cette acception devient une question de chances, se confond avec la roue de la fortune, le destin, le hasard. Cette vision est la négation de l’action solidaire et collective, visant à réduire les inégalités.  

En fait, là où il y a égalité, il n’y a pas besoin de chance. Elle réduit les possibilités de domination et d’oppression en favorisant la coopération d’égal à égal. Les possibilités d’action en sont décuplées : parler, agir d’égal à égal, c’est exercer sa liberté, les conditions matérielles n’étant plus un frein, la créativité, le développement des personnalités dans leur singularité pourraient se déployer dans de bien meilleures conditions. Reste qu’il ne peut y avoir d’égalité réelle sans remise en cause de la propriété des moyens de production et de l’accumulation des moyens monétaires. La République égalitaire ou sociale ne peut coexister avec les privilèges de l’appropriation des moyens de domination réservés à une classe, une caste, qu’elle soit privée ou étatique.


Liberté, libéralisme, libéralisation.

Confondre la liberté et le libéralisme, le libéralisme politique et le libéralisme économique est propre au système capitaliste. La liberté politique serait fondée sur l’existence de plusieurs partis concurrents sans que l’on s’interroge sur le contenu de leurs programmes et sur la place dévolue aux travailleurs dans le système parlementaire d’alternance. Quant à la liberté économique, elle renverrait également à la libre concurrence, sans que l’on s’interroge sur la place prédominante, voire écrasante, des grands groupes cotés au CAC 40, sur leurs sous-traitants, les petits commerçants et artisans. Dans le contexte de la mondialisation financière, le discours dominant s’est emparé de la notion de libéralisation pour faire le procès de l’Etat keynésien, pour réduire ses capacités interventionnistes et contraignantes.

L’Etat serait inefficace en se mêlant d’économie. Il s’agit donc de rendre, dans cette perspective, la liberté aux entreprises. La liberté des échanges sans entraves, sans taxes douanières, serait la garantie de la baisse des prix et de l’accès pour tous à la consommation. Tout le monde y gagnerait. Inversement, le protectionnisme, ce serait la pénurie voire le goulag.

Derrière cette charge idéologique, ce qui est visé, c’est le compromis qui s’est tissé après la 2ème guerre mondiale entre le capital et le travail qui était censé garantir la reconstruction, le plein emploi, la hausse du niveau de vie et la baisse tendancielle du temps de travail, permises par le développement de la productivité, l’intensification du travail sous forme de taylorisation généralisée, la prolétarisation des paysans et le recours massif à l’immigration. Ce compromis possédait plusieurs caractéristiques qui sont désormais remises en cause, à savoir
-         l’Etat interventionniste qui a permis une socialisation accrue des conditions générales de la production capitaliste
-         la politique d’encadrement du crédit, de création monétaire, de régulation du taux de change visant à juguler dans la perspective keynésienne l’expansion du capitalisme financier.
-         l’encadrement de la concurrence par des monopoles d’Etat et une volonté de planification de l’essor industriel.

Ce modèle, vite contrecarré par le marché commun européen, répondait à une configuration historique particulière, l’existence d’un système hiérarchisé d’Etats sous domination états-unienne à l’ouest, et à l’est, sous domination du système dit soviétique. C’est ce cadre qui s’est effrité puis à éclaté à la fin des années 1970 sous les effets conjugués de la crise de surproduction et de l’effondrement des pays de l’Est.

Dans le périmètre des Etats-nations, à l’ouest, les marchés de renouvellement sont saturés et l’insuffisance des salaires (tout comme les conditions de travail des OS) ne permettent plus d’absorber les marchandises produites. Pour contrecarrer cette crise de surproduction ainsi que la baisse tendancielle du taux de profit et le restaurer, les pays capitalistes se lancent à la conquête de  nouveaux marchés, là où la force de travail à bas coût permet l’extraction d’un surplus de plus value. Cette extension-mondialisation nécessite le recours massif à des capitaux ; la déréglementation financière et la domination du capital financier qui s’en suivent vont le permettre. Dans le même mouvement, le système de protection sociale est progressivement démantelé tout en rencontrant de fortes résistances. 

Bien que les deux phénomènes soient liés, il y a lieu de distinguer la « libéralisation » interne de l’externe pour en saisir les spécificités.

La « libéralisation » interne se caractérise par l’abandon de la souveraineté monétaire au profit des banques privées. Décision politique fut prise d’obliger les Etats à ne plus emprunter auprès de leur banque nationale mais auprès des marchés, donc, pour l’essentiel, les banques privées. Au niveau européen, la Banque Centrale Européenne « indépendante » des pouvoirs politiques est devenue le prêteur des banques privées, favorisant ainsi, au détriment des Etats, le capital financier détenu dans les institutions financières privées (banques, assurances, fonds d’investissement). Dans le même esprit, la BCE et les institutions européennes, en accord avec les gouvernements, ont institué une politique anti-inflationniste favorisant la rente financière qui, en définitive, n’est qu’un prélèvement sur la richesse produite.

Quant à la privatisation des services publics ou leur démantèlement, en délimitant les secteurs rentables, ouvraient à la fois de nouvelles opportunités de valorisation du capital dans des secteurs lui échappant tout en rassurant par la vente de ces actifs, aux créanciers de l’Etat qu’ils seraient effectivement remboursés malgré l’importance des emprunts souscrits.

Cette « libéralisation », notion à multiples sens, s’est ensuite attaquée au salaire socialisé (les retraites, les prestations sociales), tout en précarisant le travail (recours à l’intérim, aux CDD). Ce qui est visé c’est la baisse de la masse salariale et, consécutivement, la déréglementation du droit du travail, qu’elle soit légale ou conventionnelle. La restauration des marges de profitabilité qui en résultent se doit dans la même foulée de restreindre les capacités de riposte des travailleurs. En ce sens, la substitution de la négociation collective par branche à la négociation par entreprise, voire l’individualisation du rapport salarial, prétend enrayer toute mobilisation collective d’ampleur. Toutes ces mesures, indépendamment des conséquences désastreuses pour les travailleurs, impulsent une concurrence exacerbée entre les travailleurs eux-mêmes, mais également entre les entreprises, et on a assisté à des concentrations-éliminations gigantesques qui, sous le terme de « fusions-acquisitions » nécessitaient de lever des capitaux considérables.

La « libéralisation » externe. Elle est toujours en cours et menée par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) même si elle rencontre désormais, du fait de la crise, du surgissement des pays émergents et du déclin relatif des Etats-Unis, des difficultés réelles. Lors des accords de Marrakech en 1995, il s’agissait d’abaisser les barrières douanières afin de permettre aux transnationales, délocalisant dans les pays à bas salaires, de vendre dans les pays centraux leurs marchandises sans être ponctionnés. Inversement, les profits nationaux pouvaient, dans la même optique, être réinvestis à l’étranger. L’Accord Général du Commerce et des Services allait dans le même sens et concernait les produits immatériels. Quant à la libéralisation du capital, elle a donné lieu à des « innovations » financières favorisant l’envolée de la spéculation et donc l’accroissement de la rente financière et, au cours des crises, à une concentration bancaire sans précédent. Les pays du sud de l’Europe, au bord du gouffre (Espagne, Grèce…) voient leur système bancaire restructuré sous la houlette de la Troïka.

Quelles en sont aujourd’hui les conséquences ?

Indépendamment des effets de la crise de 2007-2008 qui nécessiteraient des développements particuliers (2), on a assisté à une modification de l’appareil productif, concentré jusque dans les années 1970 dans les pays capitalistes centraux. Les délocalisations  sont des transferts de pans entiers de secteurs industriels qui ont favorisé le procès de production dans les formations périphériques puis les capitalismes nationaux dans les pays dits émergents (Chine, Inde, Brésil). Il s’en est suivi une prolétarisation au niveau mondial qui se poursuit et qui touche également les Etats centraux, sous la forme des externalisations. Les grandes usines, quand elles ne fermaient pas, furent restructurées, délestées des tâches et services qui ne constituaient pas le « cœur de métier » de leur production. Se sont développées les usines de sous-traitance ou les phénomènes de filialisation dans le but inavoué de se débarrasser des travailleurs en les confiant à des entreprises où les conventions collectives sont inexistantes. Globalement, l’exploitation du travail en est sortie renforcée d’autant que délocalisations et externalisations se conjuguaient avec chômage et précarisation du travail, créant une pression à la baisse des salaires.

Les décisions politiques favorisant les transnationales et le capital financier, interdisant toute intervention de l’Etat sur le développement économique, les Etats et les politiques se trouvent bien démunis pour rendre attractifs leurs territoires nationaux. Il ne leur reste que la course au moins-disant social, fiscal et écologique qui les livre à la merci d’institutions mondiales au service du capitalisme financiarisé.

C’est le rôle que jouent, sous l’appellation de « gouvernance mondiale » le FMI, la Banque Mondiale, la BCE et les rencontres des gouvernements (G8, G20) dont l’objectif, peu ou prou, compte tenu des contradictions qui s’exacerbent entre pays dominants, consiste à accroître la mise en concurrence mondiale des travailleurs.

Si le libéralisme économique classique (qu’il ne faut pas confondre avec le libéralisme politique, liberté concurrentielle des partis et des opinions) a permis de démanteler les structures précapitalistes (artisans, petits paysans), le néolibéralisme entend démanteler les structures mises en place dans le cadre du compromis fordiste dont la parenthèse ouverte après guerre s’est refermée. Pour reprendre la formule de Michel Husson, nous sommes revenus au « pur capitalisme » (titre de son livre paru aux éditions Page 2).

Gérard Deneux, le 30.04.2013

(1)  Il s’agit d’une reprise de notes prises dans le cadre de la préparation du débat initié par l’assemblée citoyenne de Lure/Ronchamp/Champagney. Pour l’essentiel, elles sont issues de la lecture de l’ouvrage d’Alain Bihr « La novlangue néolibérale » éditions Page Deux
(2)  Voir en particulier les articles sur la crise parus sur le blog des Amis de l’Emancipation Sociale http://les-amis-emancipation-sociale.blogspot.fr/ ou dans la revue A Contre Courant http://www.acontrecourant.org