Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


jeudi 21 décembre 2023

 

Action contre l’industrie du béton

 

Le Comité local des Soulèvements de la terre et Extinction Rébellion Belfort/Montbéliard, ont relayé l’appel national et appelé à mobilisation le 9 décembre 2023 contre Lafarge et l’industrie du béton. Un rassemblement a eu lieu devant la mairie d’Héricourt (Haute-Saône) pour dénoncer la politique dévastatrice d’artificialisation des sols au service d’intérêts économiques de quelques-uns, du projet, contesté, de création d’une zone d’activités économiques à Héricourt où des terres sont menacées. Ci-dessous, l’intervention du Comité SdlT.

 

Face au refus du pouvoir politique à véritablement prendre le virage de la bifurcation écologique, alors que tous les jours la crise environnementale s'intensifie, que le déclin de la biodiversité s'accentue, plusieurs de nos camarades, conscients qu'aucune solution ne viendra d'en haut, ont décidé d'agir.

 

Le 10 décembre de l'année dernière, ils ont investi durant 15 mn le site de la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air à côté de Marseille, l'un des 50 sites les plus polluants du pays. En signe de protestation, quelques dégradations ont été commises, accompagnées de tags et banderoles. Ce qui leur  aura valu de s'attirer les foudres du pouvoir.

 

Les 05 et 20 juin derniers, 2 vagues d'arrestations complètement arbitraires ont eu lieu. 31 personnes ont fait l'objet de perquisitions à leur domicile, pour ensuite être arrêtées et placées en garde à vue, pour  certaines, jusqu'à 96h. Toutes seront relâchées sans mise en examen, et pour cause, rien ne justifiait ces arrestations. Aujourd'hui le simple fait de côtoyer, de près ou de loin, des mouvements écologistes, peut suffire à ce que les forces de l'ordre pénètrent chez vous, retournent votre domicile, utilisent la force contre vous pour ensuite vous priver de liberté pendant 4 jours.

 

Depuis, 2 personnes ont été arrêtées et mises en examen, avec, contre elles, des charges retenues qui relèvent de l'hérésie. L'une d'entre elles est photojournaliste, et bénéficie du droit, en tant que journaliste, à couvrir les évènements. Mais pour le pouvoir ça ne compte pas. Tous les moyens quels qu'ils soient sont bons pour exercer des pressions et réprimer les mouvements écologistes. Le 29 novembre 3 nouvelles personnes se  sont fait arrêter puis placer en garde à vue.

Et pour couronner le tout ! Ce sont les services antiterroristes de l'Etat que le pouvoir a missionnés pour traquer, réprimer des personnes armées de pinces et de banderoles. C'est la puissance publique qui s'abat sur  les mouvements écologistes.

 

Tout cela participe du processus de criminalisation d'un pouvoir qui nous assimile à des terroristes, et qui par la démesure des méthodes employées, démontre le soutien zélé qu'il apporte à une entreprise qui, elle, pourtant, a financé le terrorisme.

 

Les mobilisations de ce week-end, date anniversaire, sont un soutien et un signe de solidarité envers toutes les personnes engagées ce jour-là. Elles sont aussi la démonstration que nous n'en resterons pas là, que nous continuerons la lutte contre Lafarge, le monde du béton et tous ceux qui y participent.

 

Nous ne croulerons pas sous le béton !

 

Lafarge, c'est le financement terroriste en Syrie.

 

Durant 2 ans, en 2013 et 2014, en pleine guerre syrienne, l'entreprise a financé des groupes d'Al-Qaïda et de Daesh. Tout, sauf arrêter la production ! En 2016, 9 des principaux responsables du groupe et du site syrien, ont fait état, lors d’une audition, de la position stratégique dont bénéficiait la multinationale au Moyen-Orient, et des profits juteux qu'elle pouvait tirer de la reconstruction du pays.

Après avoir plaidé coupable en octobre 2022 aux États-Unis, elle est toujours poursuivie en France, pour « financement du terrorisme », « crime contre l'humanité » et « mise en danger de la vie d’autrui ».

 

Parce qu'on ne se refait pas, cet événement nous rappelle le passé déjà peu glorieux de l'entreprise. Durant la seconde guerre mondiale, quand son dirigeant participait au gouvernement de Vichy, l'entreprise Lafarge, elle, collaborait avec le régime nazi et a largement œuvré à la construction du  mur de l'Atlantique.

 

Lafarge criminel ! Lafarge profiteur de guerre !

 

Lafarge c'est le profit d'abord !

 

A Bouc-Bel-Air, les fumées de l'usine rejettent, entre autres, des particules fines de dioxyde de soufre au-dessus des normes autorisées. Elles sont extrêmement polluantes pour l'environnement, et provoquent de graves troubles respiratoires et irritations oculaires pour la population avoisinante.

 

Mais une fois de plus l'environnement et les populations ne sont que des détails qui ne comptent pas pour l'entreprise, qui une fois de plus bénéficie du soutien de l’Etat par ses dérogations préfectorales, et peut, en toute impunité, continuer à polluer sans ne rien changer aux pratiques qu'elle utilise pour produire. Aujourd'hui elle peut donc continuer à brûler des pneus et tant pis pour l’environnement et les riverains ! À Paris ce sont des boues de ciment, de plastique, tous types de résidus issus de la production, qui sont déversés dans la Seine.

 

Partout elle nuit

 

À Borroso au Brésil, c’est toute la ville qui est régulièrement recouverte de ses poussières toxiques.

Au Cameroun, alors qu'elle brûle tous types de combustibles pour alimenter ses fours, les cheminées ne       sont même pas filtrées.

En Inde, elle dépossède les habitants de leurs terres pour ses carrières.

 Partout les gens se soulèvent

En France, au Cameroun, en Serbie, au Brésil

En Suisse, durant 6 mois, des militants ont occupé des terres vouées à l'agrandissement d'une de ses  carrières.

Partout les gens se lèvent contre Lafarge et le monde du béton.

Partout les gens se lèvent contre un secteur qui, dans tout son processus de production, détruit, pollue et participe à aggraver la crise environnementale.

 

D’abord la matière première. Le béton est le premier consommateur de sable au monde, la ressource la plus exploitée juste après l'eau. Ce sont des carrières immenses aux 4 coins du globe, c’est une extraction marine démesurée, détruisant la biodiversité partout, sur terre comme dans les mers.

 

Ensuite sa fabrication, le béton à lui seul pèse pour 8% des émissions de CO2 mondiales. Si le béton était un pays, il serait le 3ème plus gros émetteur de CO2 au monde après la Chine et les États-Unis.

 

Et pour finir, son usage

Entre un secteur industriel qui a tout intérêt à nous noyer sous le béton et des pouvoirs publics, enferrés dans un système qui nous mène droit dans le mur, c'est l'artificialisation qui gagne du terrain.

 

En France l'artificialisation des sols croît 4 fois plus vite que la population. Elle est la 2ème cause du déclin de la biodiversité. C'est plus de 30 000 ha qui coulent sous le béton chaque année. C'est autant d'espaces de prairies, de forêts, de zones humides indispensables aux écosystèmes qui disparaissent.

C’est autant d'espaces qui ne contribueront plus à lutter contre le réchauffement climatique, qui ne participeront plus à l'absorption du CO2 et à son stockage.

Ce sont les cycles de l’eau qui en sont bouleversés, les nappes phréatiques qui en pâtissent, les inondations qui se multiplient,  les sols qui sont rendus stériles.

En 30 ans, ce sont plus de 7% des terres agricoles englouties sous le béton.

 

À l'heure les sécheresses s'intensifient et se multiplient, que l’eau se raréfie, que les rendements agricoles sont en chute libre partout dans le monde, continuer dans cette direction, c’est ne rien comprendre aux enjeux vitaux que rencontre notre époque. Un véritable suicide !

 

C'est pourquoi nous affirmons qu'avant de nous illusionner avec de la poudre de perlimpinpin, en nous vendant une pseudo-planification écologique, il faudrait d’abord commencer par déplanifier.

Aujourd'hui ce sont des centaines de projets écocidaires que les pouvoirs publics continuent de financer, d’autoriser, de soutenir, en totale contradiction avec les objectifs environnementaux de la France

 

Ce sont plus de 80 projets de routes et autoroutes alors que nous savons que la question de la mobilité ne pourra se  résoudre que par le transport en commun.

Ce sont 16 projets d'aéroport ou d’extension d'aéroport, alors que nous savons qu'il faut réduire drastiquement le secteur aérien.

Ce sont des centaines de projets de zones commerciales, logistiques et industrielles qui partout se propagent.

 

Penser qu’il est possible de continuer à croître économiquement en artificialisant les sols est irresponsable. Venant de « nos » élus, cette irresponsabilité est coupable.

 

La terre doit redevenir un commun, la décision de son usage doit appartenir à tous et non à une petite poignée d’élus.

C'est pourquoi nous apportons tout notre soutien et notre solidarité aux personnes mobilisées dans le pays d’Héricourt contre tous ces projets éco-suicidaires d’aménagement du territoire, qui en plus d’être destructeurs, nous enferment dans un modèle qu’il est indispensable de dépasser.

 

Parce que ce n’est que par la mobilisation que nous pourrons changer les choses,

Parce que d’autres manières de construire et d’habiter le monde sont possibles,

 

Soulevons-nous contre les bétonneurs !



 

 

mardi 12 décembre 2023

 

Jupi t’es (plus) rien

(Editorial de PES n° 98 – nov/déc. 2023)

Il essaie encore d’exister sur le plan international et d’éviter, sur le plan intérieur, le piège du 49-3, tout en maintenant à distance le rejet populaire (75 % de la population) dont il fait l’objet, après l’amputation de 2 ans de pension qu’il nous a imposée.

En effet, il a réussi l’exploit, après Hollande, d’éjecter la France de l’Afrique de l’ouest, et ce, au moins dans trois pays  (Burkina Faso, Mali, Niger). Il a cru se refaire une santé en se précipitant derrière le tuteur américain pour soutenir l’extrême droite israélienne dans sa guerre contre les Gazaouis. Il a surtout montré la puissance de son impuissance. Ses propositions de grande alliance contre le Hamas étant de fait rejetées, il a ensuite virevolté entre un humanitarisme bon teint, suggérant que Netanyahou pouvait, bien entendu, pour se défendre, bombarder, massacrer et détruire en masse les habitations les écoles, les hôpitaux… tout en « s’efforçant de ne pas cibler les civils ». Puis, nouveaux  zigzags, se contredisant et prônant désormais (tièdement) le cessez-le-feu. De même, il s’est fendu d’une petite visite écourtée à la COP28 pour promouvoir l’industrie nucléaire après s’être assuré des approvisionnements en uranium et en pétrole auprès du Kazakhstan, accompagné de toute  une cohorte d’industriels, comme EDF, Eiffage, TotalEnergies…

Au plan national, c’est plutôt ju-piteux, l’arrogant doit en effet en rabattre ; bientôt le département français Mayotte sera le symbole d’une France qui, sous certains aspects, rejoint le Quart Monde. Il n’est peut-être pas le seul en cause si l’on considère que gérer c’est prévoir, mais quand même ! Les canalisations d’eau sont pourries. Le ramassage des poubelles n’est pas organisé, l’usine de dessalement n’est toujours pas en fonction et pour satisfaire les besoins en eau, il n’a pas trouvé mieux, avec sa clique gouvernementale que d’acheminer des bouteilles en plastique qui, désormais, couvrent les plages de Mayotte. Et il n’y a toujours pas de déchetterie.

Alors, Macron immobile ? Pour éviter le 49,3 ? Pas tout à fait. Il reste en effet, malgré son illégitimité, le chef d’orchestre des désastres à venir : la profondeur des inégalités ne cesse de s’accroître, les nationalistes identitaires concurrencent les néofascistes, la restriction des libertés rend le climat des plus moroses sur fond de pourrissement de la parole publique. Alors Macron encore 4 ans ? Un sénateur centriste en arrive à dire : « cela ne peut pas durer ».

Reste le pas de deux avec Ciotti, et Darmanin battant la mesure entre aide médicale d’Etat et aide médicale d’urgence pour désigner à la vindicte publique les migrants qui viendraient dans notre « beau » pays uniquement pour se faire soigner au frais du contribuable français ! Cacophonie : les médecins invoquent le serment d’Hippocrate et les risques d’épidémie si l’on ne soigne les exilés et autres sans papiers que s’ils sont déjà très malades, provoquant de fait, des surcoûts  hospitaliers.

Alors on passe  à la valse  à 3 temps afin de contourner le parlement et rallier les LR récalcitrants. La musique change. Le référendum est évoqué, flop ! Tout comme l’IVG dans la Constitution et le Conseil National de la Refondation,  flop, flop et toutes les conventions citoyennes du même topo, y compris les convocations partenariales avec les partis politiques, dès la deuxième danse, c’est encore flop. Pour s’y rendre, « le méprisant de la République »* ne trouva à ses pieds que le RN, EELV et le PC « très radical » ( !) Pitoyable, cette valse à 3 temps qui tente de rameuter le RN en lui déroulant le tapis brun pour une valse à 4 temps. Sur fond de pauvreté galopante, d’inégalités, d’inflation et de plus de 3 000 enfants à la rue, la danse se transforme en agitation désordonnée.

Et dans le camp dit de gauche ça ne va pas mieux. Le cadet-Roussel ne sait plus où habiter, lui qui a trois maisons à sa disposition, la première, la sienne, qui rétrécit, la deuxième, encombrée de toute la Nupes qui se déchire, la troisième, sans la rebelle LFI décidée à faire barrage à une politique dite de gouvernement néolibérale et voulant promouvoir, pour le moins, une orientation altermondialiste.

Alors, peut-on faire advenir l’improbable, autrement dit éviter la pente glissante qui  conduit à nous imposer des aventuriers rétrogrades comme c’est le cas dans le monde actuel. Après Berlusconi, Trump et Bolsonaro on en est à assister au défilé des figures de malheur, Meloni, Orban et Milaï l’argentin qui fit campagne, tronçonneuse à la main. En France, au-delà de la figure de Le Pen, il s’agit de nous habituer  aux déambulations au pas de l’oie des milices fascistes à Lyon et à leurs exactions à Romans-sur-Isère. Ainsi, il apparaîtrait qu’il vaut mieux, dans ce cas, choisir un RN « normalisé » avec la droite extrême des LR, bref, à une configuration proche de celle de la « démocratie ( !) israélienne ».

La fin de règne de Macron, lui, le fondé de pouvoir de l’oligarchie mise en place par les donateurs, les sondeurs et les médias manipulateurs, risque d’être difficile. Pourtant, dans ce gouvernement, comme le révèle Monique Pinçon-Charlot, outre Elisabeth Borne il y a quand même 18 millionnaires. Ne maîtrisant plus rien ou pas grand-chose, Macron devient le renfrogné de service, il en arrive à dire, désabusé, « Je ferai tout ce que je peux jusqu’en 2027 ». Il prie pour cela à la fête juive installée à l’Elysée dans la République laïque et à Notre-Dame de Paris…

GD, le 8 décembre 2023

·       livre de Monique Pinçon-Charlot (éditions Textuel), septembre 2023

 

 

 

 

 

 

le poème de Pedro

 

où étiez-vous

cette nuit où la lune refusa de paraître

pour ne pas voir le sang qui coulait

 

où étiez-vous

cette aube où les portes cédèrent

frappées par les mensonges de la vérité officielle

 

où étiez-vous ce matin où le regard des enfants se figea

sur des absences à jamais incomprises

 

où étiez-vous ce tantôt où le gris des fumées insensées s’éleva

annonçant l’arrivée du néant programmé

 

où étiez-vous

ce soir où les cris s’engouffrèrent dissonants

dans les rues muettes de peur

 

où étiez-vous

ce jour où tout bascula

en dedans et en dehors

 

où étiez-vous

où étions-nous

 

 

Pedro Vianna

8.XII.2015, Indocilités

http://poesiepourtous.free.fr